criTiQue 0051 : tu vas où comme ça ?

 





Salutations,




Ce n’est pas la chose la plus plaisante à claironner, néanmoins, c’est la vérité : en matière de télévision, si on en venait à me traiter de vieux de la vieille, ce serait difficile de réfuter...Vous l’aurez d’ailleurs remarqué : il m’arrive de radoter.
Mais j’ai la faiblesse de penser que c’est à raison (la plupart du temps) ... Après tout, comme n’importe quel vieux de la vieille qui se respecte, j’ai pas mal roulé ma bosse !
Rendez-vous compte : il fut un temps où il n’était pas rare pour moi de regarder 16 ou 18 séries à la fois, et donc, autant d’épisodes par semaine sur une période qui s’étalait de septembre à mai...
Autant dire que j’en ai vu...
C’était un autre temps : je parle ici d’une époque où il était possible de faire le tour des séries Netflix...Ouais, je sais, ça paraît difficile à croire... Il n’en reste pas moins que ce rythme m’a permis, 3 ou 4 années durant, de voir tout ce qui m’intéressait de près ou de loin !
Imaginez un peu aujourd’hui... Vu l’offre, il me faudrait quasiment tripler cette cadence...
Enfin bon, je m’égare ! Tout ça pour dire que j’ai appris à reconnaître ce qui valait la peine que je m’accroche et ce que je pouvais arrêter au bout d’une demi-heure.
Si je prends la peine de vous expliquer tout ça, c’est parce qu’il y a bien entendu des exceptions qui vont au-delà du simple acharnement (comme chroniqué ici).
Aujourd’hui dans mon salon, on parle de «From» : la série qui a pris 4 épisodes pour titiller mon intérêt !
Ce qui est d’autant plus incompréhensible quand on sait qu’elle est produite par Jack Bender (réalisateur récurrent de la série de mon cœur : ‘LOST’), Jeff Pinkner (qui est derrière une autre série de mon cœur : ‘Fringe’) et par les frères Russo (qui ont filmé les plus belles pages du ‘MCU’)... Bref, trouver meilleur pédigree ne serait pas une mince affaire ; on a ici affaire à des pros, des gens habitués à faire arriver des gros bateaux à bon port…
Pourtant, malgré ces noms ronflants, la série prend un temps rédhibitoire pour trouver son chemin ; et, spoiler alert, sans la qualité intrinsèque des deux premiers épisodes, j’aurais passé le mien...
 
De quoi ça parle ?
La série s’ouvre sur une petite bourgade, à première vue paisible.
On y trouve un homme occupé de nous rejouer ‘
RRRrrrr!!!’ : il traverse le village pour demander à tout le monde de rentrer chez lui pour la nuit.
Pourquoi ?
On ne traine pas à nous le montrer, car il devient rapidement très clair que cette ville est mal fréquentée la nuit : une horde de fantômes cannibales y rode et ils sont apparemment affamés ! Un des membres de cette bande de voyous sanguinaires ne traine pas à se lancer sur une petite fille ; et on devine à ses dents pointues que ce n’est pas du tout pour lui faire un gentil câlin.
Lancement du générique, l’histoire peut commencer…
On nous présente alors une famille qui sillonne l’Amérique en mobile-home, et ces pauvres bougres vont très rapidement être confrontés à la dure réalité de ce trou perdu : Non seulement c’est infesté de fantômes cannibales, mais en plus, c’est impossible de partir !
 
Le shérif (joué par Harold Perrineau, clin d'oeil aux fans de 'LOST' et de 'Roméo + Juliet')
, en tant que chef officieux du village, choisit néanmoins de ne pas expliquer de but en blanc à ces nouveaux arrivants ces deux fondamentaux... 
Son raisonnement est simple et, à mon avis, judicieux : après avoir tenté 17 fois de quitter le village pour se voir revenir par la même route, sans avoir pu la quitter, dans le même village ; ces voyageurs seront peut-être plus amènes de croire que, pour des raisons que tout le monde ignore, il est impossible de quitter ce lieu.
Et quand, mis face à leurs échecs répétés, ils commenceront à se résigner, à accepter ce fait ; ils seront alors peut-être plus enclins à avaler la seconde pilule : si vous tenez vraiment à faire un tour au clair de lune, fantômes cannibales ce faisant, ce sera le dernier !
 
