criTiQue 0014 : Prima Facie

SUMMER 2009 PRESS TOURSalutations,
Je n’arrive pas à croire que je n’ai pas encore pris la peine de vous parler de « The good Wife » (« La Bonne Épouse » en est déjà à sa seconde saison Outre-Atlantique)…A ma connaissance, cette série est inédite chez nous et j’ai réellement du mal à comprendre pourquoi !
Alicia Florick (l’épouse en question) est une femme bafouée, trompée, puis mise en pâture à l’opinion publique : Son mari, Procureur d’Etat, est obligé de remettre sa démission alors qu’il est accusé d’étouffer certaines « affaires » en retour de « faveurs sexuelles ».
Peter (le mari de la « bonne épouse ») est envoyé en détention préventive et il incombe alors à Alicia de subvenir aux besoins de sa famille…Heureusement pour elle, un vieil ami d’université (qui est, évidemment, amoureux d’elle) accepte de lui offrir une chance dans son cabinet d’avocat.
Bon…je sais…cela sonne un peu « mélo » résumé comme cela mais c’est (très) rarement le cas.
Tout d’abord, les histoires sont construites autour des « faits » qu’impliquent les « affaires » sur lesquelles Alicia travaille et la série est avant tout une série « judiciaire ».
Ce cadre (le tribunal) fourni, au-delà des situations inhérentes à un procès (que l’on peut trouver intéressantes, ou pas…personnellement, j’adore !), tout un éventail de situations qui nous forcent sans cesse à questionner la moralité des personnages (et par extension, la nôtre).
Deuxièmement (et c’est la grande force du « show »), il y a derrière Alicia tout une flopée de personnages secondaires qui, chacun à leur manière, apportent un plus à l’intrigue générale et à la série dans son ensemble.
J’irai même jusqu’à dire que, au final, les personnages secondaires sont tellement bons qu’ils réussissent à faire du personnage principal la personne la moins intéressante du lot…
Evidemment, tout est une question de goût et de sensibilité :Alicia reste une bon personnage, je dirais simplement que son aptitude à garder le contrôle de ses émotions lui donne quelques fois un manque de relief qui est dommageable pour la crédibilité, l’intérêt et l’empathie qu’on lui accorde en tant que spectateur à ses déboires (si cela avait été ma femme dans la même situation, je ne serais plus là pour écrire la critique de la série tirée de sa vie…Je serais mort dans d’atroces souffrances…bref)
Mais c’est surtout la richesse des intrigues qui donne à cette histoire de femme trompée un réel enjeu. Car tant les dilemmes moraux que les intrigues politiques (entres autres trames qui jalonnent les épisodes) donnent une dimension bien plus captivante à la série qui si elle s’était résumée aux mésaventures sentimentales de la belle Alicia.
Coté casting, les fans d’ « Urgences » seront heureux de retrouver Julia Margulies (qui campait l’infirmière Carol Hathaway) qui fait, tout de même, du bon travail avec cette courageuse avocate qui, comme je le disais, peu paraître un peu « glaçante » (je l’avais revue précédemment dans une mini-série : « The Lost Room »…J’en parlerais peut-être dans une autre llUBiE…)
Toujours au rayon « Que sont-ils devenus ? » Nous retrouvons aussi le « Knox Overstreet » du « Cercle des poètes disparus » dans le rôle de Will Gardner (qui, pour rappel, est copropriétaire du cabinet d’avocat qui emploie Alicia et qui, accessoirement, en pince pour elle depuis longtemps).
Bien sûr, je pourrais vous parler plus longuement des autres acteurs (ils sont tous impeccables) mais je préfère vous inviter à essayer de vous procurer cette série qui, si tant est que les intrigues judiciaires vous intéressent, vaut vraiment qu’on lui donne une chance.
 
En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0013 : Retire ton masque !

Fringe 4

Salutations,

Puisque j’en viens à parler de « Fringe », je voudrais commencer par une petite mise au point (qui est, d’ailleurs, est l’une des (rares) causes de désaccord « culturel » avec mon ami N.) : Non, « Fringe » n’est pas un énième ersatz de « X-Files » !

Voilà qui est dit, je peux commencer…

Pour dire la vérité, cette affirmation n’a réellement pris son sens qu’a la fin de la première saison…Néanmoins, le doute n’est, depuis, plus permis : non seulement « Fringe » a une mythologie propre (ce qui est, aussi, la source d’un débat entre moi et N…) mais, qui plus est, elle fonctionne parfaitement bien…jusqu’à maintenant.

La théorie des « mondes parallèles » est un terrain de jeu formidable et il a été exploité avec excellence par l’équipe mise en place par l’inévitable JJ Abrams (producteur, entre autres, de « Lost »).

Pour cette troisième saison, les scénaristes ont décidé de pousser leur logique encore plus (trop ?) loin : Nous passerons une bonne partie de notre temps « là-bas » (dans une dimension parallèle). Je comprends que les nombreuses possibilités qu’offre ce changement de « décor » aient été très attirantes mais, en regardant la première fournée de cette cuvée 2010-11, j’en suis venu à me demander si le prix à payer en échange n’était pas trop dommageable à la série…

Je m’explique :

Quand on regarde de plus près, c’est autour de Walter que la trame s’organise et le poids dramatique de l’histoire est inhérent à la capacité des scénaristes à faire éprouver au téléspectateur de l’empathie pour le savant fou…

Ses…euh…erreurs liées à Peter et les conséquences qu’elles ont eue « là-bas », sa relation avec son « fils » (Peter donc), les circonstances qui l’on amené à être interné, la froideur (apparente) de ses liens avec William Bell (l’excellent Leonard Nimoy…”Spock” en personne !), l’affection et les regrets qu’il éprouve pour Olivia, le désarrois (parfois même la détresse) et les problèmes provoqués par sa mémoire défaillante, la complicité qu’il est en train de développer avec Astrid, son génie, sa touchante naïveté, ses remords et ses regrets…(Dois-je vraiment continuer ?) Walter est au cœur de tous les évènements qui jalonnent l’histoire et cela pose un problème car l’immersion de la trame « là-bas » nous coupe de lui.

