criTiQue 0045 : la messe est dite

 





Salutations,


Les raisons sont souvent un peu prosaïques, mais Il y a des gens comme ça qui vous énervent.
Prenez Mike Flanagan.
Perso, un type qui a assez de temps, d’inspiration et de talent pour écrire, réaliser, produire et éditer 3 séries en 3 ans (+ 2 films) ; je sais pas pour vous, mais pour moi qui ai à peine le temps de maintenir un blog, ça me prend carrément à rebrousse-poil !
 
Maintenant que j’ai terminé de vous forcer à être témoin de mon courroux somme toute injustifié, nous pouvons commencer :
 
Je disais donc que notre homme revient chaque année... Un peu comme le Beaujolais... Et son cru 2021 se nomme « Midnight mass ».
Et comme la vinasse que tout le monde aime détester (ou que tout le monde déteste aimer, c’est selon) on retrouve souvent les mêmes associations dans les créations de Mr Flanagan : une maison ‘hantée’, une famille avec des démons (souvent littéralement) et tout un tas de ‘jump scares’.
Comme de juste, la famille avec ses démons (j’ignore à ce moment si je dois l’utiliser littéralement) est encore de la partie cette année, néanmoins, c’est carrément tout un village qui semble être ‘hanté’ !
Bon, autant arrêter les frais : je ne vais pas pouvoir garder cette atmosphère de dédain plus longtemps...
La raison ? Ça ne serait tout simplement pas chrétien de ma part (et ceux qui me connaisse savent à quel point je m’efforce de refléter les valeurs de la chrétienté) de ne pas rendre justice au travail du showrunner qui a réussi ce que peu réussissent : trouver un équilibre parfait entre l’intime et l’épouvante.
Pour être tout à fait de bon compte, Flanagan essaie toujours de le faire, mais son succès est ici, à mon sens, total.
Comment a-t-il réussi ce miracle ?
C’est simple : il laisse ses personnages vivre leur vie !
Et là, vous vous dites certainement : « cette fois, c’est sûr, il a craqué son slip ! »
Laissez-moi vous rassurer, mon slip va bien ! 
Ce que je veux dire par là, c’est qu’on n’a, à aucun moment, l’impression que notre scénariste/réalisateur/éditeur/producteur (ou ‘SREP’) suit un cahier des charges.
Vous l’aurez remarqué (ou pas), c’est une expression que j’utilise quelques fois parce que je la trouve particulièrement adéquate pour une série : une histoire que doit se distiller dans un nombre donné d’étapes... Il faut vraiment avoir un plan à la ‘Hannibal Smith’ pour que ça marche ! MAIS (parce qu’il y a bien sûr un ‘mais’) la vraie magie, c’est quand on ne voit pas le truc, c’est quand les fils sont invisibles ; autrement dit, quand on ne voit pas trop facilement où les scénaristes cherchent à nous emmener scène après scène.
Voilà ce que le ‘SREP’ nous offre : un tour de magie, ni plus ni moins, Jean-Pierre !
Je sens que c’est toujours pas clair pour vous alors je vais arrêter mes âneries 3 minutes pour vous expliquer clairement.
Au lieu de sans cesse placer ses personnages en position pour recevoir leur dose de frayeur dans une surenchère vide d’émotions, le ‘SREP’ nous propose d’abord et avant tout l’exploration d’une petite communauté (127 habitants) vivant sur une petite île et en particulier d’une famille, les Flynn.
La série s’ouvre alors que l’ainé, Riley, provoque un accident en état d’ébriété. Il est condamné à 4 ans de prison et n’a d’autre choix en sortant que de revenir sur l’île où vivent encore son père pêcheur, sa mère et son jeune frère.
Vous n’allez quand même pas venir me dire que tout ça à l’air terrifiant !?
Non, et vous aurez raison !
 
Noah Hawley, le génial créateur de ‘Legion’, l’expliquait de manière limpide en parlant de la série qu’il est en train d’écrire avec, pour cadre, les ‘Alien’ de Ridley Scott :
« Enlevons l’alien de la série. De quoi parle la série ? Quels sont les thèmes, qui sont les personnages et quelle est l’aventure humaine ? Ensuite, on ramène les extraterrestres et on se dit : ‘C’est génial. Non seulement, il y a un grand drame humain, mais il y a aussi des extraterrestres !’ »

Flanagan s’est donc posé la bonne question : si on enlève l’horreur d’une histoire d’horreur...Que reste-t-il ?
Et en réponse, il a élaboré une narration qui se dessine à travers les pathos familiaux et relationnels d’un bled où tout le monde connaît tout le monde pour mieux y introduire un mystérieux prêtre dont l’arrivée (et les phénomènes inexplicables qui suivent) bouleverse la vie de cette communauté dévote.
Servie dans cet écrin, l’épouvante prend un relief particulier ; elle se met au service d’une histoire où la surprise vient des émotions qui sont distillées au détour de scènes qui paraissent d’abord banales avant de se révéler d’une délicatesse aussi subtile que bouleversante.
Un peu à la manière dont le faisait Damon Lindelof dans ‘Leftovers’ (qui, coïncidence, baignait également dans un climat religieux), et comme je le disais lourdement un peu plus haut, le ‘SREP’ semble se contenter de laisser ses personnages respirer, leur autorisant ainsi des moments d’épiphanie presque écrasant de justesse... Mais l’angoisse n’est pourtant jamais loin, elle monte lentement dans un crescendo destiné à se terminer en apothéose...
 
Particulièrement pour cette série, je ne vais pas déroger à ma coutume et parler un peu du cast :
Flanagan rassemble certains de ses habitués et ils sont admirablement bien utilisés ! 
Kate Siegel (son épouse dans le civil) est bien entendu présente et compose un personnage qui, comme d’habitude, est tout en nuances ; alors que Henry Thomas (éternel ‘Elliot’ dans ‘ET’) est tout simplement méconnaissable en père désabusé par l’homicide involontaire commis par son fils.
Les fans de la dernière heure de ‘X-Files’ reconnaitront également Annabeth Gish tandis que ceux de ‘Battlestar Galactica’ pourront se réjouir de retrouver Michael Trucco dans le rôle du maire affable de cette petite ville.
Je pourrais en citer d’autres tant le casting fait un job impeccable (notamment Rahul Kohli et Samantha Sloyan...sans oublier la délicieuse Carla Gugino) mais je vais me concentrer sur les deux ‘MVP’ de la série :
Zach Gilford tout d’abord, particulièrement touchant dans le rôle du paria de retour de prison et Hamish Linklater (déjà excellent dans la série susmentionnée ‘Legion’) tout simplement magnétique dans le rôle d’un prêtre mystique.
 
Décidément, cette fin 2021 me réserve de bien belles surprises et c’est donc de ma quatrième série coup de cœur de cette automne de critique que je viens de vous parler !(les autres étant, je le rappelle: 'Heels', 'Brand new cherry flavor' et 'The wheel of time'
Un équilibre parfait entre émotion et mystère servi par des acteurs impeccables...N’en jetez plus, la messe est dite !


En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0044 : la roue tourne







Salutations,


On peut dire ce qu’on veut sur ‘Game of Thrones’, mais on ne pourra jamais lui retirer le mérite d’avoir popularisé « l’heroic fantasy »  à la télévision !
De fait, à tort ou à raison (mais surtout à tort), c’est devenu difficile aujourd’hui de parler d’une nouvelle série se revendiquant du genre sans mesurer si elle a l’étoffe d’en être la digne succession.
Enfin ça, c’est pour la plupart…
Dans mon salon, dans ce cas précis ; on a plutôt tendance à se servir de Tolkien comme mesure de grandeur…Chacun son étalon...
De ce point de vue « The Wheel of Time » se prête particulièrement bien au jeu tant on part sur des bases similaires :
-Le(s) protagonistes(s) à la vie sans histoire qui se révèlent avoir potentiellement un destin de sauveur.
-Un personnage au pouvoir magique qui vient les sortir de cette vie.
-Une force maléfique sur le point de se réveiller.
-Un monde vaste qui a une mythologie propre.
 
