lleBREAKINGBADathlon


 

Say my name!


Introduction initiale : 

Après avoir brillamment terminé son llOSTathlon, un long repos lui avait paru nécessaire.

Mais même le plus fainéant des guerriers ne peut se complaire éternellement dans l'oisiveté ! Passant au-dessus du sang, de la sueur, et des larmes nécéssaires pour arriver au bout d'un telle entreprise ; voilà que votre serviteur se prépare à recommencer l’expérience avec « lleBREAKINGBADathlon » ! (euh, ça veut juste dire que je vais me taper les cinq saisons de « Breaking Bad ») 

Le temps d’arrêter de parler de moi à la troisième personne, il me semble opportun de commencer par vous prévenir : la différence sera notable. 

En effet, tout d’abord, il y a autant de points communs entre "Lost" et "Breaking Bad" qu’entre un manuel de physique quantique et un autre sur la chimie ; néanmoins, du point de vue de la tâche que je m'impose, ce n’est qu’un détail : la réelle différence entre les deux marathons se marque surtout en 2 points :

 

1. Contrairement à mon llOSTathlon, que j'avais entrepris 'vierge', j’ai, dans une autre vie, déjà commencé à regarder Breaking Bad...

C'était, si ma mémoire ne me joue pas des tours, en l'an de grâce 2009, alors que la série débarquait à peine sur les écrans...Et, toujours si je ne m'abuse, j'étais à peine arrivé en début de seconde saison.

C'est donc dépareillé de mon habit virginal que j’aborde ce BREAKINGBADathlon.

Néanmoins, ayant relativement peu de souvenirs de ce premier contact, je m'étais laissé convaincre que cela ne poserait pas problème...C'était sans compter sur le fait qu'il est virtuellement impossible d'éviter les spoilers quand on suit aussi attentivement que moi l'actu série : je me suis vite rendu compte en regardant le premier épisode que mes souvenirs, aussi minces soient-ils, associés avec la très relative connaissance que j'ai sur le déroulement de la série ; teintaient invariablement ma réflexion.

Ce n'est sans doute qu'un détail pour vous (mais pour moi ça veut dire beaucoup...hum...pardon, je n'ai pas pu m'empêcher !), mais le principe même de ces ‘marathons’ que j'effectue repose en grande partie sur le fait que je sois "vierge" de tout apriori en regardant...J'ai découvert que ce n'était pas autant le cas que je l'aurais voulu...Deal with it !

Mais la VRAIE différence (2.) entre mon 'llOSTathlon' et ce 'BREAKINGBADathlon' c'est la raison qui m'a poussé à le commencer.

Celui consacré à "Lost" avait pour but de voir si la série « valait tout ce ramdam » (je me paraphrase), tandis que celui qui m'occupe en ce moment est directement en relation avec la raison qui m’avait empêché, à l’époque, de suivre la série épisode par épisode.

Je sais, ce n’était sans doute pas la peine d’en faire un mélodrame, mais j'ai trouvé "Breaking Bad" excessivement 'dur' à regarder : je ne suis tout simplement pas arrivé à passer au dessus de son extrême violence du point de vue psychique.

Et malgré les nombreuses relances de mon entourage amical pour me pousser à, enfin, regarder ce que la majorité s’accorde à définir comme ‘chef-d’œuvre’, je n’ai jamais pu me résoudre à m’y remettre.

Je suis pourtant loin d'avoir l'estomac fragile, mais quelque chose dans la descente aux enfers de Walter White (Le 'héros' de la série) me prenait aux tripes de manière un peu trop inconfortable. J'ai déjà confessé ma ridicule propension à me torturer les méninges pour des personnages fictifs et j'avais comme un pressentiment que ce brave Walter s'était engagé sur une pente qui l'amènerait tout au fond d’un trou que je n’avais vraiment pas envie de sonder.

Ne me demandez pas pourquoi, mais, à l'époque, j'étais purement et simplement dégouté à l'idée d'être le témoin de sa chute...Oui, je sais, mais j'ai jamais dit que j'étais complètement normal !