Bien sûr, cela permet, aussi, une relecture de son personnage par l’entremise de son « double » et la lumière que cela jette sur les actions passées de « notre » Walter est intéressante. Mais il est indéniable que la froideur et le dégout qu’inspire « Walternate » (le Walter de « là-bas ») crée un déséquilibre :

En effet, « Fringe » étant une série de « science-fiction » passablement compliquée, la balance entre l’émotion et la « science » décrite se doit d’être parfaite…Ce n’est plus complètement le cas pour l’instant et, pour une série qui a du mal à trouver son publique, cela pourrait avoir de sévères conséquences.

Pourtant, loin de moi l’idée de me montrer déçu. Car ce début de troisième saison est, nonobstant mon aparté sur Walter, extrêmement efficace. La perversité émotionnelle créée par l’échange de « notre » Olivia avec la « leur » est tout simplement insoutenable et la tension malsaine que cela génère donne un souffle supplémentaire à cette série qui ne manque, décidément, pas d’atouts.

En vous remerçiant, bonsoir !

criTiQue 0012 : C’est pour aujourd’hui ou pour demain ?




Salutations,



Il y a une nuance de taille avec le constat posé lors de la crItIquE 0010 : Alors que je disais subodorer les prémices d’une conclusion pour « House M.D », je renifle désespérément pour essayer de, enfin, déceler la même odeur sur « How I met your mother » (« HIMYM » pour les initiés et « Comment je l’ai rencontrée » pour les récalcitrants à la V.O.)


Comprenez-moi bien : La série reste drôle (très drôle) et je n’ai pas (encore) été témoin d’un manque flagrant d’imagination dans les pérégrinations de la bande à Ted Mosby (quoique…) MAIS
le « show » (comme disent les Américains) commence réellement à souffrir de sa longévité (nous en sommes à la 6ème saison !) :
-A force d’étaler, toujours un peu plus longtemps, la résolution d’une prémice qui aurait pu (dû ?) se faire moins longue (un homme raconte, 20 ou 30 ans après les faits, comment il a rencontré leur mère), la trame a perdu beaucoup de sa substance (au point de m’avoir, quelque fois, fait oublier que c’était, avant tout, l’histoire de Ted)
-Je crois comprendre que la série est souvent comparée à « Friends »…c’est un peu réducteur à mon goût mais ce qui est clair c’est que « HIMYM » commence à souffrir de ce que j’ai fini par appeler le « syndrome Friends » : Quand des personnages plus ou moins bien ancrés dans la réalité deviennent, lentement mais surement, des caricatures d’eux-mêmes.
J’en ai fini avec les critiques (relatives, vous en conviendrez) mais, qu’on se le dise : j’aimerais voir la conclusion poindre ne fut- ce que le bout de son nez…


Nous nous retrouvons en plein « Flash Forward » (c’est décidément à la mode ces derniers temps) dans le premier épisode de cette 6ème saison. C’est le jour du mariage de Ted, l’espace de 5 minutes, nous touchons la conclusion du doigt et….Retour au présent….ce petit bon dans le temps (dont on ignore la durée), aussi excitant que frustrant, n’est qu’une occasion de nous rappeler l’importance de certains indices quant à l’identité de l’heureuse élue…
Bon je ravale tout de même ma frustration. Car, il est certain que le programme de cette année est alléchant :
-Barney reste…Barney
-Marshall et Lilly continuent de passer par tous les poncifs du couple télévisuel relativement brillamment (après l’installation ensemble semée d’embuches, le jour du mariage chaotique, nous voilà maintenant arrivés à l’étape suivante : la tentative, un temps infructueuse, de fonder une famille)
-Robin se remet de se dernière déception amoureuse
-Et Ted va rencontrer…son pire ennemi : une jolie blonde (architecte) jouée par Jennifer Morrison (nulle autre que « Cameron » de « House ») dont il va, évidemment, tomber amoureux…


Tiendrait-on enfin notre « Mother » (« Mère ») ?
Réponse en Mai…


En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0011 : On se connaît ?

Salutations,

Je n’en attendais pas moins d’une artiste qui appelle son album « Heavy Meadow » (qui, si on le traduit littéralement veut dire : « Lourde Prairie ») mais le fait qu’il y ait beaucoup et peu à la fois à écrire sur Anni Rossi est le premier paradoxe d’une chanteuse qui semble les collectionner.
Des exemples ?
-Musicienne à la formation classique, son premier album est produit par un certain Steve Albini. (Qui avant elle a, entre autres, produit les breeders, Nirvana, PJ Harvey et les Pixies)
-C’est avec son violon qu’elle a accompagné les "ting tings"  en tournée
-Elle arrive à faire de « Creep » de Radiohead (toujours à l’aide de son violon) une célébration bizarre de la différence  (en lieu et place de la complainte amoureuse du génialissime groupe anglais)
(Je pense que cela suffit pour les exemples)

Anni nous revient, un an après, avec un album plus riche et plus dense que le minimaliste « Rockwell »…
Vous me direz que ce n’était pas difficile car, le Premier effort studio estampillé « LO-FI » (apparemment faire exprès d’avoir un son de mauvaise qualité c’est « cooool ! ») et enregistré (selon la légende) en un seul jour à plus l’allure (bien qu’il soit  très bon) d’une démo que d’un véritable LP

Revenons à nos prairies : Ce qui frappe à la première écoute de ce deuxième album (ou, en tous cas, ce qui m’a frappé) c’est que dès les premières secondes la musique vous parait familière. Comme si Anni était votre meilleure amie et qu’elle avait mis en musique une journée que vous aviez passée ensemble.
Sa pop aux teintes électro est sucrée comme un gros bonbon (oui, il est permis de dire cela de quelqu’un d’autre que Katy Perry) n’est peut être pas ce que j’ai entendu de plus transcendant cette année mais elle n’a pas la prétention de l’être : « Heavy Meadow » est simple sans être simpliste, direct tout en étant subtil et immédiat dans le plaisir qu’il donne sans, pour autant, être racoleur.
Bon, l’album est un peu longuet et aurait gagné en fraîcheur avec deux ou trois plages en moins, cela aurait sans doute permis aux meilleures chansons de mieux ressortir du lot au lieu de se noyer dans la masse, néanmoins l’ensemble est suffisamment intéressant (à mon goût) pour en appeler à d’indulgence.

