criTiQue 0051 : tu vas où comme ça ?

 





Salutations,




Ce n’est pas la chose la plus plaisante à claironner, néanmoins, c’est la vérité : en matière de télévision, si on en venait à me traiter de vieux de la vieille, ce serait difficile de réfuter...Vous l’aurez d’ailleurs remarqué : il m’arrive de radoter.
Mais j’ai la faiblesse de penser que c’est à raison (la plupart du temps) ... Après tout, comme n’importe quel vieux de la vieille qui se respecte, j’ai pas mal roulé ma bosse !
Rendez-vous compte : il fut un temps où il n’était pas rare pour moi de regarder 16 ou 18 séries à la fois, et donc, autant d’épisodes par semaine sur une période qui s’étalait de septembre à mai...
Autant dire que j’en ai vu...
C’était un autre temps : je parle ici d’une époque où il était possible de faire le tour des séries Netflix...Ouais, je sais, ça paraît difficile à croire... Il n’en reste pas moins que ce rythme m’a permis, 3 ou 4 années durant, de voir tout ce qui m’intéressait de près ou de loin !
Imaginez un peu aujourd’hui... Vu l’offre, il me faudrait quasiment tripler cette cadence...
Enfin bon, je m’égare ! Tout ça pour dire que j’ai appris à reconnaître ce qui valait la peine que je m’accroche et ce que je pouvais arrêter au bout d’une demi-heure.
Si je prends la peine de vous expliquer tout ça, c’est parce qu’il y a bien entendu des exceptions qui vont au-delà du simple acharnement (comme chroniqué ici).
Aujourd’hui dans mon salon, on parle de «From» : la série qui a pris 4 épisodes pour titiller mon intérêt !
Ce qui est d’autant plus incompréhensible quand on sait qu’elle est produite par Jack Bender (réalisateur récurrent de la série de mon cœur : ‘LOST’), Jeff Pinkner (qui est derrière une autre série de mon cœur : ‘Fringe’) et par les frères Russo (qui ont filmé les plus belles pages du ‘MCU’)... Bref, trouver meilleur pédigree ne serait pas une mince affaire ; on a ici affaire à des pros, des gens habitués à faire arriver des gros bateaux à bon port…
Pourtant, malgré ces noms ronflants, la série prend un temps rédhibitoire pour trouver son chemin ; et, spoiler alert, sans la qualité intrinsèque des deux premiers épisodes, j’aurais passé le mien...
 
De quoi ça parle ?
La série s’ouvre sur une petite bourgade, à première vue paisible.
On y trouve un homme occupé de nous rejouer ‘
RRRrrrr!!!’ : il traverse le village pour demander à tout le monde de rentrer chez lui pour la nuit.
Pourquoi ?
On ne traine pas à nous le montrer, car il devient rapidement très clair que cette ville est mal fréquentée la nuit : une horde de fantômes cannibales y rode et ils sont apparemment affamés ! Un des membres de cette bande de voyous sanguinaires ne traine pas à se lancer sur une petite fille ; et on devine à ses dents pointues que ce n’est pas du tout pour lui faire un gentil câlin.
Lancement du générique, l’histoire peut commencer…
On nous présente alors une famille qui sillonne l’Amérique en mobile-home, et ces pauvres bougres vont très rapidement être confrontés à la dure réalité de ce trou perdu : Non seulement c’est infesté de fantômes cannibales, mais en plus, c’est impossible de partir !
 
Le shérif (joué par Harold Perrineau, clin d'oeil aux fans de 'LOST' et de 'Roméo + Juliet')
, en tant que chef officieux du village, choisit néanmoins de ne pas expliquer de but en blanc à ces nouveaux arrivants ces deux fondamentaux... 
Son raisonnement est simple et, à mon avis, judicieux : après avoir tenté 17 fois de quitter le village pour se voir revenir par la même route, sans avoir pu la quitter, dans le même village ; ces voyageurs seront peut-être plus amènes de croire que, pour des raisons que tout le monde ignore, il est impossible de quitter ce lieu.
Et quand, mis face à leurs échecs répétés, ils commenceront à se résigner, à accepter ce fait ; ils seront alors peut-être plus enclins à avaler la seconde pilule : si vous tenez vraiment à faire un tour au clair de lune, fantômes cannibales ce faisant, ce sera le dernier !
 
Malheureusement, cette belle logique n’a pas le temps de faire effet : au bout du troisième tour de manège, la famille se plante dans un ravin avec leur mobile-home… Impossible de les dégager rapidement…
Ils vont devoir passer la nuit dehors !
Ta ta taaaa ! 
Où tout autre répétition de son indiquant un suspense intense d’ailleurs, car la scène d’ouverture ayant installé assez efficacement la terreur et le danger posés par les fantômes cannibales, le suspense qui se développe est effectivement intense.
On a alors droit à un très bon double épisode, chargé de tension, où la survie des protagonistes est aussi précaire qu’incertaine.
Je sais que vous sentez les tares rédhibitoires venir et je ne vais pas vous faire attendre : 
Les problèmes commencent au troisième épisode : on est face ici à une sorte d’antithèse de la géniale ‘Midnight mass’, car 'From' est une série qui s’appuie sur l’épouvante pour amener les personnages.
Vous me direz « et pourquoi qu’on ne pourrait pas, d’abord ? »
On peut tout à fait, Jean-Pierre ! Néanmoins, pour se faire, il faut des personnages intéressants à qui il est arrivé des trucs intéressants ; et, ici, on n’a ni l’un, ni l’autre…
Des exemples ? Voyons, vous avez le choix : l’ado qui se rebelle contre des portes ouvertes ; la jeune femme glauque qui entend des voix glauques qui la poussent à faire des trucs toujours plus glauques ; le mioche lourd qui voit des autres mioches mais qu’on ne croit pas alors qu’il a raison ; le patron d’une start-up à la mode qui casse les pieds à tout le monde pour trouver une solution et qui finit par tomber sur un début de solution ; le shérif qui a perdu sa femme parce qu’il faut qu’on soit triste pour lui…et je ne vous ai même pas encore parlé de la tribu hippie qui vit dans le village !