 

Bref, maintenant que la série est terminée depuis quelques années (le dernier épisode date de Septembre 2013) le moment me semble opportun pour un nouvel essai et, comme prouvé avec mon 'llOSTathlon', y a-t-il meilleure méthode qu'une analyse froide et détaillée pour appréhender, canaliser ses émotions (aussi stupides soient-elles) ; objectiver cette violence psychologique que me faisait subir Vince Gillighan (créateur et showrunner de la série) et, au final, prendre assez de distance pour arriver à déterminer la qualité réelle de Breaking Bad.

Car, jusqu'à preuve du contraire, Mr Gillighan, toute la violence psychologique du monde ne suffise pas à faire un bon personnage et, à plus forte raison, une bonne série.


Saison 1 - Introduction :

On plonge assez vite dans le vif du sujet et ce, sans filet : dès les premiers instants, on est mis au diapason sur le ton de la série. Ici pas de détours, pas de distractions inutiles : le but est de suivre Walter White, de comprendre d'où il vient, d'appréhender le pourquoi de ses décisions.


s01e01 - Pilot :

C'est sur un homme en slip que s'ouvre la série.

Le temps d'enfiler une chemise dans un accès de décence, le bougre se met à enregistrer un message qui s'adresse manifestement à sa famille...Ce qui me frappe tout de suite c'est qu'il prend la peine d'énoncer son nom complet ‘Walter Hartwell White’...Comme pour se rappeler, à lui autant qu'a ses proches, qui il est. Il est convaincu qu'il est sur le point de mourir et je suis donc enclin à croire qu'il est en position d'être le plus honnête possible.

De fait, je n'ai aucune raison de douter de la sincérité du message d'amour qu'il adresse à sa famille et, plus particulièrement, à sa femme.

Mais la question s'impose : Comment, comment en est-il arrivé là ?

Première occurrence d'un générique qui, je le sens, va me hanter.

Trois semaines plus tôt, Walter White ne dort pas...Rien ne l'indique, mais on ressent clairement que cette insomnie n'est pas un cas isolé. On rencontre sa femme –Skyler, qui, dans ces premiers instants me laisse une impression contrastée : D'un côté femme aimante (elle est clairement amoureuse de son mari...C'est plutôt une qualité, non ?), de l'autre femme casse couille (elle oblige son mari à manger du 'bacon végétarien'…Je n’ai rien contre en soi, c’est plutôt l’obligation en elle-même qui me dérange.)

Leur fils est handicapé, et autant que je puisse en juger, l’inclusion d’une personne souffrant d’une incapacité motrice était assez avant garde pour une série mainstream en 2009. En soi, sans même prendre en compte une eventuelle importance dans l’histoire, ça me semble opportun de le noter.

C'est au moment où l'on apprend que Walt est prof de chimie que je me rends compte que ma connaissance relative des évènements futurs teinte ma réflexion.

En effet, j'ai déjà une petite idée de ce qui va arriver à notre héros et le discours qu'il tient à ses élèves n'aurait certainement pas eu la même saveur si cela n'avait pas été le cas...Ce qui est fait est fait et je vais devoir m'employer à dépasser ce sentiment dérangeant : est-ce que je penserais ce que je pense si je ne savais pas ce que je sais ? (vous me suivez ?)...Tout cela pour dire que j'ai hâte d'arriver aux épisodes que je n'ai jamais vus...

Bref, venons-en à mes notes, voulez-vous ?

Walter leur dit (je paraphrase légèrement) :

" (Je préfère voir) la chimie comme l'étude du changement, les électrons changent leur niveau d'énergie, les molécules changent leurs liens, les éléments se combinent et changent leur composition...C'est la vie...c'est un cycle : développement puis décomposition..."

Etude du Changement ?

Changement de liens ?

Des éléments qui se combinent ET qui changent leur composition ?

Si ce n'est pas une façon détournée de parler de la série et de Walter en particulier, je veux bien raser ma barbe...

Ce qui m'a le plus intéressé, c'est la notion de développement et décomposition (Growth and Decay en V.O ...Si quelqu'un a une traduction plus élégante, je suis preneur)...Si j'ai raison dans mon assertion précédente, je suis curieux de savoir ce que cela signifie pour le parcours de Walter...