En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0010 : C’est la luuuuutte finaaaaleeee !

Salutations,

Comment renouveler, année après année, un personnage dont l’imprévisibilité est devenue…prévisible ?
Tout le monde connait Gregory House : misanthrope génial, menteur brillant, voleur, égoïste, egocentrique, … Yada yada yada ce n’est pas mon but de faire un énième portrait dithyrambique de House…Ce que je veux dire (pour poser la question autrement) c’est qu’après le formidable épisode final de la sixième saison l’interrogation me parait légitime : Est-ce que House a-t-il encore quelque chose à nous offrir, émotionnellement parlant ?
Au vu du début de la septième saison, la réponse ne souffre d’aucune discussion : 
OUI (mais plus pour longtemps)
Pour étayer ma réponse,  Oui, « House » à encore quelque chose de neuf à offrir…Oui, toutes les facettes du personnage n’ont pas été explorées…Mais il clair que nous arrivons, doucement, au bout du cheminement personnel de House avec cette question posée ouvertement : Peut-il être heureux ?

Permettez-moi un coup d’œil (rapide) dans le rétroviseur : après avoir dû apprendre à (di)gérer des relents de sentiments pour son ex, s’être fait tirer dessus, supporté une enquête visant à lui faire perdre sa licence (pour de petits problèmes de drogue), avoir perdu son équipe et initié une compétition entre quarante  candidats pour la remplacer, se passer de soutien de Wilson (après le décès de sa petite amie , Amber), être forcé d’assister à l’enterrement de son père (qui n’est pas son père biologique), admettre qu’il était temps pour lui d’arrêter le « Vicodin »  (après avoir été victime d’hallucinations impliquant Cuddy toute nue) avant de passer à batailler contre la rechute (démissionnant au passage) et ses sentiments grandissant pour son supérieur (qui semble, tout un moment, bien partie pour se marier avec un autre), on le quitte à la fin de la sixième saison alors qu’il est sur le point de craquer émotionnellement et de retomber dans une dynamique de dépendance aux antidouleurs. Il est sauvé de justesse par l’élue de son cœur qui lui avoue qu’elle n’arrive plus à lutter contre ses sentiments (elle est amoureuse de lui…alléluia)

Pas mal en 132 épisodes hein…Et maintenant ?

« Et maintenant ? »  (« Now What ? ») Est justement le titre du premier épisode de cette septième saison où House et Cuddy essayent de déterminer s’ils ont une chance d’être un couple « normal ».
Nous y voilà…En plein dans le vif du sujet ! Soyez honnête : Que ceux qui regardent « House » uniquement pour le côté « challenge médical » lèvent la main…
C’est bien ce que je pensais !
Le cœur de la série, c’est notre bon docteur, en tant que personne, et non la résolution de cas médicaux aussi difficiles qu’alambiqués. Les scénaristes ont eu l’intelligence de ne jamais laisser stagner le personnage, conduisant House à, enfin, vaincre son addiction pour gagner le cœur de sa belle.
Mais rien n’est jamais aussi simple avec Greg, malgré la longue attente infligée aux fans du couple, nous n’aurons pas droit (du moins pas de suite) à un « et ils vécurent heureux… ». Je n’en attendais pas moins mais House reste House et même si, pour la première  fois depuis qu’on le connait, il tente sa chance à la chasse au bonheur, il sait que les difficultés seront nombreuses pour lui…

Voilà, à mon sens, le dernier (et la plus important) des enjeux de la série (pour rappel : House est-il capable d’être heureux ?), la dernière chose (en tous cas, pour ma part) capable de garantir une saison sans baisse de qualité et sans commencer à ressasser encore et encore les mêmes situations.
Car, malheureusement, il faut prendre en compte le fait que, alors que le « show » continue d’offrir un divertissement de qualité, les audiences baissent drastiquement Outre-Atlantique (presque de moitié) et j’en viens à réellement souhaiter que les producteurs envisagent la fin des pérégrinations de mon médecin préféré avant que quelqu’un d’autre (la chaine…) ne le fasse à leur place, d’une façon non contrôlée scénaristiquement.
D’ailleurs, puisque cela sent, de toute façon, la fin (Hugh Laurie, l’acteur, l’a lui-même déclaré) ce serait la moindre des choses de laisser « Greg » partir la tête haute et, en fait, que la résolution de cette dernière lutte intérieur chez notre héro soit positive ou négative, qu’elle prenne une ou deux saisons (plus serait, à mon avis, une erreur), c’est tout le mal que je lui souhaite…


En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0009 : quel est son secret ?






Salutations,


Sacré Dex ! Vous en connaissez beaucoup, vous des « tueurs en séries » capables de vous émouvoir avec leur manque d’émotion ?

Car force est de constater que le constat posé ici reste, plus que jamais, d’actualité…
À tel point que, réfléchissant à ce que j’avais vu dans le premier épisode de la cinquième saison de « Dexter », j’en sois venu à me demander (sans doute avec exagération) si, dans un sens, les émotions de Dexter n’étaient pas plus « réelles » que les miennes (je sais : j’ai pas toutes mes frites dans le même paquet !)

Quoi de neuf sous la chaleur de Miami ?
Nous retrouvons notre anti-héro (y a-t-il un actuellement un personnage méritant plus cette appellation que lui ? Oui, je sais qui est Gregory House pourquoi ?) là où on l’avait laissé : pétrifié par la mort de sa femme…

Pétrifié me semble réellement le plus judicieux au vu de ce premier épisode tant Dex paraît incapable de gérer, d’analyser ce que la mort de Rita signifie pour lui.
Ironiquement, alors que cette léthargie émotive traduit (plus que n’importe quoi d’autre auparavant) l’authentique désarroi dans lequel se trouve Dexter, elle est interprétée, pour la première fois, comme « anormale » par son entourage. Si on rajoute son appel insensible, froidement descriptif au « 911 », son absence de larme ou de trace tangible de détresse émotive suite à la découverte du corps de sa femme et surtout les premières paroles qu’il prononce devant les policiers (« Tout est de ma faute »), il n’est pas, réellement, étonnant que tous ses « proches » (même Debra) se mettent à questionner ouvertement le comportement « détaché » de Dexter.

