criTiQue 0046 : on devient ce qu'on mange

 







Salutations,


Je reviens avec de la grosse news pour ce début 2022 :
On a retrouvé Juliette Lewis !
Ce nom n’évoque sans doute pas grand-chose à tous ceux qui n’ont pas vécu leur adolescence pendant la dernière décennie du 20ème siècle, néanmoins, jugez plutôt : entre « les nerfs à vif » (Scorsese), « Gilbert Grape » (Hallström), « Tueurs nés » (Stone), « Strange Days » (Bigelow) et « Une nuit en enfer » (Rodriguez) ; je pense qu’on a conféré le statut de « culte » pour bien moins que ça !
Aaaaaah les glorieuses « nonante »….
Impossible d’y échapper ! Les années 90 sont tendance pour le moment, que ça vous plaise ou non ! D’ailleurs, en entendant « Hole » pour la énième fois, je me suis dit deux choses :

1) Je ne croyais pas que c’était possible, pourtant voilà : les références aux ‘nineties’ commencent à me gaver…
2) Je suis heureux pour Cobain : dans un juste retour des choses, sa femme est devenue encore plus cliché que lui pour illustrer la période…c’est toujours ça de pris…

Cependant ces considérations nous éloignent du sujet !
Sujet qui, au demeurant, n’est pas vraiment Juliette Lewis ; mais bien la série dans laquelle on l’a retrouvée : « Yellowjackets »

Et là vous vous dites : « Quoi ? Ça parle vêtement maintenant ici ? »
Bin non ! On va parler cuisine et football en fait !
En effet, on suit ici un groupe de jeunes filles qui se rend au championnat national de « Soccer » ; suite à un accident d’avion (attention, comme ‘Kal-El’ dirait, statistiquement parlant; cela reste toujours la manière la plus sûre de voyager !) elles sont obligées de changer de régime alimentaire…

Bon, en gros, ce résumé est correct, mais c’est bien entendu un peu plus subtil (et glauque) que ça.

Effectivement, à l’aide d’aller-retours du présent vers le passé, on nous présente une équipe de foot féminine qui semblait avoir tout pour réussir. L’histoire s’ouvre sur une journaliste qui, 25 ans après les faits, tente de comprendre ce qui est arrivé à ces collégiennes.

Et nous aussi d’ailleurs !

Rapidement on comprend que…quelque chose…s’est passé pendant ces longs mois où elles ont été livrées à elles-mêmes ; nonobstant, la journaliste n’obtient aucune réponse de ces survivantes bien décidées à laisser peu importe ce qui s’est passé derrière elles….
Quant au spectateur, il reçoit par à-coup des notions perturbantes de la vie qu’elles ont vécues pendant ces 19 mois qui ont manifestement fait ressortir les pires instincts chez certaines d’entre-elles !
C’est même le moins que l’on puisse dire : ces flashs rapides post-crash, entre « sa majesté des mouches » et « apocalypto » (alors que les passages avant le crash font plutôt penser à « Euphoria »), laissent même carrément présager un retour à l’état sauvage aussi sordide qu’intriguant.
Franchement... Ces jeunes ! Faut toujours qu'ils en fassent une tonne ! Que tu crèves de faim au point d’en venir au cannibalisme, passe encore ! Mais de là à t’habiller en peau de bête et traquer tes congénères pour les bouffer dans une sorte de rituel païen ; il y a tout de même des limites à ne pas franchir !

Plus sérieusement, ce qui est intéressant, c’est que cela donne une intrigue à trois niveaux (pour ceux qui ne suivent pas : avant le crash, les 19 mois de survie et leur vie après leur sauvetage) et chacune se nourrit (si vous me passez l’expression) de l’autre, donne un relief fascinant aux actions et aux paroles des protagonistes… Relief qui, idéalement, ne fera que prendre du volume jusqu’à en devenir vertigineux…
Car, s’il faut bien convenir que cette situation de décompensation psychique est presque hypnotique tant elle est extrême ; il est impératif de passer au-delà : pour que cette chronique soit aussi magnétique que tragique, il faudra bien que l’on s’attache aux personnages !
Mission accomplie ?
Globalement, oui Jean-Pierre !
Si on n’est pas irrémédiablement lié à ces footballeuses après la première heure, on est en tout cas suffisamment immergé dans leur vie (ce qu’elle était et ce qu’elle est devenue) pour avoir la curiosité de continuer.

A ce propos, je ne peux que remarquer la justesse du casting de la version ‘jeune’ des personnages ! Chacune des actrices brille de subtilité et cela contribue grandement à l’envie de poursuivre cette série qui fait tout de même figure d’épouvantail dans le paysage formaté des productions récentes.
Et tant que j’y suis, puisque j’ai ouvert cette critique par un ‘qu’est-elle devenue ?’, je vais également la refermer comme cela…
Car le show est aussi l’occasion de retrouver Christina Ricci qui semble promise à un rôle captivant dans une histoire qui promet de l’être tout autant !



En vous remerciant, bonsoir !

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