Cette formule éprouvée a maintes fois étalé son efficacité sur un nombre incalculable de pages. Néanmoins, elle a rarement trouvé des lettres de noblesse à la télévision !
En effet, à part ‘Game of Thrones’, donc, et sans oublier ‘Kaamelott’, aucune série n’a pu s’inscrire avec qualité dans la durée. 
Les raisons sont à la fois évidentes et subtiles : ce genre d’histoires, souvent tentaculaires dans leur déroulement tout en nécessitant une constante exposition d’informations, se prêtent beaucoup mieux à la littérature ; et pour reprendre les deux exemples cités, ce n’est qu’en s’appuyant sur des concepts télévisuels forts (la violence/sexualité graphique pour l’un et l’humour décalé pour l’autre) qu’ils ont réussis à s’imposer comme référence du genre.
La difficulté de la tâche est incontestable : transcrire toute la richesse et la complexité d’un monde totalement fictif dans le nombre prédéterminé de cases que constituent les épisodes… 
J’en touchais d’ailleurs un mot lors de ma critique sur ‘Foundation’ : la balance entre introduction (personnages, histoire, enjeux), les fonctions narratives (action, romances, tragédies) et les moyens pour y arriver (réalisation, production, bande son) doit être la meilleure possible ; et dans les premiers épisodes, elle doit idéalement tendre vers la perfection !
 
Alors est-ce que cette ‘roue du temps’ tourne comme il faut ?
Tout à fait Jean-Pierre !
Et après les trois épisodes mis à disposition sur ‘Amazon Prime’, elle ne semble pas prête à s’arrêter…
La clé de cette révolution efficiente ?
Le momentum pardi !
(Vous pouvez respirer, j’ai épuisé ma réserve de jeux de mots foireux !)
Mais mauvaise blague à part, le momentum est effectivement le facteur déterminant pour expliquer la qualité de ce début de saison : après une mise en place indispensable, la tension ne retombe plus ! On ressent en permanence l’urgence de la véritable course poursuite qui a été engagée avec ce groupe de héros potentiels pris en chasse par un ennemi dont on n’a pas trainé à exhiber la laideur et la létalité.
En parlant de ce groupe, quelques mots sur les acteurs qui sont peut-être le seul bémol de cette adaptation :
Rien de vraiment catastrophique (à part peut-être dans le chef de Josha Stradowski, qui pousse sa ressemblance avec Hayden Christensen jusqu’au plagiat de son cabotinage) mais on n’atteint pas des niveaux de subtilité digne des moyens déployés en terme de production… Pour le moment, Rosamund Pike, qui en impose par sa seule présence et Abdul Salis, qui fait un peu beaucoup froid dans le dos dans un rôle d’inquisiteur malaisant ; sont les seuls qui arrivent à offrir un travail intéressant sur leur personnage.
Mais ne laissez pas cette peccadille vous refroidir car, comme suggéré plus haut, ‘The Wheel of Time’ est arrivé à trouver une balance très juste entre ce qui fait une bonne saga littéraire et un bon show télévisé : entre exposition et tension, entre mystère et émerveillement ; les épisodes présentent une densité assez impressionnante.
Bien sûr, pas de secret : pour toutes ses qualités, la série a tout de même besoin que vous ne soyez pas hermétique au genre! Néanmoins, à mon sens, c’est le seul prérequis pour apprécier une histoire pour laquelle l’enchainement immédiat de tous les épisodes disponibles était une évidence qui n’a pas nécessité la moindre réflexion chez moi !
C’est tout simplement (avec ‘Heels’ et 'Brand new cherry flavor') un de mes coups de cœur de cette automne 2021 !


En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0043 : une famille en or

 


Pré scriptum : je l’ai dit et je le redis : on est entre personnes civilisées dans mon salon ! Il convient donc de se plier aux convenances et de lancer la désormais consacrée ‘SPOILER ALERT’ !




Salutations,

 

 


Nous avons tous déjà vécu ce repas de famille où, tout à coup, quelqu’un lâche LE sujet qui fâche, vous savez, ce moment où, par exemple, la copine influenceuse de ton cousin youtuber se lance dans sa tirade antivax ? Plus de retour en arrière après ça : certains prennent parti, d’autres laissent passer l’orage ; mais l’ambiance n’en reste pas moins durablement plombée.
En repensant à ces moments traumatisants, vous vous demandez probablement ce qui se passerait si, un jour, une famille où les membres ont tous des superpouvoirs devait se déchirer sur un sujet épineux ?
Eh bien vous pouvez arrêter de vous le demander, car non seulement Marvel a la réponse ; mais en plus, ils en ont fait un film de 2h37 qui s’appelle « Les éternels » !
 
Bon, il faut en convenir, alors que ta famille et toi vous n’êtes pas capables de vous mettre d’accord sur le port du masque, les ‘éternels’, eux, ils ont des sujets un chouïa plus technique à débattre : ça cause quand même survie de l’espèce humaine à la table des demi-dieux !
 
Mais redevenons sérieux, l’air de rien, il s’agit d’un débat important !
 
En effet, Disney introduit ici dans son ‘Marvel Cinematic Universe’ (‘MCU’ pour les intimes) une production plus atypique qu’il n’y parait :
Premièrement, vous l’aurez remarquez, je me suis bien gardé de dire qu’il s’agissait d’une histoire de super-héros !
Car si ‘les éternels’ ont bien des superpouvoirs, ils sont très loin d’être des super-héros…En fait, ils ne sont même pas des héros ! 
Quoi ? Un film Marvel sans (super)héros ???
Oui Madame !
Ce groupe de BG sont les émissaires d’un ‘céleste’ (à qui, puisque qu’il est le créateur de la lumière et de la vie, on va attribuer le titre bien classe de ‘dieu’)
Mais pourquoi ce dieu créateur nous envoie-t-il des émissaires ?
Pour nous sauver ? BIIIIIP ! Nope ! Essayez encore !
Pour nous livrer la bonne parole de ‘dieu’ ? BIIIIP ! Encore raté !
Allez, puisque vous séchez, je vous file la réponse : nos demi-dieux arrivent sur terre pour nous guider gentiment vers le Progrès (avec un grand ‘P’) tout ça en nous évitant de nous faire dévorer par une autre race de demi-dieux ! (moins stylée, certes, mais divine quand même)
Ils ne reçoivent qu’une et une seule consigne d’Arishem (le dieu susmentionné) : ne pas intervenir en faveur de l’espèce humaine ! Et ce, quelle que soit la menace… A part s’il s’agit de ‘Déviants’ ! (l’autre race de demi-dieux)
Comme je le disais, ce n’est pas très héroïque de nous laisser comme ça nous dépatouiller avec tous nos problèmes alors qu’ils pourraient tout régler en 2-2 ! Mais bon, les disciples d’Arishem sont des bons croyants à l’obéissance sans faille et, franchement, ce serait limite de chicaner alors qu’ils sont déjà clairement sur de la bonne grosse mission : ça leur prend carrément 6500 ans avant qu’ils décrètent qu’ils ont fait le taf ! On ne peut pas leur enlever ; ils ont le goût de la chose bien faite !
 
Et après ? Bin… ils décident de vivre chacun leur petite vie jusqu’à ce qu’Arishem siffle après eux pour qu’ils reviennent à la niche : certains décident de s’isoler pendant que d’autres se mêlent aux humains.
Et c’est là que tout dérape…
Car quand, 500 ans plus tard, tout ce beau monde se retrouve ; plus personne n’est vraiment sur la même longueur d’onde ! Ce qui est tout de même embêtant vu qu’ils se retrouvent parce que ‘l’émergence’ est sur le point de se produire.
...’l’émergence’...qu’est-ce que ça peut bien être ?
(Il faut le lire avec la voix de Gérard Darmon)
Pour faire court, une ‘émergence’, c’est quand un ‘céleste’ se crée à partir de l’énergie d’une planète...et ne me demandez pas pourquoi (je ne me souviens plus) mais cette énergie ne peut être générée si et seulement si la dite planète est bien achalandée en habitant...
Patatras ! Nos demi-dieux découvrent donc qu’ils sont en fait le niveau ultime de l’agriculteur et qu’ils ont passé 7000 ans à nous faire pousser pour nous donner en pâture à un gros bestiau (un nouveau ‘céleste’ donc) pour que celui-ci puisse créer d’innombrables nouveaux mondes...
Voilà donc nos agriculteurs divins obligés d’avoir, comme toutes les familles, une conversation sur un sujet épineux !
Alors, je vous rassure, au fond du fond, leur sujet épineux est aussi vain et creux que les nôtres : A-t-on le droit de sacrifier des milliards de vies pour que des quintillions d’autres puissent émerger ?
Vous le comprendrez donc, ce n’est pas tant le débat en lui-même qui est intéressant : ce qui m’a interpellé, c’est que ce colloque aux possibles conséquences génocidaires se passe sans que l’on ne tombe jamais réellement dans la dichotomie : ‘Good vs Evil’ .
Au pire, on pourrait taxer certains de dévots et d’autres de stupides, mais si des atrocités sont bel et bien commises ; elles ne le sont pas par illusion de grandeur ou par trahison d’un idéal : car dominer ou sauver des vies (les nôtres en l’occurrence) ne fait purement et simplement pas résonner quoi que ce soit en eux.
C’est une sensation tout à fait particulière de regarder ce Marvel aux protagonistes quasi divins qui tergiversent à faire ce qu’on attend d’eux (nous sauver) et qui nous le présente de manière à nous faire dire que personne n’a foncièrement tord dans cette histoire où ils pourraient tout à fait nous laisser mourir. 
Si le ‘MCU’ devient nihiliste, alors je ne réponds plus de rien !
 