De fait, la curiosité malsaine de Quinn, l’enquête de FBI et le regard attentif de ses amis n’augurent rien de bon pour notre héros…En effet, non pour la première fois, Dexter a beaucoup de mal à comprendre ce qu’il lui arrive et il lui faut un certain temps (et pas mal de bourdes) pour se rendre compte qu’il est…en colère ! En colère contre lui, en colère contre « Trinty »…Cela donne à la scène ou il réalise sa colère une incroyable intensité : Michael C Hall (l’acteur qui incarne le tueur en série) y pousse son jeu à son paroxysme et, à elle seule, cette scène (où il pousse un cri qui m’a glacé le sang) justifierait, pour moi, qu’il gagne son deuxième « Emmy* » de rang !
Nous voilà clairement mis au parfum de ce qui attend notre homme cette année…Avec Quinn et le FBI (sans parler de sa famille) sur le dos, gérer les dernières (et les plus funestement triste) conséquences que son…euh… « Style de vie » vont avoir sur sa vie (familiale et professionnelle) ne sera pas chose aisée et quelque chose me dit que notre anti-héro se mettra bientôt en quête de rédemption.

La série continue de jouer sur sa force : La question cruciale n’est pas de déterminer la moralité des « agissements » de Dex dans un questionnement pompeux sur « le bien et le mal »...Plus que jamais, il est question des personnages, de leurs parcours émotionnel et du chemin de vie qu’ils essayent de tracer.
D’ailleurs, que cette affirmation ne soit vérifiable pour chacun des protagonistes (Que ce soit Dexter, Debra, Angel, Astor…) n’est pas le moindre des cages de la qualité que continue à offrir le show



En vous remerciant, bonsoir !


* (Récompense de la télévision américaine)

criTiQue 0008 : Qui fait le malin…( ?)

Salutations,

« Ça raconte quoi ? » (Me demande ma moitié alors que nous partageons notre café matinal)

« Heeeeuu… »

Derrière cette réponse d’une rare éloquence se cachait une question : Comment résumer l’intrigue de « The Event » ?

Deux jours après, je ne suis pas sûr d’avoir trouvé une réponse qui ferait justice à cet épisode « pilote » aussi ambitieux que complexe…

Essayons de rester simple : Sean Walker monte dans un avion, il est nerveux et il devient vite évident qu’il est poursuivi…pourquoi ?

C’est à ce moment que nous avons droit au premier des nombreux flashbacks nous permettant de comprendre comme un gars avec une bonne tête bien sympathique en arrive là.

Car là réside toute la difficulté (et la brillance) de la série : tantôt très court (quelques minutes), tantôt plus long (quelques jours) voire très long (quelques mois) la narration et l’avancement de l’intrigue ne se font par ces retours en arrière dans la vie des protagonistes.

En effet, Sean Walker n’est qu’un des personnages principaux que nous rencontrons :

Quelques mois plus tôt, le Président des Etats-Unis apprend l’existence d’un groupe de personnes détenu dans une « facilité » haute sécurité…Qui sont-ils ? Que font-ils ? Personne ne le sait mais le directeur de la CIA (Željko Ivanek…encore lui !) à l’air très nerveux.

Le Président insiste pour faire la rencontre du « leader » de ce groupe : Sophia Maguire

Elias Martinez (Mister President) veut rendre leur liberté à ce “groupe” (contre l’avis de ce brave directeur de l’agence et tous ses conseillers) mais juste avant la conférence de presse où le commandant en chef avait prévu de révéler l’existence de “groupe”. Un code rouge est déclenché et le locataire de la Maison Blanche est évacué des lieux…Ce qui nous ramène à Sean Walker et à son avion.

Quelques jours plus tôt, le brave Sean était encore un simple citoyen en partance pour une croisière avec sa petite amie, Leila Buchanan (la belle Sarah Roemer), où il avait l’intention de la demander en mariage. Mais à la suite de la disparition de celle-ci (dans des circonstances très suspectes: plus aucune trace de leur séjour dans l’hôtel) il se retrouve à essayer (pourquoi ? Comment ?) par tous les moyens possibles d’entrer dans la cabine du pilote d’un avion pour empêcher le coucou de faire un créneau sur le parking où se trouve le président. Juste avant que l’avion puisse se crasher il disparaît en plein air et Sophia Maguire lance un mystérieux: “Ils nous ont sauvé” puis s’adressant à Martinez : “Je ne vous ai pas tout dit”.

Ces prémices, éminemment prometteuses, doivent maintenant se développer et l’enthousiasme que je ressens à l’idée de voir le deuxième épisode pourrait se transformer en déception tout aussi intense.

Car force est de constater que cette introduction pose énormément de questions sans donner aucune réponse…Evidemment les producteurs se fendent de promesses sur le formidable timing de distillation de ces réponses (pas plus tard que la semaine prochaine, une première fournée devrait nous être livrée) Mais toujours est-il que cela donnait au « pilote » une impression de pompeuse : « vous avez vu comme c’est mystérieux, c’est cool hein les kids, c’est vraiment trop cool hein ! ». Comme le petit nouveau qui essaye de se faire des copains, il me semble que dans leur volonté de se faire remarquer, les scénaristes se sont un peu vautrés dans un « flashy » qui pourrait se révéler handicapant si, d’aventure, il s’avère qu’ils n’ont pas ce qu’il faut dans les tripes pour délivrer une intrigue à la hauteur de leur départ en trombe. (Encore une fois mes pensées se dirigent vers « Heroes »)

Côté casting, mention spéciale pour le « quidam », Sean Walker, incarné avec brio par Jason Ritter (qui bizarrement, ou pas, me fait penser à Ethan Hawke). Il ne faut pas regarder longtemps son regard de chien battu avant qu’il ne réussisse la chose la plus importante à réussir quand on est le point d’encrage des gens “normaux” dans une série : on s’identifie presque immédiatement à lui !