Ce qui ressort, dès le départ, du personnage principal, c'est la colère latente, la frustration constante qu'il est obligé de ravaler, et la scène où il est obligé de laver la voiture de son élève est sans doute un peu paresseuse mais on ne peut plus efficace : Walter est un homme humilié, obligé de faire deux boulots pour joindre les deux bouts. Et pour en venir là où je veux en venir, je trouve cela infiniment intéressant que, au final, c'est son beau-frère (Hank)-membre de la division anti narcotique, qui plante en Walt l'idée ‘Drogue=argent facile’ à la faveur d'une énième humiliation (ou l'on voit, en passant, à quel point il n'est pas à l'aise avec les armes à feu).

La suite devient presque automatique pour cet homme qui, à la lumière de la grossesse de sa femme, voit sa motivation de trouver de l’argent décuplée.

En parlant de Skyler, la deuxième scène où l'on passe un peu de temps avec elle me laisse la même impression ambivalente : elle s'occupe de Walter (essayant de le détendre...comment dire cela poliment ? Manuellement ?), mais le fait de manière distraite et distante qui donne l'impression qu'elle agit sans réelle envie...Pour le coup, la scène ne me parait pas du tout paresseuse ; en contrastant un geste supposé intime avec l'attitude désinvolte avec lequel il est pratiqué, elle illustre parfaitement la routine dans laquelle est tombée le couple.

En fait, l'un dans l'autre, quand, après 18 minutes seulement, les mots 'cancer' et 'inopérable' sont lâchés, la seule impression qui se dégage de Walt est 'Echec' (avec un grand ‘E’) : un homme ennuyeux qui n'a que des ennuis.

Est-ce délibéré ? L'empathie est ici minimum : on est pas 'triste' pour Walt, on a pitié de lui. Ce qui n'est, cela va sans dire, absolument pas la même chose.

Il faut évidemment parler de L'argent...

Plus que jamais le nerf de la guerre que la vie mène à White et WW est un homme en colère qui est maintenant poussé à la rébellion par son cancer : d'abord une rébellion contre cet 'esclavagisme' que lui impose son manque d'argent (il envoie paître son patron...qui ne l'a pas volé) et ensuite contre son statut d'homme ennuyeux.

Il demande à son beau-frère de l'emmener sur un 'raid' et c'est à cette faveur que, par hasard, il tombe sur Jessie. C’est de ces retrouvailles fortuites que découle toute l’histoire (ou presque). 

Jessie et « Mr White » (comme il l’appelle) ne sont pas des étrangers (le gosse est passé dans la classe de Walt il y a quelques années) mais ils ne sont absolument pas du même monde. Si Hank n’avait pas amené Walter à cet endroit précis, à cet instant précis, ces deux-là ne se seraient sans doute jamais revus et WW n’aurait, alors, pas tenu son billet d’entrée dans une sphère dont il n’avait, à la base, pas la moindre foutue idée sur la manière de l’approcher.

Walt voit en Jessie une opportunité : confiant, en sa qualité de chimiste, de pouvoir produire de la méthamphétamine d’une qualité supérieure, il ne lui manquait qu’une porte d’entrée dans ce milieu résolument dangereux.

Il y a encore deux faits qu’il me semble important de noter avant de passer à autre chose :

1. Dès le départ, dès les premiers balbutiements d’implication dans ce milieu, Walter menace pour obtenir ce qu’il veut.

Et

2. Jessie se montre septique (c’est le moins que l’on puisse dire et, honnêtement, il a toutes les raisons de l’être). Il cherche une raison valable au comportement de l’ennuyeux professeur qu’il a connu, regardant impuissant pendant que celui-ci vide les maigres économies…Et Walt a une réponse des plus intéressantes ; il répond à Jessie « I’m Awake ! » - Je suis éveillé !