Toutefois, vous pouvez être rassurés, les 500 années passées parmi les humains ont tout de même éveillé chez certains de ces ‘éternels’ un amour et une admiration inconditionnels pour l’humanité et cette affection les pousse à renoncer à leur dévotion pour Arishem...Il fallait bien qu’on retombe à un moment ou un autre dans le cousu fil blanc ; et, malheureusement, il n’y a rien de très bon à dire de ce côté : entre inconsistance et redondance, le film est au mieux maladroit, au pire ennuyeux...
Maladroit, parce qu’au bout des 157 minutes, on n’a pas le sentiment d’être arrivé quelque part avec cette histoire ; ni à sa fin, ni au commencement d’une autre...On reste juste avec une impression d’inachevé.
Et, au final, ennuyeux car le film, pour toutes ses ambitions, oublie d’être surtout et avant tout un divertissement ; alors qu’il fait partie intégrante d’une saga qui se définit sans conteste comme telle.
 
L’idée de porter à l’écran ces demi-dieux devenus légendes vivantes de nos mythologies pour en faire des possibles spectateurs de notre trépas était réellement ambitieuse et Chloé Zhao (je m’en serais voulu de ne pas le mentionner) nous livre des images absolument sublimes, mais cela ne suffit pas à donner à ce 26ème chapitre du ‘MCU’ le souffle épique dont il avait besoin pour s’élever au-dessus de la mêlée.

 


 

En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0042 : faute avouée...

 



Salutations,


J’en parlais dans ma dernière critique (à propos des "4400"): les ‘revivals’ font tant et si bien partie du paysage télévisuel que le côté évènementiel de l’exercice en est devenu pratiquement inexistant. J’irais même jusqu’à dire que leurs annonces sont souvent reçues avec une méfiance à peine voilée.
Pourquoi ? Parce qu’il ne faut pas être naïf : pour Mr Streamy, ces retours sont souvent le prétexte pour palper des liasses de billets supplémentaires ! Mais ne soyons pas cyniques non plus : il arrive quelques fois que cette envie de brasser toujours plus d’argent rencontre des aspirations artistiques. (il ne viendrait, par exemple, à l’idée de personne de contester que David Lynch est revenu vers ‘Twin Peaks’ pour la simple et bonne raison que cela excitait sa créativité…)

Ce qui m’amène donc à Dexter…

…Dexter, Dexter, Dexter… (Imaginez moi en train de secouer la tête en soupirant, bien en peine d’imaginer ce que je vais bien pouvoir faire du sacripant…)
J’ai beau être un animal bizarre (comme confessé lors de la 'lluBiE' consacrée à la fin de "How I met your mother"), néanmoins, comme tout un chacun ; je n’ai pu que constater le désastre industriel qu’était devenu « Dexter » à la fin de sa huitième saison !

(Petite parenthèse) Il se trouve que j’ai retrouvé il n’y a pas très longtemps les notes que j’avais prises (en 2013, donc à la faveur d’une de mes premières tentatives de trouver le courage/le temps de reprendre ce blog…) pour en faire la critique (qui devait s’appeler «tête de bois ») … le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’étais pas content ! J’y viendrai un peu plus tard… (Fin de la parenthèse)

Bon, je ne vais pas faire des airs : Dexter, c’est LA star de mon ‘salon’ : voici la quatrième fois que j’en parle ! (et ça aurait pu être la cinquième si, comme précisé un peu plus haut, j’étais allé au bout de mon impulsion…)
En effet, (alerte ‘auto-promo’) après un texte consacré au personnage titulaire (‘lluBiE 0003 : ayez pitié de lui’), j’avais chroniqué le début et la fin de la 5ème (avec la ‘criTiQue 0009 : quel est son secret ?’ et la ‘criTiQue 0026 : l’amour du risque’) (fin d’alerte ‘auto-promo’).
Si vous ne vous sentez pas d’aller lire tout ça (on a, pour la plupart, toujours mieux à faire que d’aller lire des avis qui datent de 10 ans), je vais vous mâcher la conclusion : on parle ici d’une de mes séries cultes !
Ceci étant dit, rendez-vous sur n’importe quel moteur de recherche, tapez ‘les dix pires fins de série’ et vous tomberez immanquablement sur ‘Dexter’... A raison ! (Tant qu’on est sur le sujet, vous tomberez tout aussi surement sur ‘LOST’... Non seulement je suis fatigué d’expliquer à quel point c’est loin de la vérité mais, en plus, j’ai tout un LOSTathlon qui atteste pourquoi !)
A raison, disais-je, car ‘Dexter’ était bien loin de ses fondamentaux quand elle s’est achévée...
Je m’explique (rapidemment) : personnellement, ce n’est pas le fait qu’il s’exile de Miami sans faire face à ses crimes qui m’a dérangé...au fond, je dirais même que cette dernière scène où il fixait la caméra, complètement silencieux, transmettait très efficacement la detresse qu’il ressentait.
Non, ce qui était réellement problématique, c’était cette manière dont la dernière saison avait réussi à complètement ignorer ce qui ne pouvait pas l’être : la conclusion du cheminement de Dexter (je reste succinct car ce n’est pas vraiment le sujet, si vous voulez étayer sur ce cheminement, je ne peux que vous réinviter à vous diriger ici)

Toutefois, maintenant que j’y pense, ce moment de silence inconfortable à la fin de la saison 8 perdure quand on commence cette nouvelle saison. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus frappé en regardant le premier épisode de ce qu’il convient d’appeler une ‘limited season’ (c’est une continuation, sensée rester un ‘one-shot’, et elle n’a pas reçue l’appellation de saison 9) : on a toujours pas accès au monologue interne de Dexter.
On ne sait pas ce qu’il pense et ça laisse une forte impression : on dirait qu’il est mort à l’intérieur !
C’était très certainement le but et il est largement atteint... Premier point pour vous Mr Phillips !
Oui, car il convient de préciser ici que Clyde Phillips, showrunner des quatre premières saisons, est revenu pour diriger cet ultime effort de donner une fin digne de ce nom à la série. Je ne peux que me réjouir de ce choix, car s'il y a bien quelqu’un qui pouvait y arriver, c’est l’homme qui nous a donné ce sommet de télévision que constituait le dernier épisode de la saison 4 !
Mais qu’est donc devenu Dexter pendant les dix ans où on l’a quitté ?
Il habite le village paumé (et fictif) de ‘Iron Lake’ dans l’état de New York et travaille dans une boutique de vente d’armes. Il a une petite amie et est apprécié de cette petite communauté où il a réussi a parfaitement s’intégrer.
Mais il faut aller au-delà de ces apparences pour comprendre à quel point Dex (ou Jim comme il se fait appeler) a changé.
C’est un tueur qui est toujours en train de faire pénitence que nous retrouvons : conscient que son mode de vie est directement responsable de la mort (ou de la fuite du pays) de tout ceux qu’il chérissait (sa sœur Debra, son fils Harrison et sa petite amie Hannah), il a réussi à tenir ses pulsions meurtrières en respect pendant toute cette décennie.

