Mais j’ai la faiblesse de penser que c’est à raison (la plupart du temps) ... Après tout, comme n’importe quel vieux de la vieille qui se respecte, j’ai pas mal roulé ma bosse !
Rendez-vous compte : il fut un temps où il n’était pas rare pour moi de regarder 16 ou 18 séries à la fois, et donc, autant d’épisodes par semaine sur une période qui s’étalait de septembre à mai...
Autant dire que j’en ai vu...
C’était un autre temps : je parle ici d’une époque où il était possible de faire le tour des séries Netflix...Ouais, je sais, ça paraît difficile à croire... Il n’en reste pas moins que ce rythme m’a permis, 3 ou 4 années durant, de voir tout ce qui m’intéressait de près ou de loin !
Imaginez un peu aujourd’hui... Vu l’offre, il me faudrait quasiment tripler cette cadence...
Enfin bon, je m’égare ! Tout ça pour dire que j’ai appris à reconnaître ce qui valait la peine que je m’accroche et ce que je pouvais arrêter au bout d’une demi-heure.
Si je prends la peine de vous expliquer tout ça, c’est parce qu’il y a bien entendu des exceptions qui vont au-delà du simple acharnement (comme chroniqué ici).
Aujourd’hui dans mon salon, on parle de «From» : la série qui a pris 4 épisodes pour titiller mon intérêt !
Ce qui est d’autant plus incompréhensible quand on sait qu’elle est produite par Jack Bender (réalisateur récurrent de la série de mon cœur : ‘LOST’), Jeff Pinkner (qui est derrière une autre série de mon cœur : ‘Fringe’) et par les frères Russo (qui ont filmé les plus belles pages du ‘MCU’)... Bref, trouver meilleur pédigree ne serait pas une mince affaire ; on a ici affaire à des pros, des gens habitués à faire arriver des gros bateaux à bon port…
Pourtant, malgré ces noms ronflants, la série prend un temps rédhibitoire pour trouver son chemin ; et, spoiler alert, sans la qualité intrinsèque des deux premiers épisodes, j’aurais passé le mien...
De quoi ça parle ?
La série s’ouvre sur une petite bourgade, à première vue paisible.
On y trouve un homme occupé de nous rejouer ‘RRRrrrr!!!’ : il traverse le village pour demander à tout le monde de rentrer chez lui pour la nuit.
Pourquoi ?
On ne traine pas à nous le montrer, car il devient rapidement très clair que cette ville est mal fréquentée la nuit : une horde de fantômes cannibales y rode et ils sont apparemment affamés ! Un des membres de cette bande de voyous sanguinaires ne traine pas à se lancer sur une petite fille ; et on devine à ses dents pointues que ce n’est pas du tout pour lui faire un gentil câlin.
Lancement du générique, l’histoire peut commencer…
On nous présente alors une famille qui sillonne l’Amérique en mobile-home, et ces pauvres bougres vont très rapidement être confrontés à la dure réalité de ce trou perdu : Non seulement c’est infesté de fantômes cannibales, mais en plus, c’est impossible de partir !
Le shérif (joué par Harold Perrineau, clin d'oeil aux fans de 'LOST' et de 'Roméo + Juliet'), en tant que chef officieux du village, choisit néanmoins de ne pas expliquer de but en blanc à ces nouveaux arrivants ces deux fondamentaux...
Et quand, mis face à leurs échecs répétés, ils commenceront à se résigner, à accepter ce fait ; ils seront alors peut-être plus enclins à avaler la seconde pilule : si vous tenez vraiment à faire un tour au clair de lune, fantômes cannibales ce faisant, ce sera le dernier !
Malheureusement, cette belle logique n’a pas le temps de faire effet : au bout du troisième tour de manège, la famille se plante dans un ravin avec leur mobile-home… Impossible de les dégager rapidement…
Ils vont devoir passer la nuit dehors !
Ta ta taaaa !
Où tout autre répétition de son indiquant un suspense intense d’ailleurs, car la scène d’ouverture ayant installé assez efficacement la terreur et le danger posés par les fantômes cannibales, le suspense qui se développe est effectivement intense.
On a alors droit à un très bon double épisode, chargé de tension, où la survie des protagonistes est aussi précaire qu’incertaine.
Je sais que vous sentez les tares rédhibitoires venir et je ne vais pas vous faire attendre :
Les problèmes commencent au troisième épisode : on est face ici à une sorte d’antithèse de la géniale ‘Midnight mass’, car 'From' est une série qui s’appuie sur l’épouvante pour amener les personnages.
Vous me direz « et pourquoi qu’on ne pourrait pas, d’abord ? »
On peut tout à fait, Jean-Pierre ! Néanmoins, pour se faire, il faut des personnages intéressants à qui il est arrivé des trucs intéressants ; et, ici, on n’a ni l’un, ni l’autre…
Des exemples ? Voyons, vous avez le choix : l’ado qui se rebelle contre des portes ouvertes ; la jeune femme glauque qui entend des voix glauques qui la poussent à faire des trucs toujours plus glauques ; le mioche lourd qui voit des autres mioches mais qu’on ne croit pas alors qu’il a raison ; le patron d’une start-up à la mode qui casse les pieds à tout le monde pour trouver une solution et qui finit par tomber sur un début de solution ; le shérif qui a perdu sa femme parce qu’il faut qu’on soit triste pour lui…et je ne vous ai même pas encore parlé de la tribu hippie qui vit dans le village !
Alors pourquoi j’ai continué de regarder au-delà des deux premiers épisodes qui constituent un mini-film assez sympa ?
C’est simple : parce que j’ai toujours raison !
Ça a l’air un peu pompeux dit comme ça, mais force est de constater que je l’ai déjà dit : quand les personnages sont mauvais, la série est mauvaise…et que ce passe-t-il si les personnages sont bons ? Hein ? Hein ?
Oui, Jean-Pierre, c’est ça ! Elle est bonne !
Et ça se vérifie encore ici, comme si les scénaristes s’étaient rendu compte en cours de route où ils voulaient aller avec cette histoire (il faut tout de même attendre le quatrième épisode) : dès que la série se décide enfin à explorer réellement ses personnages au lieu de les mettre en position ‘a’ ou ‘b‘ dans le simple but de leur faire peur ; on aperçoit une lueur d’espoir pour ce show qui a tout pour être plaisant !
Un mystère prenant, une horreur glaçante et une atmosphère pesante sont autant des bons outils utilisés (plus ou moins) à bon escient sur des personnages qui, après un départ catastrophique, finissent par se révéler…
Bon, on ne va pas se mentir, ce n’est pas encore la panacée, mais au moins, on est sur le bon chemin !
En fait, ce n’est pas plus compliqué que ça de faire une bonne série : Il suffit de savoir où on va !
En vous remerciant, bonsoir !