Alors pourquoi j’ai continué de regarder au-delà des deux premiers épisodes qui constituent un mini-film assez sympa ?

C’est simple : parce que j’ai toujours raison !
Ça a l’air un peu pompeux dit comme ça, mais force est de constater que je l’ai déjà dit : quand les personnages sont mauvais, la série est mauvaise…et que ce passe-t-il si les personnages sont bons ? Hein ? Hein ?
Oui, Jean-Pierre, c’est ça ! Elle est bonne !

Et ça se vérifie encore ici, comme si les scénaristes s’étaient rendu compte en cours de route où ils voulaient aller avec cette histoire (il faut tout de même attendre le quatrième épisode) : dès que la série se décide enfin à explorer réellement ses personnages au lieu de les mettre en position ‘a’ ou ‘b‘ dans le simple but de leur faire peur ; on aperçoit une lueur d’espoir pour ce show qui a tout pour être plaisant ! 
Un mystère prenant, une horreur glaçante et une atmosphère pesante sont autant des bons outils utilisés (plus ou moins) à bon escient sur des personnages qui, après un départ catastrophique, finissent par se révéler…
Bon, on ne va pas se mentir, ce n’est pas encore la panacée, mais au moins, on est sur le bon chemin !
En fait, ce n’est pas plus compliqué que ça de faire une bonne série : Il suffit de savoir où on va !




En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0050 : telle est la voie

 







Salutations,




Instant confession dans mon salon : cela fait des mois que je vis dans la peur !

Rassurez-vous, on n’est pas vraiment dans une situation où il est question de vie ou de mort… (Quoique)

Néanmoins, impossible de prétendre que je vis dans l’indolence depuis l’annonce de la série ‘Amazon Prime’ basée sur le legendarium de J.R.R Tolkien... A tel point que je ne sais plus trop si je désire ou si je redoute de voir arriver septembre !

Le bestiau à un milliard de dollars (et ce n’est pas une figure de style) se nomme « The Rings of Power » et on aura donc l’occasion d’en reparler…

Tout ça pour dire que je vais bientôt ressentir ce que, rien que ces derniers mois, les fans d’Asimov ('Foundation') ou de Robert Jordan ('The wheel of time') ou encore ceux de Leigh Bardugo (‘Shadow and Bones’, que je n’ai malheureusement pas chroniqués, mais que, pour ceux qui se demandent, j’ai appréciée) ont ressenti en découvrant après des mois d’attente, ce que leur réservait l’adaptation de ce qu’ils chérissaient depuis de nombreuses années...

 

Ceci étant dit, on ne va pas se mentir, même si mes pensées étaient effectivement tournées vers les fans de ‘Halo’ quand j’ai lancé le premier épisode de la série ; j’ai appuyé sur ‘play’ avec une curiosité assez marquée.

La prémisse de la série est pourtant on ne peut plus basique (un futur lointain, un pouvoir galactique centralisé qui règne par la force, des poches de résistants qui luttent pour leur indépendance et une race alien belliqueuse ; vous voyez le tableau…) mais comme expliqué dans ma lluBiE 0007 consacrée à 'Arrival', je passe rarement mon tour quand l’occasion se présente de me mettre de la Science-Fiction sous les yeux !

Néanmoins, cette curiosité sur ce que pouvait donner une tentative d’adapter cette franchise qui a fait le bonheur des afficionados de la Xbox ne pouvait pas me faire oublier le bilan abyssallement mauvais des transpositions consoles-->Live-action… Et, alors que je n’avais, pour ainsi dire, jamais eu l’occasion de m’en réjouir ; j’étais content de ne pas être fan du jeu, de ne pas me sentir fébrile, septique, et pourtant condamné à regarder un truc qui a une bonne chance d’être un désastre qui mutile l’objet de mon affection.

Bref, le temps de noter que la série est distribuée par un nouveau poulain dans l’écurie de Mr Streamy : ‘Paramount +’ (sérieux, ils vont pas bientôt tous arrêter avec leur ‘+’??), et produite par ‘Amblim’ (ne me demandez pas ce que Spielberg vient faire là-dedans, je ne sais pas Madame !) ; et nous voilà donc partis sur ‘Madrigal’ (Veuillez insérer votre blague ‘Disney’ ici) où commence notre intrigue.

Enfin, intrigue, c’est vite dit… De manière compréhensible, c’est surtout à l’exposition du monde dans lequel on évolue qu’est consacré cet épisode.