Tout ses efforts vont s’écrouler à cause d’un cerf.

Bon je sais que ça parait un peu léger comme raison, mais je vous assure que c’est un magnifique cerf, blanc comme la neige, majestueux comme une forêt…tout le tremblement ! Bref, pas le genre d’animal qu’on a envie de voir se faire buter gratuitement par un gosse de riche à tendance psychopathe.
C’est pourtant bien ce qui se passe et alors que la patience de Dexter est dangereusement testée tout au long de cet épisode, l’incident est la minuscule goutte d’eau qui fait déborder le vase de son abstinence : le susmentionné gosse de riche sur retrouve sur la table de Dexter…
C’est alors qu’on atteint le point culminant de ce premier chapitre : son monologue interne fait son retour !
Et là, je dois vraiment rendre hommage à Michael C. Hall que je trouvais en demi-teinte jusque là avant de me rendre compte que c'était à dessein : il vend la transition avec une maestria presque surnaturelle ! Son personnage semble littéralement revivre à cet instant, comme si un interrupteur avait été actionné dans une sombre pièce pleine de toile d’araignées dans un coin reculé de sa caboche.

L’autre bonne idée de ce retour, c’est le changement de ‘compagnon sombre’ : alors que son père adoptif, Harry, jouait ce rôle de conscience personnifiée dans les 8 premières saisons ; on découvre que sa sœur Debra a élu domicile dans l’inconscient du tueur.
Cette nouvelle dynamique est bien évidemment symptomatique de l’état d’esprit de Dexter : Harry personnifiait son besoin de ne pas se faire attraper, il donnait conseils et avertissements à cette fin. Deb’, quant à elle, incarne le désir de ne plus voir les gens qu’il aime souffrir de ses agissements ; et le test est intense dans cet épisode, puisque le fils de Dex le retrouve.
Sous le conseil de son ‘compagnon sombre’, il remballe sa progéniture et l’affaire semble alors entendue…Fin de l’histoire ?
Non bien sûr, car le cerf blanc et le gosse de riche passent par là et viennent tout chambouler ! Dexter se réapproprie son identité, non seulement de tueur mais aussi de père : Il empêche son fils de partir et l’histoire ne fait alors que commencer…

Alors retour réussi ou pas ?
Même si on est clairement sur une reprise réfléchie et assumée comme une mission de faire mieux que ce qui avait été proposé comme FIN, impossible de répondre après ce premier épisode qui propose néanmoins des choses intéressantes.
En ce qui me concerne, il justifie à tout le moins qu’on laisse une chance à cette saison où l’on se dirige pourtant vers le schéma classique ‘une enquête sur le meurtre qu’il a commis va donner chaud aux fesses de notre anti-héros alors qu’un autre tueur semble sévir.’
De fait, ce n’est pas dans cette ligne directrice souvent revisitée par la série que se trouvera l’éventuelle pertinence de ce ‘come back’, il faudra attendre la toute fin pour savoir si cette ‘limited season’ est capable de donner, enfin, une conclusion digne de ce nom à l’un des personnages télé les plus fascinants de ces 20 dernières années.
Cela pourrait s’avérer à double tranchant tant la promesse d’une apothéose, tant par les idées et personnages introduits que par les enjeux qu’ils supposent, a clairement été proférée.

Mais ‘Dexter’ mérite sans conteste sa seconde chance… Ne dit-on pas : « faute avouée, à moitié pardonnée » ?



En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0041 : on prend les mêmes ?

 



Salutations,



Ceux qui, comme moi, sont dans la fleur de l’âge s’en rappelleront : l’an 2000 a célébré l’arrivée d’une nouvelle ère télévisuelle.

Une ère qui voulait amener la télévision à un nouveau standard de qualité, tant scénaristiquement que visuellement ; un niveau d’exigence et de moyen qui comblerait l’écart entre le petit et le grand écran. Cet effort a été rendu possible en grande partie par l’avènement des chaines câblées (‘HBO’ En tête) qui ont entrainé dans leur sillage tout le paysage audiovisuel et a complètement révolutionné la manière dont nous consommons les histoires.

On a appelé cette ère « l’âge d’or » de la télévision et il a vu des séries toutes plus iconiques les unes que les autres voir le jour. On parle ici d’une télévision qui était pensée comme un objet d’art, destinée à être uniquement appréciée par les esthètes, qui arborait fièrement une étiquette ‘Premium’. (Des séries comme ‘Soprano’ ‘The wire’ ou ‘Six feet under’, incidemment toutes produites par ‘HBO’, en sont le porte-drapeau). C’était une époque où seules quelques séries par an devenaient mondialement connues, et elles sont directement responsables du succès des ‘chaines à payage’. Imaginez, c’était avant ‘Netflix’ !

J’ai vécu cette période en tant que spectateur et je peux vous dire que ça a été un sacré voyage : voilà maintenant presque 20 ans que je suis assidument ce qui se passe sur le petit écran et j’étais bien en peine d’imaginer la pléthore d’histoires et de mondes aussi divers que variés qui verraient le jour dans ce laps de temps...


Mais pourquoi diable est-ce que je vous parle de tout cela ?


Parce que cette machinerie a tellement bien mouliné qu’elle s’est retrouvée à court de carburant, et que cela fait déjà quelques années que Mr Streamy s’est vu obligé d’avoir recours aux ‘reboots’ (voir au ‘soft-reboots’) et autres ‘revivals’ !

(On pensera ce que l’on veut de cette tendance aux allures d’aveux de perte totale d’imagination, mais cela ne change pas le fait qu’elle continuera de nous être imposée encore quelques années au moins...Je ne vois donc pas l’utilité de pleurnicher sur 3 pages…)

Ce qui m’amène au sujet de cette criTiQue : les ‘4400’ 

Les ‘4400’ est une des premières séries (la toute première était ‘Taken’ avec une toute jeune Dakota Fanning) que j’ai pu voir quand, enfin, j’ai eu les moyens de me payer une chaine payante (BETV pour ne pas la nommer) et c’est avec une certaine nostalgie, une impression particulière de boucler une boucle que je me suis plongé dans son ‘reboot’ hier soir.

J’ai tenté de la regarder sans penser à sa prédécesseur (qui, restons honnêtes, après 2 saisons de plus ou moins bonne facture est un peu partie en cacahuète) et je dois dire que j’ai bien été aidé par une prise de possession décidée de la showrunner qui n’a pas eu la prétention de cacher qu’on partait bien de la même histoire mais à quand même tenu à en faire la sienne.


Quelle est cette histoire ?

4400 personnes disparaissent sans laisser de trace. Quand ils réapparaissent en 2021 sans avoir vieilli, certains des décennies après avoir vraisemblablement quitté la surface de la terre, personne, (pas même eux) n’a aucune notion de ce qu’il leur est arrivé...Certains vont vite découvrir qu’ils sont revenus avec des pouvoirs spéciaux.

On part donc sensiblement sur les mêmes bases. Reste à savoir comment va se remplir ce puzzle aux contours similaires…

Mais avant de continuer, car il faut bien qu’on en parle (impossible de faire autrement, non ?) ; le casting est quasiment exclusivement composé d’acteur et actrice Afro-américain(e)s. 

Eeeeeet, maintenant, LA question CAPITALE du moment !

Alors…‘Woke’ ou pas ‘Woke’ ?

Si si, je vous assure que c’est important pour tout un tas de personnes !

...Mais pas pour moi, désolé…

Je m’en tamponne carrément le coquillage, je n’ai pas envie d’avoir ce débat ici, d’argumenter pour ou contre la portée du message qui est hypothétiquement lancé avec cet ensemble de personne de couleur et, si c’est votre came, je vous invite donc à aller lire les noooooooombreux autres articles/critiques/billets où la question est débattue.

La série ne semble pas (en tout cas pas dans les deux premiers épisodes) en faire un cheval de bataille scénaristique et à moins que cela ne change, je ne vois pas l’intérêt d’en parler plus longtemps…

Les commentaires sociaux sont toutefois devenus inévitables dans une série et j’espère d’autant plus qu’ils ne deviendront pas un gimmick ici (comme, par exemple, les bracelets moniteurs aux chevilles des ‘réapparus’ qui est une image forte mais facile) 

Avec autant de personnages potentiels (4400 personnages, c’est beaucoup) il nous faut des points de focalisation...Et quoi de plus universel qu’une famille déchirée ? 

