C’est toujours difficile à encaisser : nous voilà repartis pour (à peu près) 270 dodos avant de revoir Sookie, Jessica, Pam (et maintenant, Cristal)
Bon, honnêtement, cette année l’attente sera plus facile à supporter. Car force est de reconnaître que le constat effectué au début de la troisième saison de True Blood reste de mise au moment de la clôture : cette saison restera, en ce qui me concerne, un petit cru.
Attention ! Je n’ai pas dit un mauvais cru !
C’était l’heure du bilan pour nombre de nos personnages et cette saison de transition fut le prétexte pour poser tout un tas de questions sur les réelles motivations de tout ce beau monde. Que veulent-ils ? Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Qui aiment-ils ?
Bien sûr, pour une série reposant sur sa propension à nous garder sous tension semaine après semaine, tenter de ralentir le rythme pour nous permettre de comprendre les tenants et les aboutissants des nombreux choix auxquels nos (anti)héros sont confrontés était un exercice destiné à être très (trop ?) difficile et le résultat s’en ressent :
Ces moments d’introspection étalés sur douze épisodes entre actions, sexe et pleurnichement étaient malheureusement de qualité inégale pour nos protagonistes.
Procédons avec méthode :
Sookie : C’est sûr, la belle miss geignarde télépathe a (tout de même) des raisons de se sentir paumée : Elle a appris qu’elle descendait des fées et que son sang était une sorte de « Dom Pérignon » pour les vampires qui, en plus, pouvait leur servir de crème solaire indice 1 million. Cela la rend donc un peu parano de savoir que son Billou a été envoyé par la reine Sofie-Anne pour la séduire (on le serait à moins…)
L’habituel « cliffhanger » de fin ne m’a pas contraint à ronger mes ongles jusqu’à la première phalange à la pensée de devoir attendre 9 mois pour voir la suite des rebondissements dans la vie sentimentale d’une Sookie semblant avoir attrapé la « casse-couillite » de ma grande amie « Bella »…malgré tout, (il faut avouer) je suis modérément curieux de savoir ce qu’il va se passer maintenant qu’elle est partie aux « pays » des fées
Néanmoin,s il est dommageable que Sookie passe par autant d’émotions contradictoires durant cette saison. Il aurait été salutaire de nous épargner une ou deux (voir trois) crises de « je t’aime moi non plus » car son personnage en a perdu (à mon goût) en cohérence (même si elle reste une « héroïne » de qualité)
Bill : Le pauvre bougre en a réellement bavé ces derniers temps… Après avoir essuyé une veste monumentale en réponse à sa demande en mariage, il se fait enlever ; est obligé de renoncer à celle qu’il (manifestement) aime vraiment, forcé de se « taper » une folle qu’il déteste et se fait condamner à mort (par éviscération),…Tout ça pour se faire à nouveau repousser par sa belle alors que nous avons, tout à la fin, la preuve irréfutable que son amour est sincère (il respecte sa promesse de tout faire pour éliminer ceux qui connaissent le secret de sa dulcinée).
L’histoire de Bill, déjà riche et dense, a encore gagné en opacité avec la révélation de son passé de gigolo au service de Sophie-Anne. On apprend que sa rencontre avec Sookie était motivée par la mission que la Reine lui avait confiée : Séduire la fée et lui amener sur un plateau en argent (enfin, façon de parler).
On le quitte alors que, tout en déclarant n’avoir « plus rien à perdre », il s’attaque à Sophie-Anne (pourtant sensée être bien plus puissante que lui)
Eric : C’est, plus ou moins, à bon escient que les scénaristes jouent avec la (ou les), très louche, motivation qui pousse le blondinet à agir. Cela donne à son personnage une certaine épaisseur sans laquelle son côté « beau gosse rebelle second degré » le rendrait insupportable (j’aurais préféré qu’on soit un peu plus subtil pour nous faire comprendre qu’il en pince pour « Sook » mais passons.)
Le lien qui l’unissait à Godric (qui un retour aussi surprenant qu’énigmatique), la belle relation qu’il entretient avec Pam et la nostalgie de sa vie humaine donne au viking un relief, le rend imparfait : il commet des erreurs et est vulnérable (et pas seulement dans le but de le rendre « attirant »)
Froid, intelligent et calculateur, au point d’en devenir un peu « cliché », il prouve dans ses relations avec sa « progéniture » et son « géniteur » qu’il est capable de véritable réponse émotionnelle qui crédibilise les « épreuves » qu’il traverse, qui donne à ses agissements (particulièrement quand il sont choquants) une, relative, intensité dramatique.