Comme d’habitude, c’est à travers des dialogues qui se veulent anodins que nous sont transmises ces informations. C’est loin d’être un exercice évident car ce sont des années de dynamiques complexes qui doivent transparaitre aux détours de quelques phrases et, à ce petit jeu, la série ne s’en sort que moyennement.

De fait, quand LA scène d’action pointe le bout de son nez dans le premier quart de l’épisode (les aliens belliqueux attaquent une poche de résistance qu’ils dégomment bien comme il le faut jusqu’à ce que le pouvoir central intervienne), on passe un peu à côté des enjeux de cette bataille qui n’en reste pas moins efficacement filmée à grand renfort d’acrobaties et d’hémoglobine…

Il n’y a qu’une seule survivante…Elle a tout perdu, et surtout son père…Le pauvre bougre n’avait d’ailleurs aucune chance : y-a-t-il encore un scénariste de série qui pense que c’est possible de faire une série sans héroïne pétrie de ‘daddy issues’ ?

 

Et après ?

C’est un peu l’encéphalogramme plat : notre héros, ‘Master Chief’ touche un artefact des aliens belliqueux et reçoit alors une série de flashs, d’images de son enfance oubliée qui le poussent à remettre en question sa nature de soldat programmé pour obéir…

Pourquoi ?

Mais parce que Jean-Pierre ! Par-ce-que !

Enfin, en tout cas, c’est là toute l’explication qu’on nous donne sur ce qui est tout de même la source de conflit majeur de cet épisode.

En effet, alors qu’on lui ordonne d’éliminer la seule survivante de la poche de résistance attaquée un peu plus tôt, le ‘spartan’ semble décider que le moment est venu de revoir ses priorités dans la vie !

Non seulement il ne la tuera pas, mais lui vivant, personne d’autre ne le fera !

Malheureusement donc, personne ne comprend réellement pourquoi il fait ce qu’il fait : ni lui, ni la scientifique qui lui a lavé le cerveau, ni le pouvoir galactique qui les emploie et encore moins les aliens belliqueux ! (Je ne vous parle même pas du spectateur…)

C’est d’autant plus dommage car le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attitude de ‘Master Chief’ rend tout le monde nerveux… Ce qui est d’ailleurs tout à fait compréhensible : un super soldat au cerveau bien lavé qui se met à penser par lui-même après avoir touché un artéfact, c’est bon pour personne…A part pour la survivante bien sûr ! 

 

Et c’est là que ça m’a frappé !

Je n’ai pas osé y croire tout de suite, mais j’ai dû plier sous le poids de l’évidence : j’avais sous les yeux un remake de « The Mandalorian » !

Je sais, Madame, je me suis dit la même chose : c’est beaucoup trop tôt !

Mais plus je ressassais les évènements, plus cela semblait bel et bien le cas :

On a là affaire à un mercenaire parlant avec une voix étouffée parce qu’il  n’enlève pas son casque et qui prend la décision irrationnelle de protéger un ‘grogu’ avant de se décasquer dans une scène émouvante devant son ‘foundlings’ !

Franchement, rebooter 2 saisons de ‘Mandolorian’ en un seul épisode, c’est un sacré tour de force ; il fallait oser…

 

Bon, j’ergote, j’ergote mais je ne réponds pas à la vraie question : est-ce que ça m’a plu ce remake déguisé en adaptation ?

L’ensemble est suffisamment divertissant pour que je vous déconseille d’y jeter un coup d’œil et il est même possible que je me laisse tenter par l’épisode deux…néanmoins, ce serait (me) mentir de ne pas dire que j’ai des gros doutes sur l’intérêt de consacrer plus de temps à ‘Halo’ : les ponts jetés vers la suite ne m’ont pas encouragé outre mesure à poursuivre le chemin.

Le casting ne manque pourtant pas d’attrait, j’étais autant enthousiasmé de retrouver Natascha McElhone que j’avais complètement perdue de vue depuis ‘Californication’, que Pablo Schreiber qui m’avait beaucoup plu dans son rôle Mad Sweeney dans ‘American Gods’ ; néanmoins, ils n’apportent pas apporté la plus-value escomptée à ce pilote.

N’ayez crainte cependant ! Si d’aventure la suite des pérégrinations de Mando… Euh, ‘Master Chief’ et son pendant de ‘Grogu’ venaient à me faire changer d’avis, je ne manquerai pas de vous en informer !

Ne me remerciez pas, telle est la voie !




En vous remerciant, bonsoir !

lluBiE 0011 : l’insoutenable légèreté de l'être









Salutations,



Il y a des choses dans la vie qui sont difficiles à assumer.

Personnellement, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui pensait que c’était une bonne idée de déclarer fièrement qu’il possédait un compact disque des ‘Spice Girls’ ou qu’il connaissait par cœur ‘sensualité’ à un moment de son existence (toute ressemblance avec une personne existant ou ayant existé serait purement fortuite)… C’est pourtant une vérité immuable : on traine tous des petits coups de cœur honteux, souvenirs d’une vie antérieure que l’on n’arrive plus à connecter à nous-mêmes...