Qu’est ce qui fait du « groupe » de Sophia Maguire un sujet de conférence de presse ?

Pourquoi Leila s’est-elle fait enlever, comment sa famille se retrouve mêlée à cette histoire ?

Quel est ce mystérieux « Event » ? (je n’ai pas encore assez de contexte pour le traduire correctement mais, pour le moment, disons : évènement)

Et je suis au moins aussi curieux de savoir est parti l’avion que de savoir comment il est parti

Wait and see…

En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0007 : Attention mesdames et messieurs, dans un instant ça va commencer ! (Bilan de la saison 3)

Salutations,

C’est toujours difficile à encaisser : nous voilà repartis pour (à peu près) 270 dodos avant de revoir Sookie, Jessica, Pam (et maintenant, Cristal)

Bon, honnêtement, cette année l’attente sera plus facile à supporter. Car force est de reconnaître que le constat effectué au début de la troisième saison de True Blood reste de mise au moment de la clôture : cette saison restera, en ce qui me concerne, un petit cru.

Attention ! Je n’ai pas dit un mauvais cru !

C’était l’heure du bilan pour nombre de nos personnages et cette saison de transition fut le prétexte pour poser tout un tas de questions sur les réelles motivations de tout ce beau monde. Que veulent-ils ? Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Qui aiment-ils ?

Bien sûr, pour une série reposant sur sa propension à nous garder sous tension semaine après semaine, tenter de ralentir le rythme pour nous permettre de comprendre les tenants et les aboutissants des nombreux choix auxquels nos (anti)héros sont confrontés était un exercice destiné à être très (trop ?) difficile et le résultat s’en ressent :

Ces moments d’introspection étalés sur douze épisodes entre actions, sexe et pleurnichement étaient malheureusement de qualité inégale pour nos protagonistes.

Procédons avec méthode :

Sookie : C’est sûr, la belle miss geignarde télépathe a (tout de même) des raisons de se sentir paumée : Elle a appris qu’elle descendait des fées et que son sang était une sorte de « Dom Pérignon » pour les vampires qui, en plus, pouvait leur servir de crème solaire indice 1 million. Cela la rend donc un peu parano de savoir que son Billou a été envoyé par la reine Sofie-Anne pour la séduire (on le serait à moins…)

L’habituel « cliffhanger » de fin ne m’a pas contraint à ronger mes ongles jusqu’à la première phalange à la pensée de devoir attendre 9 mois pour voir la suite des rebondissements dans la vie sentimentale d’une Sookie semblant avoir attrapé la « casse-couillite » de ma grande amie « Bella »…malgré tout, (il faut avouer) je suis modérément curieux de savoir ce qu’il va se passer maintenant qu’elle est partie aux « pays » des fées

Néanmoin,s il est dommageable que Sookie passe par autant d’émotions contradictoires durant cette saison. Il aurait été salutaire de nous épargner une ou deux (voir trois) crises de « je t’aime moi non plus » car son personnage en a perdu (à mon goût) en cohérence (même si elle reste une « héroïne » de qualité)

Bill : Le pauvre bougre en a réellement bavé ces derniers temps… Après avoir essuyé une veste monumentale en réponse à sa demande en mariage, il se fait enlever ; est obligé de renoncer à celle qu’il (manifestement) aime vraiment, forcé de se « taper » une folle qu’il déteste et se fait condamner à mort (par éviscération),…Tout ça pour se faire à nouveau repousser par sa belle alors que nous avons, tout à la fin, la preuve irréfutable que son amour est sincère (il respecte sa promesse de tout faire pour éliminer ceux qui connaissent le secret de sa dulcinée).

L’histoire de Bill, déjà riche et dense, a encore gagné en opacité avec la révélation de son passé de gigolo au service de Sophie-Anne. On apprend que sa rencontre avec Sookie était motivée par la mission que la Reine lui avait confiée : Séduire la fée et lui amener sur un plateau en argent (enfin, façon de parler).

On le quitte alors que, tout en déclarant n’avoir « plus rien à perdre », il s’attaque à Sophie-Anne (pourtant sensée être bien plus puissante que lui)

Eric : C’est, plus ou moins, à bon escient que les scénaristes jouent avec la (ou les), très louche, motivation qui pousse le blondinet à agir. Cela donne à son personnage une certaine épaisseur sans laquelle son côté « beau gosse rebelle second degré » le rendrait insupportable (j’aurais préféré qu’on soit un peu plus subtil pour nous faire comprendre qu’il en pince pour « Sook » mais passons.)

Le lien qui l’unissait à Godric (qui un retour aussi surprenant qu’énigmatique), la belle relation qu’il entretient avec Pam et la nostalgie de sa vie humaine donne au viking un relief, le rend imparfait : il commet des erreurs et est vulnérable (et pas seulement dans le but de le rendre « attirant »)

Froid, intelligent et calculateur, au point d’en devenir un peu « cliché », il prouve dans ses relations avec sa « progéniture » et son « géniteur » qu’il est capable de véritable réponse émotionnelle qui crédibilise les « épreuves » qu’il traverse, qui donne à ses agissements (particulièrement quand il sont choquants) une, relative, intensité dramatique.

Sam : Je dois dire que je n’étais pas passionné par la quête initiatique de l’homme animal, ni par les frasques de sa famille retrouvée. Pire encore : le énième numéro d’homme tourmenté par son passé de tueur et qui pète les plombs « à cause que » on le croit gentil mais que c’est parce que personne ne le connait vraiment : c’est un vrai méchant !! (Non, non j’vous jure…faut pas le faire chier !)