La cocotte-minute du prof, est en train de siffler, il ne lui manque rien grand-chose pour éclater. Pourtant, une fois de plus, même en le regardant prendre son destin en main, la seule chose qui me vient encore et toujours à l’esprit est « cet homme est un raté »… 

Passons sur les évènements qui nous ramènent au départ de l’épisode, sinon pour dire que Walter produit, comme prévu, de la Meth’ à se damner et que, au final, l’impression que l’on retire de cette scène rocambolesque, c’est que le prof n’arrivera jamais à s’introduire dans ce monde.

Ce premier épisode laisse indiscutablement l’impression d’un homme qui ne maîtrise pas les évènements, qui a littéralement perdu le contrôle de sa vie et surtout de lui-même.

Et de terminer sur l’Argent…L’argent enfin facile, qui malgré toutes ses péripéties fait son entrée dans sa vie.

C’est sans doute la scène la plus forte de ce 'pilot', à peine a-t-il fini de palper cet argent gagné de manière on ne peut plus condamnable, que la première chose que fait Walt est de s’introduire dans le lit conjugal pour 'prendre' sa femme de manière animale.

Les deux scènes me paraissent faire miroir et le lien entre le pouvoir et la virilité laisse une impression malsaine dans le chef de Walter…Définitivement à surveiller…

A tous le moins, Skyler parait comblée, surprise, mais comblée par cet assaut de bestialité insoupçonnée…Néanmoins, elle termine sur un avertissement qui me semble important de noter :

« Le pire que tu peux me faire, c’est de me tenir à l’écart. »


Un homme averti…


s01e02 - Cat's in the Bag… :

Les premiers épisodes d’une série sont souvent le théâtre de tâtonnements autant au niveau des personnages que de la tonalité générale...Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le cas pour ‘Breaking Bad’ : Vince Gilligan (créateur et showrunner de la série) savait où il voulait aller depuis le départ !

Et, spécialement, dans le chef de son personnage principal...

En effet, ce qui apparaît clairement au long de ce deuxième épisode, c’est que, bon gré, mal gré ; Walter est prompt à gérer les problèmes qui se présentent à lui quand il se retrouve avec deux cadavres sur les bras.

Je ne sais pas pour vous mais, personnellement, je serais bien en peine de décider quoi faire après avoir pleuré ma race en me pissant dessus de trouille...

Walter, lui, continue sa petite vie comme si de rien n’était, mentant mal, il est vrai, mais le plus naturellement du monde néanmoins à travers une journée qu’il semble bien décidé à vivre le plus normalement possible.

Mais pour étayer mon propos, je dois passer à quelq’un d’autre.

A plus forte raison parce qu’au delà de simple constat, nous n’avons pas parlé enormément de lui.

Jessie offre pourtant le contre-poids parfait de l’attitude de Walt : Alors que le gamin est censé, et de loin, être le plus décérébré des deux ; il est portant le seul à mesurer l’horreur et la gravité de ce qu’ils sont en train de vivre, alors que la seule réponse du chimiste oscille entre pragmastisme et méthode Coué. (A ceci près que sa pensée positive est entrenue par une énergie négative...)

De fait, ce pragmatisme est un atout inestimable ! Il lui permet, entre autres, d’arriver à la conclusion que pour se débarrasser d’un corps ; l’acide est votre meilleure alliée. En somme, il le pousse à puiser dans ses énormes connaissances pour résoudre l’insolvable...

Ok, donc utilisation de ses forces pour se sortir d’un mauvais pas, check ! 1 point pour Walter ! 

Mais il est impossible de rester sur ce constat de réussite tant sa réponse à la situation semble dénuée de la moindre décence humaine.

Cette lecture froide et calculatrice de son dilemme pose des questions qui resteront, je pense, centrales jusqu’à la fin : Est-ce que Walt a toujours eu cette noirceur en lui ? Ou est-il devenu quelqu’un d’autre à l’annonce de son cancer ?

En ce sens, la scène la plus forte de cet épisode est sans conteste celle où il doit se résoudre à trouver le moyen de tuer quelqu’un : j’ai été attéré de noter que cela lui semblait plus facile de contempler l’utilisation du sac plastique que d’un revolver...Ce qui revient à dire qu’une mort lente par asphyxie est préférable à une mort rapide par balle dans sa logique tordue.