Et puis, il y aussi les plaisirs coupables ; les choses dont la popularité est tellement énorme qu’on a un peu honte de grossir les rangs de ceux qui se pâment devant ce qui a été identifié, à tort ou à raison, comme ‘cliché’.
De ce point de vue, et sans avoir l’air d’y toucher, parler d’« Euphoria », c’est exactement le même que de lancer bravement dans une conversation que l’on adore « Le cercle des poètes disparus »…
Vous vous rappelez ? Une dizaine d’ados dans les années 50 qui, n’écoutant que leur courage, se mettent debout sur leur banc d’école pour montrer à leur professeur déchu qu’ils ont l’intention de continuer à « cueillir le jour présent », et ce, malgré le traumatisant suicide de leur camarade de classe ne pouvant supporter d’être interdit par son père de jouer du théâtre…
Voilà, c’est ça, ce film-là !
Sérieux, même ceux qui n’ont pas vu le film connaissent la fin du ‘cercle des poètes’ : « Oh capitaine, mon capitaine ! »
(…Excusez mes larmes, c’était trop d’émotion d’un coup…)
C’en est presque écœurant tellement c’est mielleux…Et c’est grandiose !
Pourquoi ?
Je suis fatigué de me répéter, Jean-Pierre : dans toute fiction, plus le travail sur les personnages est réussi, plus l’émotion que l’on veut projeter (le rire, le drame, la peur,…) va faire son office !
N’en déplaise à certains, c’est sans aucun doute le cas pour le film de Peter Weir (1989… Yep, vous avez bien lu : le long-métrage les 35 ans !)
On a passé du temps avec eux, apprenant à connaître leurs failles, leurs espoirs et, surtout, leur envie d’émancipation de valeurs qui les oppressent… De fait, quand à la fin, après avoir été témoin de leurs petites victoires face à cette société qui veut leur imposer ses normes et les avoir vu subir un rappel brutal de son emprise sur leur vie ; ils nous montrent qu’ils ont irrémédiablement changé…
Il devient alors difficile (voir impossible) de ne pas être ému par ce « Oh capitaine, mon capitaine ! » (Pour citer un exemple : ma fille, qui avait 12 ans à l’époque, a regardé le film avec un ennui relatif mais a immanquablement trouvé la fin puissante)

Revenons à « Euphoria »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la série ‘HBO’ fait parler d’elle…et pas toujours en bon terme. (J’entends par là, en terme qui soit exact, d’où ce billet : si je ne rétablis pas la vérité, qui le fera ?)
La concomitance entre son énorme popularité, et la manière dont elle est réduite à ses aspects les plus sulfureux ; tout comme ‘poètes disparus’ en est souvent réduit à être décrit comme une histoire doucereuse avec Robin Williams, confère donc aux deux le titre réducteur de ‘plaisir coupable’ : un intérêt dont on se passe volontiers de parler (surtout si on a plus de 40 ans) sous peine de voir son interlocuteur rouler des yeux…
Cependant, il y une (autre) connexion évidente (même en prenant en considération les différences fondamentales entre 1959 et 2018) entre ce duo improbable (attention, je vais enfoncer une porte ouverte !) : leurs protagonistes respectifs sont à la recherche de leur identité.

Ce qui m’amène au sujet de cette ‘lluBiE’…

La chose que j’entends le plus autour de moi quand la série est évoquée, c’est : « c’est cliché à moooort ! »

Voyons : c’est l’histoire d’une addict aux drogues qui tombe amoureuse d’une fille transgenre et dont le groupe d’amis est composé d’une fille timide éclipsée par sa sœur, d’une pom-pom girl qui doit gérer les retombées de la diffusion de photos d’elle dénudée, d’une autre pom-pom qui sort ‘on and off’ avec le quaterback star du lycée, d’un revendeur de drogue et d’une fille ‘plus size’ qui va découvrir son pouvoir de séduction sur internet…

Bon, ok, difficile de conclure autrement : plus cliché, tu meurs !

Alors qu’est ce qui a fait d’« Euphoria » une de mes séries préférées ? (dans mon top 10 ? Ce n’est pas impossible !)

Il y a
trois raisons à cela, Jean-Pierre :

(1) C’est presque élémentaire (ou ça devrait l’être en tout cas) : Sam Levinson (le fils de l’autre Levinson) le créateur-producteur-scénariste-réalisateur de cette série, utilise avec talent l’arme la plus puissante en matière de storytelling : le respect.
Je sais, dit comme ça, ça parait un peu con, genre : ‘Le gars, il respecte carrément ses personnages ?? Waaaaw !’
Pourtant, ça fait toute la différence ; car il les respecte malgré ce qu’ils sont…et ce n’est pas une mince affaire pour certains d’entre eux…
Le résultat ? Relativement rapidement (cela dépendra de votre sensibilité), vous oublierez que vous regardez une cheerleader ou une personne transgenre, un dealer ou un jock, un infidèle compulsif ou une poivrote ; c’est presque du ‘satisfait ou remboursé’ : vous arrêterez tout simplement de prendre ces stéréotypes en compte.
Ce que vous allez voir à la place, ce sont des portraits d’êtres humains qui dépassent largement le cadre des clichés qu’ils véhiculent : Levinson traite tous ses protagonistes avec une empathie sans réserve, et cette empathie finit par traverser l’écran pour nous remplir, nous habiter.

Mais comment fait-il, Madame ?

