Salutations,
Après David S. Goyer (avec ‘Foundation’ dont vous pouvez lire ma critique ici), c’est au tour d’un autre nom ronflant de la SF de passer par mon salon : Simon Kinberg.
Et c’est mon triste devoir d’annoncer que, contrairement à son collègue scénariste, je n’aurai pas l’occasion de me montrer très enthousiaste sur l’empreinte qu’il va laisser sur la pop culture.
En effet, Kinberg est surtout connu pour son travail sur les ‘X-Men’ et il est malheureusement associé aux pires exploits de la troupe de mutants en collant qu’à leurs meilleures heures.
Jugez plutôt : le pauvre est responsable de ‘The last stand’, ‘Apocalypse’ et ‘Dark phoenix’ !
(’Jumper’, et ‘Fantastic four’, dans leur désastreuse dernière itération, étant également inclus dans ses ‘faits d’armes’…)
On n’est pas sûr de l’inoubliable, vous en conviendrez !
Allez, pour être tout à fait transparent, je vais quand même dire qu’il a également été à la plume de deux films aux résultats bien plus concluants : ‘Days of future past’ (le meilleur ‘X-Men’ au cinéma ?) et ‘Sherlock Holmes’ (la version de RDJ).
Voilà pour le curriculum du bonhomme, venons-en à son dernier méfait !
Une série ‘Apple TV+’ qui est décidément décidé à s’imposer comme un player incontournable dans le game du streaming, quelques fois avec succès (‘For all mankind’) et quelques fois sans…Comme, par exemple, la série qui nous occupe là maintenant tout de suite…
Pourtant, sincèrement, il n’y a pas beaucoup de récits qui m’enjaillent plus qu’une bonne grosse vieille histoire d’invasion extra-terrestre, avec ses résistants qui s’unissent, cette nouvelle vie qui s’organise, l’horreur qui fait place à la résilience... De ce point de vue, et je le mentionnais déjà lors de ma critique sur 'Y – Le dernier homme', « Falling Skies » est pour moi un sommet du genre ! (Mais si vous cherchez un exemple de ce qu’il ne faut PAS faire dans une série ayant pour objet un envahisseur ‘alien’, je vous invite à lire la critique que j’avais faite sur le remake de ‘V’)
Quel est le problème ?
« Invasion » prend le parti d’une intrigue chorale : on suit une poignée de personnages éparpillés dans le monde, apprenant à les connaître alors que plusieurs évènements bizarres viennent bousculer les tracas de leur quotidien (vous savez, des tracas : la mort, la guerre, l’adultère, le harcèlement et la retraite…que des choses légères quoi !)
Il n’y a pas encore si longtemps que cela, quand on voulait évoquer une menace globale, on se contentait de quelques plans mal torchés des monuments importants (rappelez-vous : une succession d’images de la tour Eiffel, du kremlin, de la muraille de Chine et des pyramides de Gizeh)… Ici, que nenni ! Vous aurez droit à un portrait en profondeur et en nuances…Il est tellement profond et nuancé en fait qu’on arrive à la fin du premier épisode sans être vraiment sûr de ce qu’on regarde !
Oui, car je vais vous épargner toute forme de suspense inutile : pour une série qui est censée parler d’invasion (c’est dans le titre quand même, Madame !), et bien on n’en parle pourtant pas des masses ! En fait, il faut carrément attendre la toute fin du deuxième épisode pout avoir enfin un aperçu de la menace titulaire… Ca n’aura pris que 1h40…
Bon, le show se veut une exploration à échelle très humaine d’une menace globale…pourquoi pas ? Ce n’est plus très exactement du jamais vu, mais pourquoi pas !
Malheureusement, il eut, pour cela, été utile de nous donner autre chose que cette collection de clichés : entre le gamin sensible et fragile qui se fait évidemment harceler par la petite frappe de service, la famille ‘Nutella’ avec réveil du papa, en sautant sur le lit, par les deux espiègles bambins parfaits et le flic à la retraite dont le dernier jour est chamboulé ; il faut avouer qu’on n’est pas servi !
Si on dépasse cet état de fait, on reste sur des portraits de bonne facture, mais en voulant ménager ses effets, en se vautrant un peu trop confortablement dans le ‘slow burn’, la série oublie que pour aller au bout de ses intentions, elle doit être plus que la somme de ses parties : elle doit être en même temps un drame familial ET un récit d’invasion ; pas tantôt l’un et tantôt l’autre (avec des réussites très inégales qui plus est).
« Invasion » pourrait s’appuyer sur son montage pour l’aider à construire une tension digne de ce nom, mais c’est loin d’être le cas : à chaque fois qu’elle arrive à initier un momentum, la scène se coupe –certainement dans le but d’installer un suspense ; mais c’est l’effet indésirable qui se produit, loin d’être engagé dans l’intrigue, on est irrité.
Donc, histoire de sauver quelque chose, on va parler du casting !
Il est composé de têtes relativement inconnues mais cela sert le propos : on n’a pas de mal à s’identifier à ces ‘quidams’ qui nous transportent dans leur vie de manière convaincante.
Je vais mettre en avant Rinko Kikuchi, pour faire une parenthèse, car elle fait le lien avec une autre histoire à l’ambition chorale internationale : « Babel ».
A mon sens, c’est à ce résultat de destin gracieusement lié que la série aspire mais s’il faudra bien sûr attendre les derniers épisodes pour poser une conclusion sur sa réussite, je ne peux que constater qu’on est mal embarqué…
Fin de la parenthèse.
Je finis mon petit tour par l’inévitable Sam Neil qui officie en tant que star bankable du lot et qui le justifie avec une prestation qui donne envie d’en voir plus (il est malheureusement absent du deuxième épisode) : personne ne vend les moments ‘WTF is going on’ mieux que lui ! (pour référence, retournez voir le moment dans ‘Jurassic Park’ où il voit les dinosaures pour la première fois !)
La série n’est pas franchement mauvaise et pourrait se révéler en trouvant un meilleur équilibre entre les genres qu’elle veut incarner mais vous l’aurez compris : ce sera sans moi…
Je sais que j’expliquais dans ma dernière ‘lluBiE’ que je m’accroche quelques fois à un show en dépit du bon sens, mais celui-là n’a tout simplement pas ajouté assez de grains à moudre dans ma machine à créer des obsessions inutiles…
En vous remerciant, bonsoir !
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