Malheureusement, cette belle logique n’a pas le temps de faire effet : au bout du troisième tour de manège, la famille se plante dans un ravin avec leur mobile-home… Impossible de les dégager rapidement…
Ils vont devoir passer la nuit dehors !
Ta ta taaaa ! 
Où tout autre répétition de son indiquant un suspense intense d’ailleurs, car la scène d’ouverture ayant installé assez efficacement la terreur et le danger posés par les fantômes cannibales, le suspense qui se développe est effectivement intense.
On a alors droit à un très bon double épisode, chargé de tension, où la survie des protagonistes est aussi précaire qu’incertaine.
Je sais que vous sentez les tares rédhibitoires venir et je ne vais pas vous faire attendre : 
Les problèmes commencent au troisième épisode : on est face ici à une sorte d’antithèse de la géniale ‘Midnight mass’, car 'From' est une série qui s’appuie sur l’épouvante pour amener les personnages.
Vous me direz « et pourquoi qu’on ne pourrait pas, d’abord ? »
On peut tout à fait, Jean-Pierre ! Néanmoins, pour se faire, il faut des personnages intéressants à qui il est arrivé des trucs intéressants ; et, ici, on n’a ni l’un, ni l’autre…
Des exemples ? Voyons, vous avez le choix : l’ado qui se rebelle contre des portes ouvertes ; la jeune femme glauque qui entend des voix glauques qui la poussent à faire des trucs toujours plus glauques ; le mioche lourd qui voit des autres mioches mais qu’on ne croit pas alors qu’il a raison ; le patron d’une start-up à la mode qui casse les pieds à tout le monde pour trouver une solution et qui finit par tomber sur un début de solution ; le shérif qui a perdu sa femme parce qu’il faut qu’on soit triste pour lui…et je ne vous ai même pas encore parlé de la tribu hippie qui vit dans le village !

Alors pourquoi j’ai continué de regarder au-delà des deux premiers épisodes qui constituent un mini-film assez sympa ?

C’est simple : parce que j’ai toujours raison !
Ça a l’air un peu pompeux dit comme ça, mais force est de constater que je l’ai déjà dit : quand les personnages sont mauvais, la série est mauvaise…et que ce passe-t-il si les personnages sont bons ? Hein ? Hein ?
Oui, Jean-Pierre, c’est ça ! Elle est bonne !

Et ça se vérifie encore ici, comme si les scénaristes s’étaient rendu compte en cours de route où ils voulaient aller avec cette histoire (il faut tout de même attendre le quatrième épisode) : dès que la série se décide enfin à explorer réellement ses personnages au lieu de les mettre en position ‘a’ ou ‘b‘ dans le simple but de leur faire peur ; on aperçoit une lueur d’espoir pour ce show qui a tout pour être plaisant ! 
Un mystère prenant, une horreur glaçante et une atmosphère pesante sont autant des bons outils utilisés (plus ou moins) à bon escient sur des personnages qui, après un départ catastrophique, finissent par se révéler…
Bon, on ne va pas se mentir, ce n’est pas encore la panacée, mais au moins, on est sur le bon chemin !
En fait, ce n’est pas plus compliqué que ça de faire une bonne série : Il suffit de savoir où on va !




En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0050 : telle est la voie

 







Salutations,




Instant confession dans mon salon : cela fait des mois que je vis dans la peur !

Rassurez-vous, on n’est pas vraiment dans une situation où il est question de vie ou de mort… (Quoique)

Néanmoins, impossible de prétendre que je vis dans l’indolence depuis l’annonce de la série ‘Amazon Prime’ basée sur le legendarium de J.R.R Tolkien... A tel point que je ne sais plus trop si je désire ou si je redoute de voir arriver septembre !

Le bestiau à un milliard de dollars (et ce n’est pas une figure de style) se nomme « The Rings of Power » et on aura donc l’occasion d’en reparler…

Tout ça pour dire que je vais bientôt ressentir ce que, rien que ces derniers mois, les fans d’Asimov ('Foundation') ou de Robert Jordan ('The wheel of time') ou encore ceux de Leigh Bardugo (‘Shadow and Bones’, que je n’ai malheureusement pas chroniqués, mais que, pour ceux qui se demandent, j’ai appréciée) ont ressenti en découvrant après des mois d’attente, ce que leur réservait l’adaptation de ce qu’ils chérissaient depuis de nombreuses années...

 

Ceci étant dit, on ne va pas se mentir, même si mes pensées étaient effectivement tournées vers les fans de ‘Halo’ quand j’ai lancé le premier épisode de la série ; j’ai appuyé sur ‘play’ avec une curiosité assez marquée.

La prémisse de la série est pourtant on ne peut plus basique (un futur lointain, un pouvoir galactique centralisé qui règne par la force, des poches de résistants qui luttent pour leur indépendance et une race alien belliqueuse ; vous voyez le tableau…) mais comme expliqué dans ma lluBiE 0007 consacrée à 'Arrival', je passe rarement mon tour quand l’occasion se présente de me mettre de la Science-Fiction sous les yeux !

Néanmoins, cette curiosité sur ce que pouvait donner une tentative d’adapter cette franchise qui a fait le bonheur des afficionados de la Xbox ne pouvait pas me faire oublier le bilan abyssallement mauvais des transpositions consoles-->Live-action… Et, alors que je n’avais, pour ainsi dire, jamais eu l’occasion de m’en réjouir ; j’étais content de ne pas être fan du jeu, de ne pas me sentir fébrile, septique, et pourtant condamné à regarder un truc qui a une bonne chance d’être un désastre qui mutile l’objet de mon affection.