Là aussi, la réponse est censée couler de source (c’est pourtant loin d’être toujours le cas) : au fil des épisodes, des saisons ; il donne corps à ces chimères, il leur donne des nuances, des couches supplémentaires qu’il prend le temps de gratter, histoire de restituer à chacun(e) la complexité qui lui est propre.
Incroyable, non ? On est tellement biberonné au manichéisme, tellement habitué à ce que nos conclusions nous soient prémâchées pour qu’on puisse les avaler tout rond que ce rappel en passe pour fondamental : il y a toujours des raisons sous-jacentes à nos comportements, des plus basiques au plus extrêmes ; et si on prend le temps d’aller au-delà des apparences, ces raisons se révèlent souvent aussi complexes que touchantes.

Quand on arrive à assimiler cette évidence, on est alors crument pris à la gorge par ce rite de passage d’ado tentant, comme les ‘poètes disparus’ (et tant d’autres avant et après), de gérer ‘l’éternel retour’. (Concept cher à mon pote Nietzsche ; si ça vous interpelle, vous pouvez aller lire ça)
Cette documentation ne se limite méritoirement pas à la jeunesse ; on la continue à travers les parents qui semblent, quant à eux, en plein 'punch-drunk syndrome' : mis au tapis par la dissonance entre leur vie et leurs rêves adulescents…
Cela nous met face à l’inéluctable : on garde un rapport conflictuel avec cette injonction normative tout au long de notre existence.
L’exploration de ces vies donne l’impression d’être coincé dans un roller-coaster émotionnel, sans cesse forcé à revoir notre jugement sur cet ensemble : On les adore, on les déteste, on les admire, on les condamne ; ils nous ennuient, ils nous passionnent, ils sont frustrants, ils sont attachants… En un mot, ils nous bouleversent !
Ils nous bouleversent parce qu’ils sont dans un état de perpétuel questionnement ; comme je le disais plus avant, à l’instar de leurs comparses de 1959, ils sont en quête de réponses face à la question la plus angoissante de leur vie : « Qui suis-je ? »

Et c’est là qu’un autre tour de force s’opère : cet état ne nous est pas, contrairement à ce qui est beaucoup écrit, platement exposé par un simple enchainement de situations choquantes ou par une surexposition verbeuse de pathos !
Je sens déjà votre scepticisme ; j’étends clairement votre « et comment il fait, alors, ton Sam Levinson? »

Ne vous énervez pas, Madame, je m’en vais vous expliquer !

Son secret, c’est qu’il s’en remet à la puissance d’une magnifique mise en scène
(2) : grâce à elle, on est littéralement baigné dans les émotions des personnages.
Le cadrage, les couleurs, le grain, le montage et la musique offrent une palette aussi subtile que versatile et les scènes s’enchainent avec une fluidité à peine croyable : tantôt féérique, parfois glauque ; intense et frénétique par moments mais aussi d’une sobriété parfaite quand il le faut.
Cette subjectivité assumée nous indique clairement que ce que l’on regarde n’est effectivement PAS la réalité, juste le point de vue de la personne que l’on observe.
Cela nous rappelle une vérité immuable : la manière dont on perçoit notre vie, notre bonheur, notre malheur ; est entièrement subjective…

Alors qu’est-ce qui fait tant de bruit ?

Ce n’est pas sorcier : « Euphoria » provoque des remous parce qu’elle traite de sujets éminemment complexes et cela met les gens de ma génération (et, par corollaire, celles d’avant) dans l’inconfort total.
Rien de neuf sous le soleil donc, nous avons été élevés comme ça : quand on n’est pas à l’aise avec quelque chose, on le rejette comme faux.
Bien conscient de cet état de fait, je pensais néanmoins (je suis décidément bien naïf) qu’un nombre non négligeable de mes contemporains était capable d’outrepasser ces biais… Quel ne fut pas mon désarroi de constater que ce n’était manifestement pas le cas ! A tel point que la série est régulièrement blâmée de faire « l’apologie de la drogue » !

Je parle bien évidemment de ‘Rue’, jouée par Zendaya…

Je ne vais pas trop m’attarder sur elles, je n’ai pas envie de transformer ce billet en pamphlet... Juste le temps de partager mon horreur face à la totale déshumanisation de ce personnage par la plupart des médias ; la récusation des enjeux par une machine à news qui se contente d’un jugement réducteur sur l’utilisation de la célébrité de son interprète afin de faire passer ‘la jeunesse’ pour dépravée...
(Pour paraphraser, cela donne immanquablement ceci : « C’est vrai qu’elle est courageuse Zendaya de se mettre de la morve au nez pour jouer les droguées ! Mais ça va trop loin ! Ce n’est pas la réalité ! Les jeunes, ils ne font pas que se droguer, se mettre à poil et déprimer ! »)
J’ai lu tant de variations de cette phrase que je me suis souvent demandé si j’avais vu la même chose que tout le monde... Quand je pense que beaucoup sont payés pour écrire des inepties pareilles, ça me déprime...
Comme expliqué au moment de parler de la mise en scène, la série nous montre très clairement qu’elle ne prétend PAS filmer la réalité ! That’s the whole point !
Ce qui est par contre bien réel, c’est l’avertissement clair sur les ravages de la drogue que le show déploie : je me suis plus d’une fois demandé si j’avais le cœur suffisamment accroché pour continuer de regarder cette fille se détruire en emportant avec elle tous ceux qu’elle aime…
Qui plus est, il me semble vivement avoir vu une série capable de légèreté, de beauté, d’espoir et d’excentricité…Je suis bien en peine d’expliquer pourquoi je ne retrouve pas ces notions dans la plupart des articles que je lis sur le show !
Bref, ceci étant dit, comme je l’ai déjà précisé plusieurs fois, ce salon n’est pas le lieu approprié pour déconstruire les raccourcis simplistes. Ces sujets doivent être adressés avec sérieux et profondeur, et ce n’est pas vraiment le style de la maison ; je préfère donc les laisser à ceux qui sauront les traiter comme il se doit...