C’était déjà le cas avec la version précédente, où le neveu (ou son fils, je ne sais plus) du protagoniste principal (Joël Gretsch, pour ne pas le nommer, qui était aussi incontournable à l’époque qu’il est invisible maintenant) avait disparu et son fils (ou son neveu, je ne suis toujours pas sûr et je n’ai décidément pas envie d’aller vérifier) était dans le coma depuis.

On suivait alors la série avec, comme point de vue initial, ceux qui étaient restés.

Premier changement donc, car dans cette version 2021 c’est le point de vue des disparus qui est adopté… Et cette inversion paye ! Elle fait que l’on ne regarde plus seulement un mystère : elle donne au show un sentiment d’urgence et expose efficacement la pleine mesure de la confusion ressentie par ces gens qui font l’expérience d’un arrêt brutal de tout ce qui faisait leur vie.

Flashbacks et lente découverte de leurs nouveaux dons sont également au programme de ce qui semble se dessiner comme une exploration de personnages : tout le monde essaye de donner un sens à ce qui est arrivé et quand certains y voient l’opportunité de matérialiser leurs illusions de grandeur, d’autres essayent juste de reprendre leur existence là où ils l’ont laissée.

C’est principalement pour cette raison (la promesse d’une mise en abyme des protagonistes) que je continuerais de regarder les ‘4400’ ! Et si, d’aventure, ce portrait est une réussite ; on pourrait alors bien se retrouver face à une toute bonne série de SF (qui s’impose décidément comme LE genre en vogue en cette année 2021…)



En vous remerciant, bonsoir !

CriTiQue 0040 : chacun chez soi

 




Salutations,



Après David S. Goyer (avec ‘Foundation’ dont vous pouvez lire ma critique ici), c’est au tour d’un autre nom ronflant de la SF de passer par mon salon : Simon Kinberg.

Et c’est mon triste devoir d’annoncer que, contrairement à son collègue scénariste, je n’aurai pas l’occasion de me montrer très enthousiaste sur l’empreinte qu’il va laisser sur la pop culture.

En effet, Kinberg est surtout connu pour son travail sur les ‘X-Men’ et il est malheureusement associé aux pires exploits de la troupe de mutants en collant qu’à leurs meilleures heures.

Jugez plutôt : le pauvre est responsable de ‘The last stand’, ‘Apocalypse’ et ‘Dark phoenix’ !

(’Jumper’, et ‘Fantastic four’, dans leur désastreuse dernière itération, étant également inclus dans ses ‘faits d’armes’…)

On n’est pas sûr de l’inoubliable, vous en conviendrez !

Allez, pour être tout à fait transparent, je vais quand même dire qu’il a également été à la plume de deux films aux résultats bien plus concluants : ‘Days of future past’ (le meilleur ‘X-Men’ au cinéma ?) et ‘Sherlock Holmes’ (la version de RDJ).

 

Voilà pour le curriculum du bonhomme, venons-en à son dernier méfait !

Une série ‘Apple TV+’ qui est décidément décidé à s’imposer comme un player incontournable dans le game du streaming, quelques fois avec succès (‘For all mankind’) et quelques fois sans…Comme, par exemple, la série qui nous occupe là maintenant tout de suite…

Pourtant, sincèrement, il n’y a pas beaucoup de récits qui m’enjaillent plus qu’une bonne grosse vieille histoire d’invasion extra-terrestre, avec ses résistants qui s’unissent, cette nouvelle vie qui s’organise, l’horreur qui fait place à la résilience... De ce point de vue, et je le mentionnais déjà lors de ma critique sur 'Y – Le dernier homme', « Falling Skies » est pour moi un sommet du genre ! (Mais si vous cherchez un exemple de ce qu’il ne faut PAS faire dans une série ayant pour objet un envahisseur ‘alien’, je vous invite à lire la critique que j’avais faite sur le remake de ‘V’)

 

Quel est le problème ?

« Invasion » prend le parti d’une intrigue chorale : on suit une poignée de personnages éparpillés dans le monde, apprenant à les connaître alors que plusieurs évènements bizarres viennent bousculer les tracas de leur quotidien (vous savez, des tracas : la mort, la guerre, l’adultère, le harcèlement et la retraite…que des choses légères quoi !) 

Il n’y a pas encore si longtemps que cela, quand on voulait évoquer une menace globale, on se contentait de quelques plans mal torchés des monuments importants (rappelez-vous : une succession d’images de la tour Eiffel, du kremlin, de la muraille de Chine et des pyramides de Gizeh)… Ici, que nenni ! Vous aurez droit à un portrait en profondeur et en nuances…Il est tellement profond et nuancé en fait qu’on arrive à la fin du premier épisode sans être vraiment sûr de ce qu’on regarde !

Oui, car je vais vous épargner toute forme de suspense inutile : pour une série qui est censée parler d’invasion (c’est dans le titre quand même, Madame !), et bien on n’en parle pourtant pas des masses ! En fait, il faut carrément attendre la toute fin du deuxième épisode pout avoir enfin un aperçu de la menace titulaire… Ca n’aura pris que 1h40…

Bon, le show se veut une exploration à échelle très humaine d’une menace globale…pourquoi pas ? Ce n’est plus très exactement du jamais vu, mais pourquoi pas !

Malheureusement, il eut, pour cela, été utile de nous donner autre chose que cette collection de clichés : entre le gamin sensible et fragile qui se fait évidemment harceler par la petite frappe de service, la famille ‘Nutella’ avec réveil du papa, en sautant sur le lit, par les deux espiègles bambins parfaits et le flic à la retraite dont le dernier jour est chamboulé ; il faut avouer qu’on n’est pas servi !

Si on dépasse cet état de fait, on reste sur des portraits de bonne facture, mais en voulant ménager ses effets, en se vautrant un peu trop confortablement dans le ‘slow burn’, la série oublie que pour aller au bout de ses intentions, elle doit être plus que la somme de ses parties : elle doit être en même temps un drame familial ET un récit d’invasion ; pas tantôt l’un et tantôt l’autre (avec des réussites très inégales qui plus est).

« Invasion » pourrait s’appuyer sur son montage pour l’aider à construire une tension digne de ce nom, mais c’est loin d’être le cas : à chaque fois qu’elle arrive à initier un momentum, la scène se coupe –certainement dans le but d’installer un suspense ; mais c’est l’effet indésirable qui se produit, loin d’être engagé dans l’intrigue, on est irrité. 

 

Donc, histoire de sauver quelque chose, on va parler du casting !

Il est composé de têtes relativement inconnues mais cela sert le propos : on n’a pas de mal à s’identifier à ces ‘quidams’ qui nous transportent dans leur vie de manière convaincante.

Je vais mettre en avant Rinko Kikuchi, pour faire une parenthèse, car elle fait le lien avec une autre histoire à l’ambition chorale internationale : « Babel ».

A mon sens, c’est à ce résultat de destin gracieusement lié que la série aspire mais s’il faudra bien sûr attendre les derniers épisodes pour poser une conclusion sur sa réussite, je ne peux que constater qu’on est mal embarqué…

Fin de la parenthèse.

Je finis mon petit tour par l’inévitable Sam Neil qui officie en tant que star bankable du lot et qui le justifie avec une prestation qui donne envie d’en voir plus (il est malheureusement absent du deuxième épisode) : personne ne vend les moments ‘WTF is going on’ mieux que lui ! (pour référence, retournez voir le moment dans ‘Jurassic Park’ où il voit les dinosaures pour la première fois !)