Un « passé » vu et revu et rerevu qui est ici revisité, sans beaucoup d’imagination, mais qui est, in-extremis, sauvé par le coup de feu dirigé vers son demi-frère. Cet acte purement gratuit et meurtrier (encore que, attendons de voir ce qu’il se passe) change complètement la donne. Alors qu’il était en train d’essayer de remettre de l’ordre dans le merdier que ses dérives alcooliques avaient mis dans ses relations. Le vol de son argent (motif, s’il en est, vénal) lui fait, apparemment, complètement péter les plombs, le rendant sourd aux authentiques appels à l’aide de son frérot. Ce geste violent, disproportionné et choquant (couplé à sa « confession » à Tara) nous laisse avec une image définitivement abimée et une promesse d’ambigüité qui n’est pas sans me plaire…

Tara : Une fois n’est pas coutume (je n’ai jamais eu beaucoup d’affection pour elle), Tara symbolise, pour moi, le côté rédempteur (je m’expliquerai plus loin) de cette saison en demi teinte.

Son voyage jusqu’aux confins de l’horreur, le crescendo dans l’intensité émotionnelle de ce qu’elle doit endurer avec, en conséquence, la perte progressive des repères qui faisaient d’elle la personne qu’elle était. Tout cela la conduit logiquement à un départ digne et silencieux d’une poignante sobriété.

C’est un des seuls personnages (peut-être même le seul) chez qui on sent qu’une catharsis a été atteinte lorsqu’on comprend qu’elle va partir. L’arc de son histoire nous donne une conclusion satisfaisante en nous assurant, dans le même temps, d’une inévitable suite de ses déboires…Chapeau !

Jason : J’aurais pu avoir, à peu près, le même discours que pour Tara, car, dans un sens, Jason atteint lui aussi une catharsis en trouvant, enfin, sa voie. Néanmoins, je trouve regrettable qu’on nous ait imposé ce qui, au final, n’était qu’une variation de son cheminement au long de la deuxième saison. A savoir, la réaction excessive à une erreur par une tentative de réparation le poussant à poursuivre une voie qui n’est pas la sienne (la « confrérie du soleil » dans la s02 et la police dans la s03). Il aurait été plus judicieux (toujours selon moi) de développer de manière plus approfondie sa relation avec Crystal (soit dit en passant, l’actrice jouant Crystal n’était pas exceptionnelle dans son rôle…Je me demande ce que ça donne quand on compare avec les livres ...). Car, cela donne une impression de précipitation scénaristique quand, enfin, Jason rencontre sa « belle-famille » et comprend ce qu’il a faire. J’aurais beaucoup aimé être témoin d’une prise de conscience moins soudaine nourrie par un lent développement d’empathie…

Russel : Revenons à nos amis aux dents longues… RUSSEL : le « méchant » de cette année (et d’une partie de l’année prochaine sans doute) Un vrai, bon méchant. Sans avoir l’air d’y toucher (pas très beau, un peu frêle physiquement) est, apparemment, le plus puissant de tous les suceurs de sang. On ne se méfie pas de lui, il ne paye pas de mine. Il est raffiné, affable et charmant. Mais sous le vernis, c’est un vampire tyrannique, cruel et mégalomaniaque que l’on découvre au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue. Denis O’hare fait une fantastique boulot dans son interprétation, donnant au Roi du Mississipi une telle duplicité dans son élocution que tout ce qu’il dit ou fait peut avoir une signification antinomique. Etant le plus vieux de tous les vampires jusqu’alors introduit dans la série, il semble, comme tous les bons méchants, impossible à contrecarrer et encore plus à éliminer. C’est d’ailleurs une marque de l’intelligence d’Eric d’avoir su comprendre comment ébranler un être aussi puissant (c’est même dommage car Talbot, l’amant de Russel, procurait beaucoup de savoureux moments d’humour). Presque rendu dément par la perte de son amour, il est, temporairement, mis hors d’état de nuire par Eric. La manière dont il est « défait » est un peu trop naïve à mon goût : Même le blondinet n’anticipe pas plus de cent ans de répit avant de, à nouveau, avoir le meurtrier de sa famille humaine aux fesses (ce sera, bien sûr, beaucoup plus tôt). Bien que je me réjouisse de revoir bientôt Mr Edgington, il aurait, tout de même, été plus jouissif que sa réapparition soit un vrai « choc ».

Je ne vais pas faire la fine bouche, avec plus de trois mille ans au compteur, Russel à encore beaucoup de potentiel en tant que personnage. Reste à savoir comment il pourra s’intégrer dans l’intrigue de la quatrième saison…

Jessica : Autant l’avouer sans détour : J’en pince pour Jessica. Pourquoi ? Au-delà du fait qu’il me parait impossible de ne pas en pincer pour elle juste en la regardant, elle apporte à la série une touche d’innocence qui est réellement rafraîchissante. Son combat pour s’intégrer dans la vie active, ses insécurités, son incapacité à accepter qu’elle a droit, malgré sa différence, à l’amour sont autant d’embuches que traversent toutes les « adulescentes » du monde. Ironiquement, elle est notre point d’encrage, celle qui a les mêmes problèmes que nous, bref, celle à qui on peut s’identifier le plus facilement.

Sa romance avec Hoyd est appelée à encore amener des emmerdements dans leur vie respective et je doute que ces deux-là soient jamais libres de vivre leur idylle en paix. Par ailleurs, j’ai beaucoup apprécié la tournure affective prise par la relation entre elle et Bill. Un vrai lien s’est forgé entre eux : tendre, timide et encore fragile sans que, à aucun moment, celui-ci ne nous paraisse forcé ou niai.

Lafayette : C’est toujours avec délectation que je suis les pérégrinations de ce personnage décidément atypique. Sa trajectoire est l’une des plus linéaire du ‘show’ et ne souffre de (presque) aucune fausse note. Que ce soit quand il s’agit de gérer les tentatives de suicide de Tara (ce qui nous amène à rencontrer sa, non moins intéressante, maman), sa réaction face au trépas, apparemment éminent, de Sookie ou sa manière de gérer se nouvelle relation avec Jésus (Lire Raisousss, évidemment), il garde une ligne de conduite entre flegme, discernement et intégrité qui est tout simplement irrésistible.