Je disais donc : Zendaya...

Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que ça arrive, mais ça n’en reste pas moins dommage : cette focalisation sur une et une seule personne éclipse, de facto, le reste du cast
(3) ; alors que celui-ci est la troisième bonne raison (sans ordre précis d’importance) de regarder « Euphoria » !

Effectivement, malgré les apparences, aucun personnage n’est facile à jouer dans cette série: ‘Maddy’ n’est pas plus simple à interpréter que ‘Rue’, ‘Cassie’ n’est pas moins intéressante que ‘Juls’ et ‘Fez’ a autant de nuances que ‘Nate’ ; et aucun des acteurs ne passe à côté de son sujet !
Tant Alexa Demie (‘Madeleine Perez’) que Sydney Sweeney (‘Cassandra Howard’) font un excellent travail avec ces pom-pom girls de prime abord totalement superficielles, alors que Angus Cloud (‘Fezco’) et, surtout, Hunter Schafer (‘Jules Vaughn’), qui sont pourtant des novices complets, font des merveilles.
Je ne vais également pas me priver de citer Maud Apatow (‘Alexis Howard’) ou Sophia Rose Wilson (‘Barbara Brooks’), généreuses et attachantes dans leur rôle de filles effacées qui cherchent à sortir de l’ombre ; et je ne vais pas non plus omettre Eric Dane (‘Cal Jacobs’) qui est absolument parfait dans le rôle du mâle prédateur dans tout ce qu’il a de détestable qui croule sous le poids de ses désillusions...Tant que je suis sur le sujet du mâle blessé, Jacob Elordi (‘Nathaniel Jacobs’), souffre un peu de la comparaison avec son père à l’écran, mais ce serait malhonnête de ne pas reconnaître le courage avec lequel il se donne dans un rôle on ne peut plus écœurant.

Impossible de terminer sans toucher un mot sur la performance de Zendaya (‘Ruby Bennett’), qui est absolument surnaturelle…
(Histoire que ce soit clair, je vais le dire : je suis fan ; elle mérite chaque prix, chaque compliment qu’elle reçoit pour cette composition.)
Car, peu importe mes sentiments personnels sur la surexposition de ce fait, sa personnification est bel et bien le symbole de la série ; et cette formidable actrice restitue avec une grâce fragile un fardeau à la fois fugace et magnifique : l’insoutenable légèreté de l'être.




En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0049 : c'est mathématique








Salutations,



Une fois n’est pas coutume, on va commencer cette critique pour une petite expérience mentale.
Ne vous inquiétez pas, ça ne fera pas mal !
Prêt ?

Alors voilà, il faut vous imaginer en train de vous promener…Il fait beau, tout va bien, quand, tout à coup, vous tombez sur une ancienne connaissance…
Au départ, vous êtes content, vous êtes en mode ‘Patrick Bruel’ : « T’as pas changé ! Qu’est-ce que tu deviens ? Tu t’es marié, t’as trois gamins ! »
Nostalgie, quand tu nous tiens…
Pourtant plus la conversation traine en longueur, plus vous avez du mal à vous rappeler comment vous avez pu trainer si longtemps avec cette personne…
Vous ne savez pas très bien si c’est vous ou votre interlocuteur qui a changé, mais peu vous importe, vous n’avez plus qu’une idée en tête : il faut que cette conversation gênante se termine le plus vite possible !

Si ça vous est déjà arrivé, ou si vous avez l’imagination assez agile pour vous mettre en situation ; alors vous comprendrez sans problème ce que j’ai ressenti en regardant ‘The cleaning lady’ !
« Aaah cette bonne vieille ‘network’ tv !
Comme cela faisait longtemps que je t’avais regardée ! De te revoir, là comme ça, ça me rappelle le bon vieux temps… »
Ça, c’est ce que je me suis dit au début de l’épisode…
Et si vous avez bien réalisé l’expérience mentale, vous comprendrez comment je me sentais à la fin…
Là, vous me dites: « c’est bien beau ton histoire, mais c’est quoi la ‘network tv’ ??? »
Votre question est légitime et je m’en vais donc vous expliquer :

Si je voulais grossir le trait, je dirais que ce sont les séries tv produites par les pendants américains de ‘TF1’, ‘France 2’, ‘La Une’ et consort.
Et qu’elle est la différence avec les autres ? Avec leurs demi-sœurs produites par les chaines câblées (les pendants américains de ‘Canal +’, par exemple, ‘HBO’, Showtime ou ‘Starz’) ou leurs cousines streaming (‘Netflix’, ‘Prime’ ou ‘Apple TV+’) ?
Là encore, si je voulais schématiser, je répondrais un peu platement : la liberté !
Mais de quelle liberté tu parles ?
De la liberté de faire ce que tu veux, Jean-Pierre !
Tu veux faire un épisode de 1h12 suivi d’un épisode de 53 minutes ?
Pas de problème !
Tu veux que ton personnage puisse fumer comme un pompier ?
Si ça te chante !
Tu veux montrer que ton héros est un homme avec un grand ‘H’ à grand renfort de gros plans sur ce qui se cache dans le string de toutes ces femmes qui sont bien évidemment incapables de lui résister ?
Fais-toi plaisir !
Une fois que tu as reçu leur ‘feux vert’, tu peux faire tout ce dont tu rêves la nuit avec les demi-sœurs câblées et les cousines streaming de la network tv !