Sam : Je dois dire que je n’étais pas passionné par la quête initiatique de l’homme animal, ni par les frasques de sa famille retrouvée. Pire encore : le énième numéro d’homme tourmenté par son passé de tueur et qui pète les plombs « à cause que » on le croit gentil mais que c’est parce que personne ne le connait vraiment : c’est un vrai méchant !! (Non, non j’vous jure…faut pas le faire chier !)
Un « passé » vu et revu et rerevu qui est ici revisité, sans beaucoup d’imagination, mais qui est, in-extremis, sauvé par le coup de feu dirigé vers son demi-frère. Cet acte purement gratuit et meurtrier (encore que, attendons de voir ce qu’il se passe) change complètement la donne. Alors qu’il était en train d’essayer de remettre de l’ordre dans le merdier que ses dérives alcooliques avaient mis dans ses relations. Le vol de son argent (motif, s’il en est, vénal) lui fait, apparemment, complètement péter les plombs, le rendant sourd aux authentiques appels à l’aide de son frérot. Ce geste violent, disproportionné et choquant (couplé à sa « confession » à Tara) nous laisse avec une image définitivement abimée et une promesse d’ambigüité qui n’est pas sans me plaire…
Tara : Une fois n’est pas coutume (je n’ai jamais eu beaucoup d’affection pour elle), Tara symbolise, pour moi, le côté rédempteur (je m’expliquerai plus loin) de cette saison en demi teinte.
Son voyage jusqu’aux confins de l’horreur, le crescendo dans l’intensité émotionnelle de ce qu’elle doit endurer avec, en conséquence, la perte progressive des repères qui faisaient d’elle la personne qu’elle était. Tout cela la conduit logiquement à un départ digne et silencieux d’une poignante sobriété.
C’est un des seuls personnages (peut-être même le seul) chez qui on sent qu’une catharsis a été atteinte lorsqu’on comprend qu’elle va partir. L’arc de son histoire nous donne une conclusion satisfaisante en nous assurant, dans le même temps, d’une inévitable suite de ses déboires…Chapeau !
Jason : J’aurais pu avoir, à peu près, le même discours que pour Tara, car, dans un sens, Jason atteint lui aussi une catharsis en trouvant, enfin, sa voie. Néanmoins, je trouve regrettable qu’on nous ait imposé ce qui, au final, n’était qu’une variation de son cheminement au long de la deuxième saison. A savoir, la réaction excessive à une erreur par une tentative de réparation le poussant à poursuivre une voie qui n’est pas la sienne (la « confrérie du soleil » dans la s02 et la police dans la s03). Il aurait été plus judicieux (toujours selon moi) de développer de manière plus approfondie sa relation avec Crystal (soit dit en passant, l’actrice jouant Crystal n’était pas exceptionnelle dans son rôle…Je me demande ce que ça donne quand on compare avec les livres ...). Car, cela donne une impression de précipitation scénaristique quand, enfin, Jason rencontre sa « belle-famille » et comprend ce qu’il a faire. J’aurais beaucoup aimé être témoin d’une prise de conscience moins soudaine nourrie par un lent développement d’empathie…
Russel : Revenons à nos amis aux dents longues… RUSSEL : le « méchant » de cette année (et d’une partie de l’année prochaine sans doute) Un vrai, bon méchant. Sans avoir l’air d’y toucher (pas très beau, un peu frêle physiquement) est, apparemment, le plus puissant de tous les suceurs de sang. On ne se méfie pas de lui, il ne paye pas de mine. Il est raffiné, affable et charmant. Mais sous le vernis, c’est un vampire tyrannique, cruel et mégalomaniaque que l’on découvre au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue. Denis O’hare fait une fantastique boulot dans son interprétation, donnant au Roi du Mississipi une telle duplicité dans son élocution que tout ce qu’il dit ou fait peut avoir une signification antinomique. Etant le plus vieux de tous les vampires jusqu’alors introduit dans la série, il semble, comme tous les bons méchants, impossible à contrecarrer et encore plus à éliminer. C’est d’ailleurs une marque de l’intelligence d’Eric d’avoir su comprendre comment ébranler un être aussi puissant (c’est même dommage car Talbot, l’amant de Russel, procurait beaucoup de savoureux moments d’humour). Presque rendu dément par la perte de son amour, il est, temporairement, mis hors d’état de nuire par Eric. La manière dont il est « défait » est un peu trop naïve à mon goût : Même le blondinet n’anticipe pas plus de cent ans de répit avant de, à nouveau, avoir le meurtrier de sa famille humaine aux fesses (ce sera, bien sûr, beaucoup plus tôt). Bien que je me réjouisse de revoir bientôt Mr Edgington, il aurait, tout de même, été plus jouissif que sa réapparition soit un vrai « choc ».