 

La série n’est pas franchement mauvaise et pourrait se révéler en trouvant un meilleur équilibre entre les genres qu’elle veut incarner mais vous l’aurez compris : ce sera sans moi…

Je sais que j’expliquais dans ma dernière ‘lluBiE’ que je m’accroche quelques fois à un show en dépit du bon sens, mais celui-là n’a tout simplement pas ajouté assez de grains à moudre dans ma machine à créer des obsessions inutiles…

 


En vous remerciant, bonsoir !

lluBiE 0010 : qui cherche trouve

 




Salutations,


On a tous une série à laquelle on s’accroche un peu en dépit du bon sens, dont on reconnaît la flagrance des défauts sans que cela suffise pour arrêter les frais.
Je me suis plusieurs fois infligé ce triste rodéo et voilà déjà un petit temps que je projette de vous parler du dernier en date.
J’ai nommé « Titans ».
La diffusion du dernier épisode de la troisième saison me semblait le moment opportun pour se faire et j’ai donc décidé d’attendre cette occasion malgré le fait que je pensais savoir, dans les grosses lignes, ce que je voulais dire de ce show qui ne manque décidément jamais de me faire poser des questions sur mon degré de masochisme…
Le moment étant venu, je me suis rendu compte qu’en parler était plus facile à prévoir qu’à faire.
En effet, armé de mon stylo bille, essayant de rassembler mes idées en m’appuyant sur la conclusion de cette 3ème fournée, j’ai très vite compris que cela n’allait pas être chose aisé de décrire une série qui ne sait pas elle-même où sa queue et sa tête se trouvent (ou même encore, si elle a l’un ou l’autre…)
Comme souvent dans mes ‘lluBiEs’ on va s’aventurer sur territoire jonché de possibles ‘spoilers’, vous lirez donc la suite à vos risques et périls…

Pour expliquer mon acharnement à regarder une série qui a plus de défauts que ‘Joffrey Baratheon’, il faut parler de la saison 1.
Globalement bonne (voir très bonne), elle introduisait un Dick Grayson fraichement affranchi de son mentor schizophrène à tendance chiroptophobe.
Ayant laissé Gotham derrière lui, il est maintenant policier à Détroit où il essaye tant bien que mal de rester du ‘bon côté de la justice’.
Néanmoins, le garçon semble se débattre avec ses velléités d’abandon de combinaison en latex galvanisé et ses errements le mettent sur le chemin de Rachel Roth.
Déjà vu ? Effectivement ! Mais entre cette Rachel qui semble avoir besoin d’un exorcisme en bonne et due forme, un gamin qui se transforme en tigre vert, une belle jeune femme amnésique ET pyrokinétique, sans oublier le fait que l’ancien protégé de ‘Batman’ va demander de l’aide à ‘Wondergirl’; la série reste constamment sous haute tension, prenant rarement la peine de s’arrêter pour souffler : les épisodes font l’objet d’un traitement en forme de ‘page-turner’ où chaque chapitre pose autant de questions qu’il n’en adresse.
On semble bien là, non ?
Bin non.
Car la décision, motivée par la garantie de production d’une suite, de réduire ce premier cycle à 11 épisodes au lieu des 12 prévus va complètement chambouler la série…
Vous pensez peut-être que ce n’était pas rédhibitoire, et cela serait vrai si le but de la manœuvre était de continuer d’étoffer la storyline sur laquelle on était engagé et qui, sans être d’une originalité folle, avait au moins pour elle de poser des enjeux forts.
Manifestement, le but était ailleurs… Où ? Impossible à dire car, après avoir hâtivement résolu le cliffhanger de la saison 1, la série prend une toute autre direction ; faisant passer le suspense qu’elle a installé comme un passage inutile avant d’en venir au fait.

Cette première erreur d’appréciation n’est malheureusement pas la dernière pour une saison qui tombe dans le piège classique des secondes saisons : l’envie de faire ‘plus’ ! Plus grand, plus fort, plus beau…
Ici, entre la réformation officielle des ‘Titans’ (qui fait office de prétexte à explorer les sombres raisons de leur séparation initiale), l’introduction du méchant ‘Deathstroke’ (qui après l’authentique démon menaçant d’asservir l’humanité fait un peu pâle figure, tout ‘super-augmenté’ soit-il), La présence de Bruce Wayne (qui, ne semblant plus quoi faire avec ses ‘Robin’, le refile à Dick sous un prétexte aussi inutile que la présence du milliardaire l’est dans une intrigue déjà surchargée), l’arrivée de Conner Kent (Clone hybride de l’autre Kent et de Lex luthor…sans en dire plus, vous comprendrez à quel point l’intronisation d’un tel personnage est vorace en temps d’écran), L’infiltration des ‘Titans’ par la fille de ‘Deathstroke’ (une borgne également ‘super-augmentée qui va s’amouracher du futur ex ‘Robin’ que Bruce a collé aux basques de Dick), sans oublier (quand même) la continuation du cheminement personnel des personnages de la première saison (et non des moindres, les circonstances qui pousseront Dick à devenir ‘Nightwing’) ; on a largement dépassé la limite de ce que 13 épisodes peuvent véhiculer en gardant un semblant de cohésion.
Les storylines se trainent donc sans pouvoir se décider sur un point de focale, laissant l’intrigue en perpétuel déséquilibre pour se terminer en pétard mouillé.
Néanmoins, on va dire que l’essentiel est sauf à la fin : Grayson devient ‘Nightwing’ et les ‘Titans’ forment enfin une véritable équipe…

Ce qui nous amène à la saison 3.
Bonne nouvelle : les showrunners semblent enfin avoir compris qu’ils ne pouvaient pas rendre justice à autant de personnages à la fois et font le ménage en conséquence !
Mais malgré cette bonne intention, ils se prennent une fois de plus les pieds dans le tapis : alors qu’elle devrait, en toute cohérence, faire partie des ‘Titans’ ; une protagoniste centrale de la saison précédente disparaît ainsi complètement du tableau, comme si elle n’avait jamais existé ; laissant un arrière-goût désagréable de désaveu total du chapitre 2.
Pire encore, après un premier épisode qui expédie (excusez du peu) la mort de Jason (second ‘Robin’), la mort du ‘Joker’ et la mise en retraite de ‘Batman’ ; la série semble pourtant encore peiner à justifier la présence d’autant de personnages à l’écran.
De fait, il aurait été, à mon sens, plus judicieux de se passer des services d’un ‘Superboy’ (qui faisait déjà office d’appendice inutile dans la saison précédente) et qui, avec les mêmes pouvoirs que ‘Superman’, rend la mise en place d’un suspense à la mesure de son omnipotence quasiment impossible.
C’est tout ?
Malheureusement non ! Permettez-moi un dernier passage en revue assorti de quelques chiffres.
Car même en acceptant de passer au-dessus des 4 (sur cinq !) morts (dont une dans la saison 2) qui trouvent TOUS le moyen de revenir à la vie et sur, non pas un, mais deux épisodes complets qui se greffent à peu près aussi efficacement sur l’intrigue générale qu’un nez à l’arrière du genou ; on a toujours pas évoqué tous les problèmes qui ankylosent l’intrigue (spoiler alert, il y en a 6 !):

En effet, malgré un casting impeccable (Vincent Kartheiser qui après « Mad Men » montre ici une face étonnante de sa palette), le ‘vilain’ central de cette année empile les clichés et finit par tomber dans la caricature (1). Le personnage de ‘Starfire’ reste globalement décevant : elle perd et regagne ses pouvoirs à chaque saison sans que je ne comprenne jamais comment et pourquoi…sans parler du fait que son histoire familiale qui, sans être franchement passionnante, occupe pourtant une place importante de son temps d’écran (2). Cette version de Jason et ses atermoiements psychotiques auraient définitivement leur place dans ‘les feux de l’amour’ (3).Un TROISIEME ‘Robin’ est inutilement introduit (à ce stade, ça devient du fétichisme) (4). Après un passage en prison, sous prétexte de faire son introspection, qui frisait le ridicule lors de la saison 2 ; Dick est carrément obligé de mourir pour comprendre que…Euh bin en fait, ce qu’il a compris n’est pas clair…(5)
Il me reste encore à mentionner l’absence presque totale de Rachel, qui porte un coup presque fatal à la cohésion de l’ensemble des trois saisons (6) ; avant de préciser que je pourrais continuer !
Mais je vais m’arrêter là, je crois que tout le monde a compris : niveau qualité, on est loin du compte...

Une seule bonne chose à mettre en avant : Barbara Gordon !
Pertinemment jouée (Savannah Welch que j’espère revoir), assez bien écrite ; la relation qu’elle a avec Dick et surtout sa résolution sont LA bonne note de ce désastre.
Cette bonne note entretient une petite flamme d’espoir : une saison 4 est bel et bien prévue et je ne peux pas jurer que je ne m’installerai pas devant.
Alors, j’en conviens, après un tel portrait, c’est difficile à comprendre...comme je l’écrivais au début, je dois bien avouer qu’il faut que je me pose des questions sur d’éventuelles tendances masochistes chez moi !
Mais au final, mon vrai masochisme, c’est de continuer à espérer…(ah, comme c’est beau !)
Ce que j’espère, c’est qu’après autant de tâtonnements, les showrunners vont finir par trouver la bonne formule pour mettre en avant ces personnages qui, à la base, sont attachants.