Et sans coupure pub !

Tout ça pour dire que j’avais presque oublié ce que ça faisait de regarder une série si manifestement soumise à des formules toutes faites.
Comme souvent, le mot exact que j’aurais voulu utiliser est anglais : « formulaic » ; et après réflexion, puisque que je ne peux décemment pas utiliser ‘formulaïque’, j’ai remplacé par trois mots ! (toute l’efficacité de la langue française)
Bon, c’est bien joli d’ergoter sur la sémantique, mais finalement, de quoi parle-t-on ? Qui est donc cette titulaire ‘cleaning lady’ ?

C’est l’histoire de Thony De La Rosa, médecin philippine vivant illégalement aux Etats-Unis.
Elle crèche aux States sans permission car son fiston est gravement malade : il a besoin de soins pour sa moelle dont l’accès est aussi difficile que couteux.
Ne pouvant exercer sa profession sans permis de séjour, elle joint les deux bouts en travaillant dans une société de service de nettoyage.
Tout bascule pour elle quand, un soir, elle est témoin d’un meurtre…Sur le point d’être exécutée, elle propose de débarrasser les lieux du méfait de toute trace d’homicide.
Elle devient alors « the cleaning lady » attitrée d’un cartel de crime organisé.

Comme vous le lisez, on ne s’est clairement pas embarrassé du souci de vraisemblance sur ce coup-là…On est encore sur un des marqueurs de la ‘network tv’ : les prémices WTF… Pour ne citer qu’un exemple, à peu près tout et n’importe qui est susceptible de devenir consultant à la police (y compris le diable en personne…)
Ici, comme souvent donc, il faut déjà arriver à passer au-dessus de l’absurdité de la chose pour tenter de passer un bon moment.
Néanmoins, ce n’est pas dans mes habitudes de me montrer fine bouche et je ne vais pas commencer maintenant : Elodie Yung (‘Elektra’ dans ‘Daredevil’) fait de l’excellent travail et le pilote était plaisant à regarder, complétant une à une les étapes qui sont censées fidéliser un publique.
La gageure n’est d’ailleurs pas négligeable : ce sont 22 épisodes (en moyenne) auxquels il faut trouver une audience pendant 1h ! (publicité comprise s’entend ; un épisode de ‘network tv’, c’est entre 42 et 45 minutes ! Pas plus, pas moins !)

C’est là que les fameuses formules toutes faites interviennent (attention la tête, on va faire un peu de math) :

A
(personnage doué mais lambda à qui il arrive une choses hors du commun) + B(Ce personnage a un trauma personnel) + C(des rebondissements inattendus ne cessent de se mettre en travers du personnage…c’est généralement là qu’intervient le ‘méchant’ de l’histoire) + D(des personnages secondaires décalés et/ou attachants aident le principal) = Y (d’une manière ou d’une autre, la résolution des problèmes du personnage se déroule dans le dernier acte)

Ce qui fait :
A+B+C+D=Y
Ça, c’est pour le premier épisode.

Vous pouvez ensuite appliquer :
B(on étoffe le trauma du personnage) + C(les rebondissements) + D(les personnages secondaires font toujours une apparition) + E(les enjeux auxquels le personnage fait face augmentent graduellement jusqu’au ‘Season Finale’) = Y(excepté les rares épisodes en deux parties, on arrive invariablement à la résolution des problèmes)
Copier- coller maintenant cette formule (B+C+D+E=Y) sur autant d’épisodes qu’on vous a commandé 
(n) et ce jusqu’au dernier de l’année où vous ajoutez simplement un twist final (T) pour jeter un pont vers la saison suivante (Z)
 
Ce qui donne donc : (
B+C+D+E)n+T=Z
Et voilà pour le dernier épisode.

Facile, non ?

Allez-y réfléchissez un peu, vous avez souvent vu ces formules toutes faites appliquées dans les séries que vous regardez sur ‘RTL-TVI’ ! (ou sur ‘M6’ si vous lisez depuis la France…)
Loin de moi l’idée de dire que ces séries sont mauvaises, elles sont souvent divertissantes ; et ‘The cleaning lady’ fait sans aucun doute le job.
Cependant, il va lui falloir quelque chose en plus pour s’élever au rang des grandes séries de ‘network tv’ (ce n’est pas un secret, en ce qui me concerne,
LOST est un sommet) : un facteur X !
Ce facteur qui donne un côté imprévisible aux formules toutes faites…

Vous voyez, c’est pas compliqué la ‘network tv’ : c’est mathématique !