A sa manière, il a toujours été spécial et nous découvrons au long de la saison à quel point cette impression est, en fait, plus littérale qu’on ne le pensait. C’est avec impatience que j’attends de voir où va l’amener la découverte qui est victime des mêmes visions que sa mère.

Voilà pour mon petit tour d’horizon des personnages principaux d’une troisième saison qui ne laissera pas un souvenir impérissable. Encore une fois, c’était loin d’être mauvais, mais certaines intrigues, clairement écrite sur deux saisons (Lafayette – Jésus, Jessica – Hoyd, Arlène et son bébé, Andy avec ses tentations de grandeur, la complète disparition des loups garous en général et d’Alcide en particulier et l’introduction, un peu trop subtile, des sorcières) n’ont pas pu trouver un rythme qui aurait, tout de même, pu les amener à une conclusion satisfaisante. Ces histoires dans l’histoire n’y trouvaient pas leur place et ont semblé longtemps stagner pour ne vraiment décoller qu’au moment de les mettre en suspend pour un an. Dommage. Bien sûr, cette façon de construire son récit est audacieuse et couillu, ce n’est qu’à la fin de la prochaine saison que l’on jugera de sa pertinence et toutes mes plaintes pourraient s’en retrouver caduques…Qui vivra verra !

Pour autant, il ne serait pas honnête de terminer cette critique sans rendre à César ce qui appartient à César. L’équipe créative aurait pu tomber dans la facilité et se laisser glisser sur une pente qui aurait mené la série à l’outrance porno-soft ou le gore gratuit. Elle serait restée populaire et sulfureuse mais aurait été dépouillée de sa substance, de ce qui fait d’elle plus qu’une série sur des jolis vampires : Le fait que, en filigrame, le vrai enjeu reste le repli identitaire et l’intégration, malgré sa différence, toujours compliquée dans notre « société ».

En lieu et place de ces escalades, intelligemment, Alan Ball (le créateur) a choisi de maltraiter ses personnages à grand renfort de violence…psychologique. Comme je le disais plus haut, Tara est l’exemple parfait de cette martyrisation de la psyché que subissent tous nos protagonistes. Culminante dans l’épisode 10 (et dans une moindre mesure, dans le douzième), cette escalade donne une intensité dramatique aussi prenante que jouissive…Rien que pour cela, plus que jamais, True Blood reste une des meilleures séries de la décennie.

En vous remerciant, Bonsoir !

criTiQue 0006 : ça ira mieux demain...

Salutations, 

A bien des égards, le moins que l’on puisse écrire, c’est que Mark Oliver Everett (alias ‘E’) est seul sur sa planète : Seul, car dans le paysage musical ‘mainstream’, sa discographie sort singulièrement de la masse. Seul, parce que le personnage qu’il a construit fait, quasiment depuis le début, figure d’épouvantail dans un monde formaté et enfermé dans la culture du ‘succès’. Seul,surtout, car son ‘groupe’ (‘concept’ serait, je pense, un terme plus approprié…bref) est un outil derrière lequel il se cache pour générer ses abstractions : Chaque album de ‘eels’ est un puzzle qui se suffit à lui-même mais ce puzzle est aussi une pièce qui vient s’imbriquer dans l’édifice que E est en train de construire. C’est pour cela qu’il est toujours difficile de parler du dernier album en date de l’animal : ils font partie d’un tout qu’il est très tentant de traiter comme une et une seule œuvre car ils achèvent ensemble une cohérence rarement atteinte par un artiste. C’est particulièrement vrai pour les trois derniers efforts studio qu’il vient de sortir (en l’espace de dix-huit mois) et, comme de juste, je ne peux pas parler du dernier sans parler des deux autres. ‘Tomorrow Morning’ clôture un triptyque commencé avec ‘Hombre Lobo’ et poursuivi avec ‘End Times’. Ambition avouée : Examiner trois émotions profondément humaine que sont la naissance du désir (HL), le sentiment de perte (ET) et la renaissance de l’espoir (TM) Cette ‘trilogie’ – qui n’en est pas vraiment une – est la parfaite illustration de ce que j’essaie de dire un peu plus haut : Les trois LP ont été conçus pour fonctionner seuls ; ils n’ont pas besoin des autres pour être entiers. Néanmoins, mis bout à bout, ils forment une structure parfaitement harmonique. Il serait tentant d’essayer de les relier par un schéma narratif ‘début->fin’ mais ce serait, à mon sens, une erreur. Car, en fin de compte, ils peuvent facilement être écoutés dans le désordre sans trahir l’intention originelle de E (explorer trois sentiments qui s’enchevêtrent souvent les uns dans les autres, formant une sorte de boucle sans fin) ‘Hombre Lobo’ avec son garage rock teinté de moments de belle innocence et de rêve d’indolence est facilement le plus accessible des trois. Nous y rencontrons un ‘Homme-loup’ (qui est en fait le ‘Dog faced boy : le gamin à la figure canine de l’album ‘Souljacker’) qui fait la court à sa belle, tentant par tous les moyens possibles, tantôt de manière douce et romantique, tantôt de manière fougueuse et charnelle, de s’attirer ses faveurs. Tour à tour résigné, rêveur et conquérant, notre héros croit que tout le monde mérite le bonheur et il ne pense pouvoir l’atteindre qu’avec elle. Nous le quittons sans savoir si ses efforts sont (ou seront) récompensés mais là n’est pas l’intérêt. Il a compris qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait, qu’il s’était donné sans tricher et qu’il ne pouvait qu’attendre sa décision… C’est un homme au bord du gouffre que nous trouvons dans ‘End Times’ (est ce le même ? Libre à vous de le penser…). Dès le début, le ton est posé : nous sommes témoins du deuil d’une relation, d’une époque et de la joie qui les accompagnait mais aussi de la perte de l’espoir en sa faculté à trouver sa place dans un monde qui change et la perte de repères que l’on pensait indélébiles. Le protagoniste traîne sa mélancolie, ses regrets et ses remords au long des quatorze plages qui constituent cet album d’une grâce à couper le souffle. Des complaintes mises en perspective par une musique dépouillée mais riche, magnifique et fragile dans sa nudité avec, pour conclure, le timide bourgeonnement de la guérison, la réalisation de son envie de (re)vivre… Et enfin, le dernier venu : ‘Tomorrow Morning’. C’est avec une teinte d’électronique (boîte à rythme et autres sons synthétiques) que nous est présentée cette ode au renouveau. Que se passe-t-il quand on se réveille un matin étrangement purifié de ses démons, inexplicablement rempli d’optimisme ? C’est ce dont traite cet album qui essaye de capturer ce moment où tout change dans notre tête, nous aiguillonnant irrésistiblement dans un lent crescendo (avec ses petites rechutes) vers le renouveau de l'espoir (presque psychédélique) pour terminer sur une célébration des « mystères de la vie ». Voilà notre gus se sentant, à nouveau, d’attaque. Prêt à aimer, tenter de trouver le bonheur et risquer de le perdre… Bien ancrés sur ces trois petits miracles musicaux on sent, une fois de plus ai-je envie de dire, tout le travail et le génie de cet homme qui se fait appeler ‘E’ : Derrière la simplicité de ses chansons - qui vous font instantanément l’effet d’un classique – se cache une minutie et une volonté indéfectibles. Mark Everett s’éreinte sur chaque accord pour nous en restituer seulement la quintessence. Chacune de ses compositions est mélodiquement imparable et addictive, le parfait écrin pour des paroles d’une beauté quelques fois à peine soutenable. C’est, pour moi, ceci qui le met à part, ce qui l’élève au rang de ‘génie’ : Sa faculté à faire passer un nombre incroyable d’émotions complexes dans des phrases et des mélodies aussi simples… En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0005 : En voiture Simone !