Oui, la prochaine tentative sera la bonne… Qui cherche trouve… Non ?

 
En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0039 : d'un goût à l'autre

 



Salutations,


Bienvenue à Hollywood !

Nous suivons ici Lisa Nova, une jeune femme comme il en existe des dizaines de millions : avant longtemps, elle va faire confiance à une enflure.
Pas exactement nouveau...
Un peu de la même manière, « Brand new cherry flavor » a d’abord l’air du même show qu’on a mille fois goûté.
Mais ne nous emballons pas, comme je le laissais entendre, la série se déroule à ‘Hollywood’...Et, là-bas, tout est trompeur... surtout les apparences !
Lisa va donc se faire rouler par un producteur, un ‘has-been’ en devenir qui cherche de plus en plus désespérément un moyen de retrouver son lustre d’autant. Aussi, quand une nouvelle opportunité se présente sous la forme d’une jolie aspirante réalisatrice, il n’hésite pas à la prendre sous son aile en lui promettant monts et merveilles.
Un homme qui aide une jolie femme sans autre motif que de l’aider est une denrée rare, voire un mythe ; et Lisa apprend à ses dépens que ce cliché n’en est pas un par hasard (et à fortiori dans le monde du cinéma) : ses droits artistiques sur son court-métrage sont compromis quand il devient clair qu’elle ne se laissera pas passer à la casserole par son mécène.
L’enflure mérite donc une bonne leçon...Et il va la recevoir... Mais comment s’y prendre ?
 
Voilà pour l’incipit, mais que cache cette lecture plate du commencement de cette histoire ?
 
Dès les premiers instants, au-delà de sa relative naïveté, il apparaît clair que la miss est à part. Ce qui amène d’ailleurs quelques personnes aux mœurs étranges à lui vouer un intérêt malsain. Ces apparitions sont à la fois intrigantes et agaçantes : on nous tease un peu lourdement, tantôt de manière maladroite (elle est suivie par l’inévitable gars à moto qui reste dans l’ombre), tantôt de manière clichée (elle se fait accoster par la folle de service qui lui explique qu’elle peut ‘faire du mal à ceux qu’elle souhaite’) ; que cette fille un peu niaise sous ses grands airs de ‘no-nonsense, no bullshit’ recèle quelque chose de spécial.
Et vous venez, sans vous en rendre compte, de lire la seule critique que j’ai à formuler sur cet épisode...
Elle n’est pas d’une violence rare, vous en conviendrez...
Car s’il ne fait aucun doute que la série prend son temps pour amener sur le devant de la scène ce qui fera son sel, il est tout aussi certain que le jeu en vaut la chandelle : on finit par basculer complètement ailleurs, loin (très loin) des préoccupations finalement triviales d’une réalisatrice en quête de sa chance.
On finit dans le bizarre et l’inquiétant, dans le glauque et le mystérieux ; avant qu’on ne s’en rende compte, on est dans un monde qu’on va avoir du mal à quitter, qui exige qu’on continue à le découvrir...malgré l’angoisse et la répugnance, malgré la peur et le malaise, on sait qu’on va rester.
Je me rends compte que c’est à mon tour de faire de l’aguichage maladroit, mais en toute honnêteté, on a ici affaire à un animal bizarre qu’il vaut mieux apprivoiser soi-même.
 
De toutes manières, « Brand new cherry flavor » a plus à donner qu’un univers biscornu !
Tout d’abord, un premier rôle impeccable de bout en bout !
Je vais essayer de modérer mon admiration... Ou pas, car Rosa Salazar (Lisa Nova donc) passe d’un bout à l’autre d’un spectre émotionnel aux allures de grand écart avec une intensité dans son regard noir tout bonnement magnétique. Elle est un point d’ancrage sans faille, nous guidant de plus en plus profondément dans ce qu’on peut difficilement éviter de décrire un peu sempiternellement comme le terrier du lapin.
Voilà, je vais m’arrêter là, je crois que c’est clair : je l’ai trouvé parfaite dans un rôle qui tient du numéro d’équilibriste.
Mais le reste du casting est au diapason : Catherine Keener et Eric Lange font le job avec assurance et juste ce qu’il faut de folie pour garantir une immersion sans faille !
(Et juste parce que ça fait quand même toujours bizarre de l’entendre parler, je vais aussi mentionner qu’on peut y voir Manny Jacinto, l’hilarant ‘Jason Mendoza’ dans l’excellent ‘The good place’)
 
Ensuite (et surtout), comment ne pas mentionner la manière dont l’histoire se dévoile en exploitant les faux-semblants. Rappelez- vous, on est à Hollywood, et la série se sert de ce fait pour nous garder dans un état de doute perpétuel sur ce que l’on voit.
Chaque personnage joue sur sa dualité, exhibant des attitudes dont on ne peut jamais être sûr qu’elles ne soient pas un rôle joué dans le seul but d’atteindre un objectif.
L’enflure/producteur nous rappelle sans cesse cette évidence : tout le monde est en quête de quelque chose en ce lieu où les apparences font office de réalité...Tout est faux et tout est vrai, la seule variable est ce qu’on cherche à obtenir.
De fait, rien ne semble jamais acquis dans ce foutraque jubilatoire : les gens ne sont pas ce que l’on croit, les échecs se transforment en succès (et vice-versa), le burlesque se mue souvent en horreur (là encore, l’inverse est tout aussi vrai),… J’en passe et des meilleures.
Heureusement, il y a un fil d’Ariane ; quelqu’un qui vit au premier degré tout ce qui lui arrive : c’est dans le personnage de Lisa que se trouve certainement la réponse aux nombreuses questions que l’on se pose en regardant cet exercice maitrisé.
Un autre personnage, celui de 'Boro' (qui, si on voulait persister à tracer un parallèle avec ‘Alice aux pays des merveilles’, tiendrait le rôle du lapin blanc), nous en informe d’ailleurs (en s’adressant à Lisa, mais elle pourrait tout aussi bien s’adresser à nous) :
" It’s going to be a little fucked up, but the good news is : it will only get as fucked up as you are…"

 
En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0037-38 : Battle Royale

Pré scriptum : Comment ? Oui, je vous pose la question : Comment éviter de parler de « Squid game » ?
Pas possible ?
Bon ok, puisque Mr Hollywood…
Attendez… Ça me fait penser… Mr Hollywood a certainement changé de nom ces dernières années : il se fait sans doute appeler ’Mr Streamy’ maintenant !
On reprend donc :
Puisque Mr Streamy a trouvé le moyen de tous nous forcer à considérer le ‘jeu du calamar’ comme un objet de curiosité, je ne vais pas vous laisser tomber ; je vais vous aider à répondre à la seule question qui mérite d’être posée : est-ce que « Squid game » vaut la peine d’être regardée ?
Pour se faire, je vous propose de rester dans le thème en organisant une ‘Battle Royale’ !

Aujourd’hui, dans mon salon, c’est :

« Squid game » VS « Alice in borderland » !!

Les deux séries partent exactement du même principe : des participants à un jeu tordu se font zigouiller s’ils ont la mauvaise idée de perdre…
Etant sorties à moins d’un un intervalle, ça me paraissait un juste retour des choses de les faire s’affronter dans un combat à mort !
J’ai donc regardé le premier épisode de mes deux concurrents et ma sentence sera irrévocable (comme dirait l’autre) : je n’en continuerai qu’une !