Bref, le temps de noter que la série est distribuée par un nouveau poulain dans l’écurie de Mr Streamy : ‘Paramount +’ (sérieux, ils vont pas bientôt tous arrêter avec leur ‘+’??), et produite par ‘Amblim’ (ne me demandez pas ce que Spielberg vient faire là-dedans, je ne sais pas Madame !) ; et nous voilà donc partis sur ‘Madrigal’ (Veuillez insérer votre blague ‘Disney’ ici) où commence notre intrigue.

Enfin, intrigue, c’est vite dit… De manière compréhensible, c’est surtout à l’exposition du monde dans lequel on évolue qu’est consacré cet épisode.

Comme d’habitude, c’est à travers des dialogues qui se veulent anodins que nous sont transmises ces informations. C’est loin d’être un exercice évident car ce sont des années de dynamiques complexes qui doivent transparaitre aux détours de quelques phrases et, à ce petit jeu, la série ne s’en sort que moyennement.

De fait, quand LA scène d’action pointe le bout de son nez dans le premier quart de l’épisode (les aliens belliqueux attaquent une poche de résistance qu’ils dégomment bien comme il le faut jusqu’à ce que le pouvoir central intervienne), on passe un peu à côté des enjeux de cette bataille qui n’en reste pas moins efficacement filmée à grand renfort d’acrobaties et d’hémoglobine…

Il n’y a qu’une seule survivante…Elle a tout perdu, et surtout son père…Le pauvre bougre n’avait d’ailleurs aucune chance : y-a-t-il encore un scénariste de série qui pense que c’est possible de faire une série sans héroïne pétrie de ‘daddy issues’ ?

 

Et après ?

C’est un peu l’encéphalogramme plat : notre héros, ‘Master Chief’ touche un artefact des aliens belliqueux et reçoit alors une série de flashs, d’images de son enfance oubliée qui le poussent à remettre en question sa nature de soldat programmé pour obéir…

Pourquoi ?

Mais parce que Jean-Pierre ! Par-ce-que !

Enfin, en tout cas, c’est là toute l’explication qu’on nous donne sur ce qui est tout de même la source de conflit majeur de cet épisode.

En effet, alors qu’on lui ordonne d’éliminer la seule survivante de la poche de résistance attaquée un peu plus tôt, le ‘spartan’ semble décider que le moment est venu de revoir ses priorités dans la vie !

Non seulement il ne la tuera pas, mais lui vivant, personne d’autre ne le fera !

Malheureusement donc, personne ne comprend réellement pourquoi il fait ce qu’il fait : ni lui, ni la scientifique qui lui a lavé le cerveau, ni le pouvoir galactique qui les emploie et encore moins les aliens belliqueux ! (Je ne vous parle même pas du spectateur…)

C’est d’autant plus dommage car le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attitude de ‘Master Chief’ rend tout le monde nerveux… Ce qui est d’ailleurs tout à fait compréhensible : un super soldat au cerveau bien lavé qui se met à penser par lui-même après avoir touché un artéfact, c’est bon pour personne…A part pour la survivante bien sûr ! 

 

Et c’est là que ça m’a frappé !

Je n’ai pas osé y croire tout de suite, mais j’ai dû plier sous le poids de l’évidence : j’avais sous les yeux un remake de « The Mandalorian » !

Je sais, Madame, je me suis dit la même chose : c’est beaucoup trop tôt !

Mais plus je ressassais les évènements, plus cela semblait bel et bien le cas :

On a là affaire à un mercenaire parlant avec une voix étouffée parce qu’il  n’enlève pas son casque et qui prend la décision irrationnelle de protéger un ‘grogu’ avant de se décasquer dans une scène émouvante devant son ‘foundlings’ !

Franchement, rebooter 2 saisons de ‘Mandolorian’ en un seul épisode, c’est un sacré tour de force ; il fallait oser…

 

Bon, j’ergote, j’ergote mais je ne réponds pas à la vraie question : est-ce que ça m’a plu ce remake déguisé en adaptation ?

L’ensemble est suffisamment divertissant pour que je vous déconseille d’y jeter un coup d’œil et il est même possible que je me laisse tenter par l’épisode deux…néanmoins, ce serait (me) mentir de ne pas dire que j’ai des gros doutes sur l’intérêt de consacrer plus de temps à ‘Halo’ : les ponts jetés vers la suite ne m’ont pas encouragé outre mesure à poursuivre le chemin.

Le casting ne manque pourtant pas d’attrait, j’étais autant enthousiasmé de retrouver Natascha McElhone que j’avais complètement perdue de vue depuis ‘Californication’, que Pablo Schreiber qui m’avait beaucoup plu dans son rôle Mad Sweeney dans ‘American Gods’ ; néanmoins, ils n’apportent pas apporté la plus-value escomptée à ce pilote.

N’ayez crainte cependant ! Si d’aventure la suite des pérégrinations de Mando… Euh, ‘Master Chief’ et son pendant de ‘Grogu’ venaient à me faire changer d’avis, je ne manquerai pas de vous en informer !

Ne me remerciez pas, telle est la voie !




En vous remerciant, bonsoir !