Salutations, J’ai eu du mal à croire en préparant (sommairement, je vous rassure) ce billet que c’était il y a six ans déjà …

« Funeral » est arrivé et comme c’est souvent le cas il a, quasiment immédiatement, divisé l’intelligentsia culturelle mondiale : chef-d’œuvre ou sous-merde ? Apparemment, il ne pouvait être que l’un ou l’autre…

Comme j’aime faire à part des autres, pour moi, Le premier LP des « Arcade Fire » n’était ni l’un…ni l’autre. Je suis resté insensible à ses sirènes pendant des mois et je dois bien avouer que, quand je me suis enfin décidé à lui prêter l’oreille, je n’étais pas prêt à le taxer de ‘sous-merde’ mais, ce que j’ai entendu n’a certainement pas changé mon horizon musicale…Le temps et les écoutes ont fait leur œuvre et même si ce n’est pas encore aujourd’hui que vous me verrez l’ériger au rang de miracle sonore, Il reste quand même parmi ce que j’ai entendu de meilleur sur la décennie

Ceci étant dit, je n’aurais pas aimé être Win Butler au moment d’accoucher de son successeur…

Bizarrement (ou pas) « Neon Bible » (sortis 3 ans plus tard) n’a réussi qu’a agrandir le fossé entre les sceptiques et les conquis et, de mon coté, j’ai mis encore plus de temps à me résoudre à me forger un avis…

Si je vous parle de ses prédécesseurs c’est pour mieux dire que « The Suburbs » (2010) m’a enfin permis de me faire une opinion sur ces deux opus et leurs auteurs.Je peux dire aujourd’hui qui je préfère largement le premier effort au deuxième (chose que je n’aurais pas été capable de faire la semaine passée) « Neon Bible » à un coté froid et grandiloquent qui le rend un tantinet inaccessible émotionnellement à mon goût (Ne criez pas à l’hérésie, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis, cela reste un album très largement au dessus de la moyenne)Je ne sais pas comment les différents camps que divise ‘AC’ vont réagir à « The Suburbs », mais je dois avouer que, cette fois ci, je suis, pour ma part, conquis et convaincu. Le combo Québeco-Texano Canadien n’est peut-être pas (encore) un grand groupe mais il en a en tout cas l’étoffe

« La Banlieue » donc, là où le club des 7 (incluant, faut-il le rappeler, un couple et une fratrie) était encore une fois attendu au tournant.

(de façon plus assumée que ses prédécesseurs) « The Suburbs » est un album à thème, et sa grande réussite est de ne jamais laisser le dénominateur commun étouffer l’album. Chaque plage est prétexte à une exploration d’une des facettes du sujet par un retour dans le temps (très bien illustré sur la pochette) et le LP forme un tout cohérent qui est fait pour être écouté de bout en bout SANS, pour autant, qu’une chanson, sortie de son contexte, perde en qualité (ce qui n’est pas le cas, par exemple, sur l’excellent « The Hazards of Love » des « Decemberists »)

Cela sonne rarement comme un compliment, mais dans ce cas ci, il n’en est pas de beaucoup plus beau : Arcade Fire nous fait du « Arcade Fire », c'est-à-dire une musique inventive, mélodique, électrisante, et versatile…Il y a, toutefois, une différence de taille (par rapport aux précédents) dans les émotions qui en ressortent : Pour la première fois, en ce qui me concerne, la bande à Win arrive à partager. Ils nous invitent à voyager avec eux et leurs émotions, leurs souvenirs sont également les nôtres. C’est directement à leurs fans qu’ils essayent de s’adresser et non plus à eux-mêmes et si vous êtes déjà retourné dans le quartier de votre enfance pour y ressentir une vague de souvenirs teintés d’amertume et de regret de l’insouciance vous saisissez ce que je veux dire (D’ailleurs Spike Jonze en personne a dû la sentir car il se prépare à sortir un petit film coécrit avec Butler sensé être un support sonore sci-fi à l’album…bon, chacun son interprétation…)

Mais plus que tout « The Suburbs » est l’album d’un groupe qui assume son succès tout en restant fidèle à sa ligne artistique, plus ‘mainstream’ que les précédents, il en est pas moins intéressant, riche et envoutant…

En vous remerciant, bonsoir !