Salutations,



A tout seigneur, tout honneur !
« Squid game » est devenu la série la plus regardée de Netflix cette semaine : près de 111 millions de personnes ont visionné au moins un bout de la série au cours de ses 17 premiers jours de disponibilité ! Oui madame, rien que ça !
(Au passage, je précise qu’elle a détrôné la série « Bridgerton » dont l’histoire tient en une question existentielle : « comment le personnage joué par Regé Jean-François (ou peu importe son nom…) en est venu à inventer la contraception pour homme ? »)

C’est donc avec ‘SG’ que je vais ouvrir le combat :
On suit les déboires de Seong Gi-hun dans un portrait qui ne s’embarrasse pas de nuances : cet homme est un raté dans tous les sens du terme.
Je l’ai déjà dit maintes fois (et je le redirai encore) : l’enjeu primaire pour moi quand je regarde une série, c’est de savoir si je peux m’accrocher aux personnages, développer une empathie pour eux qui me pousse à continuer de regarder l’histoire dont ils font l’objet.
C’était ma crainte principale avant d’appuyer sur ‘play’ et je dois dire qu’elle était largement infondée : qu’est-ce qu’il est attachant ce con !
Pas de problème, donc, de ce point de vue-là : quand il en retourne que notre parieur invétéré s’est mis dans des draps sur lesquels je n’oserais pas mettre le chien de mon pire ennemi, on ne manque pas d’envie de voir comment il va s’en sortir.
Le hic, c’est qu’on n’a pas vraiment le temps de s’en faire pour notre couillon de service.
Il est enlevé, et alors qu’on devrait commencer à baliser ; on comprend tout, tout de suite : bien sûr qu’il est prisonnier et, évidemment qu’il va devoir ‘jouer’ ! On sait 10 minutes avant lui ce qui l’attend et ça ne me dit rien qui vaille !
Bon, ce n’est pas encourageant, mais je m’accroche : cette série n’a certainement pas été regardée 111 millions de fois pour si peu !
Il doit y avoir quelque chose dans cette histoire de tellement dingue, de tellement profond que je suis sur le point d’avoir un retournement de nouille presque transcendantal !
Mais c’est là que le proverbial bât a blessé : j’ai eu beau essayer, j’ai eu du mal à voir quelque chose de transcendantal dans cette série qui m’a semblé plus préoccupée à passer en revue sa série de ‘check point’ qu’à raconter une histoire :



-Esthétique pop immédiatement reconnaissable (et future ‘it’ costume pour halloween) : check !

-Détournement de jeu enfantin pour créer un décalage malsain : check !

-Ralenti systématique à grand renfort d’hémoglobine : check !

-Personnage masqué bien glauque et drapé de mystère qui semble se délecter du spectacle : check !

-Un ensemble de personnages dont le profil (entre autres : une bonne poire qui veut revoir sa fille, un intello à lunettes qui va trouver les failles, une nana badass au passé trouble, un criminel prêt à tout pour partir et un petit vieux qui n’a plus rien à perdre) sont autant de clichés taillés au millimètre pour que les trahisons les uns envers les autres soient tantôt tragiques, tantôt jouissives mais rendues inévitables par la survie…(check !)


Bon, je pousse un peu. Soyons de bon compte : cette petite liste fait le taf et il ne faut pas être grand clerc pour comprendre pourquoi la série fait un tel buzz.
On a donc un personnage sympathique et une série de check-points pour trend rapide qui a valeur de cahier des charges réussi : cela donne un show divertissant… Mais est-il pour autant indispensable à regarder ?
Vous l’aurez deviné (ou pas), pour moi, la réponse est non.
Car je n’ai pas mentionné « Battle royale » dans le titre juste parce que ça faisait cool : cela fait maintenant presque 20 ans que le film est sorti en Europe et, depuis cet objet culte (que je vous conseille) a été l’inspiration de nombreux ouvrages visuels.
Ce n’est pas un problème en soi que ‘SG’ l’expose aussi ostentatoirement comme partie fondatrice de son ADN mais pour qu’une série qui revisite les thèmes développés dans son œuvre séminale en vaille réellement la peine, il faut qu’elle soit une valeur ajoutée au propos, qu’elle en fasse une relecture pertinente, moderne ou un tant soit peu subversive.
La conclusion s’impose d’elle-même : non seulement je ne pense pas que ce soit le cas, mais qui plus est ; je doute fortement que la suite, au-delà de tous les rebondissements et de l’horreur qui sont à coup sûr au programme, puissent me faire changer d’avis.
Seule la perte inévitable de l’innocence de ce brave Seong Gi-hun et le fait d’être témoin de sa mue, probablement à la toute fin de la saison, me semble modérément intéressante… Cela pourrait me pousser à la curiosité, mais ça dépendra de facteurs complètement extérieurs à la série (à savoir : si j’ai du temps à perdre !)

Voilà pour « Squid game »…Voyons si son adversaire du jour se débrouille mieux :



En démarrant « Alice in borderland », difficile de ne pas constater qu’on est également parti sur des clichés faciles : le gamer sans notion d’avenir, la petite frappe aimant à problème et le fonctionnaire en train de mourir d’ennui.
Mais ce sentiment ne perdure pas : une scène sans paroles de 30 secondes vaut parfois une exposition de 15 minutes et c’est le cas ici : l’installation se fait rapidement, à l’aide de quelques scènes bien calibrées, presque belles ; on devine la profonde amitié de nos 3 comparses avant que tout bascule.
Cette faculté d’évoquer du ressenti rien que sur le visuel me laisse une meilleure impression ! Et elle continue de s’affirmer quand le mystérieux évènement initiateur de l’histoire se produit: le moment de silence presque total alors que nos anti-héros découvrent qu’ils semblent tout à coup être complètement seuls dans leur mégapole est plus parlant que beaucoup de longs discours.
Reste à voir où cela mène… Ou pas en fait car, ici, le mystère prédomine ! On ne comprend pas tout de suite ce qui se passe et ça aide grandement à l’immersion : on est aussi confus que les personnages, on découvre leur condition en même temps qu’eux.
Pas pressé d’en venir au fait, la série prend le temps d’ancrer les protagonistes dans leur nouvel environnement. On les voit revisiter leurs anciennes vies tels des fantômes, et on n’est pas très sûr de savoir s’ils sont seuls ou invisibles ; là encore, le visuel laisse la place à l’exposition au lieu d’un quelconque dialogue ! Cette série comprend décidément son potentiel dramatique, elle ne ressent pas le besoin de s’appuyer sur des artifices trop lourds (par exemple, mais au hasard hein ! Des costumes au visuel claquant…) et c’est salutaire, car on reste au fond sur une histoire déjà vue et revue.
Mais quelle histoire en fait ?
La survie pardi !
Ici pas de méchant masqué qui observe avec son whisky 50 ans d’âge (pas dans ce premier épisode du moins), tout se fait de manière impersonnelle, à travers des écrans.
Ils représentent une présence écrasante, omnisciente. Ils sont partout, tout le temps ; ils sont une ligne de vie et le vecteur de l’angoisse. La menace qu’ils incarnent reste donc diffuse et cela renforce la confusion : au-delà des évidences (les enjeux de survivance ou de trépas immédiat) impossible de comprendre ce qu’il se passe réellement, et encore moins qui ou quoi se cache derrière ce cauchemar.
Mieux encore, le timer qu’ils exhibent infuse une bonne tension, on est ici dans une sorte de « Cube » (1997…ça date pas d’hier non plus ! mais coup d’essai, coup de maître pour Vincenzo Natali) sous stéroïde et cela fonctionne du tonnerre !
Tout ceci étant dit, on reste bien évidemment sur les mêmes dilemmes éculés : « oooh mon humanité m’empêche de faire ce que je dois faire pour survivre… » *5 minutes plus tard* « …RAF, t’as qu’à crever, bâtard ! »
Et, au final, restons honnêtes : cette série, pas plus que la précédente, n’a, je pense, le potentiel d’apporter une relecture du genre.

Mais il y avait match, et je dois décider du vainqueur…

Le doute ne devrait pas vous être permis en arrivant à ce stade (je profite de l’opportunité pour m’excuser de la longueur de ce billet) : j’ai été plus convaincu par la deuxième variation du thème ! (Sans, pour autant, être réellement conquis...)
Reste donc à voir si « Alice in borderland » peut tenir les promesses qu’elle fait!
L’espoir est permis : la fin tease (on reste dans la suggestion) qu’on est dans une histoire plus large, semblant indiquer que le show en a gardé sous la pédale.
Néanmoins, je dois convenir que le style est fragile, et l’ensemble peut tout à fait s’écrouler comme un château de cartes au moindre effet de manche trop facile.
Mais, ici, point de prédiction facile ! Pour connaître la suite, une seule solution :
Continuer à regarder !


En vous remerciant, bonsoir !