En vous remerciant, bonsoir !



criTiQue 0048 : entre les lignes








Salutations,


On a beau dire ce qu’on veut sur son âge, on a parfois des moments suffisamment révélateurs pour nous confronter à la vérité : on ne rajeunit pas… 
Ne voyez pour autant aucune amertume dans le poncif, comme dirait Tyler Durden : « même La Joconde tombe en morceaux ! »
Mais le fait est qu’en y réfléchissant un peu, je me suis rendu compte que j’étais déjà adolescent au moment des faits relatés dans « Pam & Tommy »
Maintenant que vous avez cette information complètement inutile, je peux y aller !
 
Les nineties donc, encore…
Il faut que je m’y habitue : les glorieuses nonante sont la « IT » décennies du moment.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, en ce qui me concerne, il ne faut plus tergiverser : on peut déclarer officiellement que les 90’s sont les nouvelles 70’s !
Pourquoi je dis ça ?
Rappelez-vous, il fut un temps, pas si lointain d’ailleurs ; le prisme thématique se concentrait plus souvent qu’à son tour sur la revisite des avancées sociétales initiées dans les années 70 ! (je sais, je devrais plutôt écrire fin 60 – début 70...ne chipotons pas, voulez-vous ?) 
Ça vous dit quelque chose ?
Non ?
Tant pis… Mais toujours est-il qu’on est clairement témoins d’un changement de paradigme : aujourd’hui, c’est sans équivoque la période qui a vu la genèse de l’ère numérique qui fait figure de marotte scénaristique.
Et après tout pourquoi pas ?
Difficile de nier que l’époque recèle des moments clés que le temps nous permet maintenant de regarder avec un recul intéressant.
De fait, alors que les années 80 semblent condamnées à être évoquées (dans le divertissement mainstream en tout cas) uniquement à travers un placement frénétique de totem culturel, la dernière décennie du siècle dernier paraît quant à elle promise à une analyse rigoureuse et approfondie… Sans oublier financièrement profitable bien sûr…
 
Bien conscient de ce potentiel, j’avais, je le confesse sans rougir, beaucoup de mal à trouver un intérêt à cette chronique dont on sait, dans les grandes lignes, comment les évènements se sont déroulés et comment ils se sont terminés.
Étant d’un naturel curieux (et Covid aidant…je n’avais que ça à faire !), j’ai tout de même décidé de voir s’il y avait quoi que ce soit d’intéressant entre les lignes !
Avant de continuer, je me dois aussi d’admettre que cette curiosité était en grande partie induite par le casting.
En effet, le choix me paraissait à la fois étonnant et intéressant tant dans le chef de Lily James que de Sébastian Stan (pour les moins fut-fut d’entre vous, respectivement Pamela Anderson et Tommy Lee) : j’avais laissé James aussi incandescente que touchante dans le rôle de Linda Radlett (« The pursuit of love » - 2021) quant à Stan, je le connaissais uniquement en Sergent Barnes (Le ‘winter soldier’/’white wolf’ du ‘Marvel Cinematic Universe’)…Autant dire que ni l’un, ni l’autre (même en admettant que c’est le propre d’un acteur/d’une actrice de disparaître derrière le personnage) ne me semblaient être une évidence dans ces rôles.
 
Bon, ceci étant dit, pas besoin de faire durer le suspense ; si j’écris cette critique, c’est parce que j’ai trouvé beaucoup de choses entre les lignes !
Car même si, de prime abord, « Pam & Tommy » a l’air d’une manière cheap d’aborder la décade ; il n’a fallu attendre que la fin de la toute première scène pour que je change d’avis en réalisant (un peu tard, il faut bien le dire, mais j’ai toujours été lent) que bien loin d’être creuse, la série est au contraire une belle opportunité d’explorer le balbutiement des errements qui gangrènent de manière toujours plus toxique le « World Wide Web » :
Invasion illégale de la vie privée, objectification pernicieuse de la femme, fascination malsaine pour le scandale, double standard sexiste entre les genres,… J’en passe et des pires.
 
Mais au-delà de cette promesse, la série a le bon goût d’élargir le cadre de son histoire pour y inclure le portrait tout en nuances de l’homme dont les actions ont ouvert la voie à l’utilisation du web dans une des fonctions qui restera la sienne pour les années à venir !
(Allez, que personne ne joue à l’innocent ! Internet, ça sert à trois choses : chercher sur Google™, aller sur les rézo sossio et mater du porno !)
Franchement, je m’attendais à beaucoup de choses en regardant « Pam & Tommy » mais pas que le premier épisode soit presque entièrement consacré à un menuisier au bout du rouleau aux prises avec un employeur tyrannique. (Bon, ok, je ne m’attendais pas non plus à voir Sebastian Stan parler avec un pénis animatronic dans l’épisode deux…mais bref !)
Sans chercher à justifier ses agissements, la série expose minutieusement les circonstances amenant ce col bleu (joué tout en retenue par Seth Rogen) à entrer en possession de la VHS la plus chaude bouillante du moment.

Cette attention particulière à fouiller ses personnages n’augure que du bon pour cette série qui, par les thèmes qu’elle promet d’explorer et à travers des interprétations impeccables, a tous les atouts pour être une des bonnes surprises de ce début d’année.



En vous remerciant, bonsoir !