Je ne vais pas faire la fine bouche, avec plus de trois mille ans au compteur, Russel à encore beaucoup de potentiel en tant que personnage. Reste à savoir comment il pourra s’intégrer dans l’intrigue de la quatrième saison…
Jessica : Autant l’avouer sans détour : J’en pince pour Jessica. Pourquoi ? Au-delà du fait qu’il me parait impossible de ne pas en pincer pour elle juste en la regardant, elle apporte à la série une touche d’innocence qui est réellement rafraîchissante. Son combat pour s’intégrer dans la vie active, ses insécurités, son incapacité à accepter qu’elle a droit, malgré sa différence, à l’amour sont autant d’embuches que traversent toutes les « adulescentes » du monde. Ironiquement, elle est notre point d’encrage, celle qui a les mêmes problèmes que nous, bref, celle à qui on peut s’identifier le plus facilement.
Sa romance avec Hoyd est appelée à encore amener des emmerdements dans leur vie respective et je doute que ces deux-là soient jamais libres de vivre leur idylle en paix. Par ailleurs, j’ai beaucoup apprécié la tournure affective prise par la relation entre elle et Bill. Un vrai lien s’est forgé entre eux : tendre, timide et encore fragile sans que, à aucun moment, celui-ci ne nous paraisse forcé ou niai.
Lafayette : C’est toujours avec délectation que je suis les pérégrinations de ce personnage décidément atypique. Sa trajectoire est l’une des plus linéaire du ‘show’ et ne souffre de (presque) aucune fausse note. Que ce soit quand il s’agit de gérer les tentatives de suicide de Tara (ce qui nous amène à rencontrer sa, non moins intéressante, maman), sa réaction face au trépas, apparemment éminent, de Sookie ou sa manière de gérer se nouvelle relation avec Jésus (Lire Raisousss, évidemment), il garde une ligne de conduite entre flegme, discernement et intégrité qui est tout simplement irrésistible.
A sa manière, il a toujours été spécial et nous découvrons au long de la saison à quel point cette impression est, en fait, plus littérale qu’on ne le pensait. C’est avec impatience que j’attends de voir où va l’amener la découverte qui est victime des mêmes visions que sa mère.
Voilà pour mon petit tour d’horizon des personnages principaux d’une troisième saison qui ne laissera pas un souvenir impérissable. Encore une fois, c’était loin d’être mauvais, mais certaines intrigues, clairement écrite sur deux saisons (Lafayette – Jésus, Jessica – Hoyd, Arlène et son bébé, Andy avec ses tentations de grandeur, la complète disparition des loups garous en général et d’Alcide en particulier et l’introduction, un peu trop subtile, des sorcières) n’ont pas pu trouver un rythme qui aurait, tout de même, pu les amener à une conclusion satisfaisante. Ces histoires dans l’histoire n’y trouvaient pas leur place et ont semblé longtemps stagner pour ne vraiment décoller qu’au moment de les mettre en suspend pour un an. Dommage. Bien sûr, cette façon de construire son récit est audacieuse et couillu, ce n’est qu’à la fin de la prochaine saison que l’on jugera de sa pertinence et toutes mes plaintes pourraient s’en retrouver caduques…Qui vivra verra !
Pour autant, il ne serait pas honnête de terminer cette critique sans rendre à César ce qui appartient à César. L’équipe créative aurait pu tomber dans la facilité et se laisser glisser sur une pente qui aurait mené la série à l’outrance porno-soft ou le gore gratuit. Elle serait restée populaire et sulfureuse mais aurait été dépouillée de sa substance, de ce qui fait d’elle plus qu’une série sur des jolis vampires : Le fait que, en filigrame, le vrai enjeu reste le repli identitaire et l’intégration, malgré sa différence, toujours compliquée dans notre « société ».
En lieu et place de ces escalades, intelligemment, Alan Ball (le créateur) a choisi de maltraiter ses personnages à grand renfort de violence…psychologique. Comme je le disais plus haut, Tara est l’exemple parfait de cette martyrisation de la psyché que subissent tous nos protagonistes. Culminante dans l’épisode 10 (et dans une moindre mesure, dans le douzième), cette escalade donne une intensité dramatique aussi prenante que jouissive…Rien que pour cela, plus que jamais, True Blood reste une des meilleures séries de la décennie.
En vous remerciant, Bonsoir !
1 commentaire:
moi,en tout cas ,j'adore cette saison 3.Je trouve que la série prends tout son sens ds cette saison;Il me reste 2 épisodes avant la fin(que je pense que je regarderai des que les zonfant seront au dodo).Tout les personnages prennent de l'épaisseur....bref cette saison est au top....
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