 

Pour autant, cette noirceur est vite remise en question à la faveur d’une décision aussi illogique que rassurante sur l’humanité de WW : Alors que le deuxième de leurs prisonniers reprend connaissance, il décide de lui offrir (dans l’ordre) de l’eau, de la nourriture, un seau, du papier toillettes et de quoi se désinfecter les mains. Soit le strict minimum élémentaire à la dignité de son prisonnier.

Cette contradiction met en avant une autre chose importante chez Walt : il ne sait absolment pas ce qu’il fait ! Il essaye de se repèrer dans ce monde souterrain de la drogue, d’appliquer une logique dans cet univers ‘sans foi, ni loi’, et ça ne peut que le pousser à commettre des erreurs...Je sais que c’est bizarre à dire alors que je viens de charger son manque d’humanité, mais ça reste un constat inéluctable : il devra rapidemment décider dans quel canevas il veut évoluer, arrêter au plus vite d’avoir un pied de chaque côté, sans quoi, il ne pourra que se faire prendre (et j’imagine que cela va risquer d’arriver assez régulièrement !)

 

Tant que je suis sur le sujet, un mot rapide sur Skyler,à qui Walt ne se lasse pas de proférer son amour inconditionnel ; et qui confirme sa propension à être un brin castratrice. Elle a sans aucun doute possible le bien de son mari en tête mais elle ne semble pas voir que celui-ci étouffe.

Je veux dire, si on n’oublie le cancer, la drogue, les meurtres et l’acide ; on serait quand même face à un homme qui a du mal à respirer en compagnie de son épouse.

Et cela n’augure rien de bon pour les plans de Walter...Elle l’a prévenu plusieurs fois ; elle ne se laissera pas mettre de côté...Il ferait bien de l’entendre au lieu de se révolter un peu vainement.



s01e03 - …And the Bag's in the River :
L’enjeu du début de la série est en train de se dessiner clairement : il s’agit de démontrer que personne ne « devient mauvais » en se levant du pied gauche le matin… C’est une série de petites décisions qui, l’une après l’autre, nous éloigne de ce que l’on est…
Walter est un homme en transition, un homme poussé à des comportements extrêmes par une situation qui l’est encore plus.
L’épisode nous expose on ne peut plus clairement le grand écart qu’est en train de faire Walter entre celui qu’il était et celui qu’il devient en s’ouvrant sur un WW dans la fleur de l’âge ; jeune, confiant et en compagnie aussi charmante qu’admirative…autant dire que le contraste est saisissant quand on revient au présent avec un Walt en train de s’échiner à récurer les entrailles fondues de la personne qu’il a empoissonnée ! A peine a-t-il entamé son incursion dans ce monde narcotique qu’il a déjà touché le fond !
Je vais essayer (je dis bien essayer) de ne pas en faire un gimmick, mais Bryan Cranston brille déjà tellement fort dans cet épisode que je ne peux pas passer à côté ! 
Autant dans ses tergiversations à se décider face à ce qui s’apparente à un choix entre la peste et le choléra que dans son exposé égotique de la chimie comme seule grille de lecture de la vie ; on a un étalage bluffant de la palette de l’acteur !
Ceci étant dit, Bryan ne décroche tout de même le titre de ‘MVP’ de cet épisode tant la prestation de Maximino Arciniega (qui joue le dealer retenu prisonnier par Walter et Jessie) est impeccable !
On a ici à faire à un criminel sans scrupule, habitué à être en position de force, à inspirer le respect et la peur ; et maintenant complètement à la merci d’un prof de chimie et son partenaire rendu à moitié décérébré par son addiction !
Mais c’est aussi quelqu’un de plus fin qu’il n’y paraissait de prime abord : il comprend que Walter est sur la corde raide, qu’il n’en faudra pas beaucoup pour le déstabiliser. Il se met alors en mode « Mr Nice guy » pour convaincre Walt de le relâcher et il est tellement bon que je dois bien avouer que j’avais moi-même envie de le croire !
White est devant une question plus difficile qu’il n’y parait et c’est un peu candidement exprimé à travers la liste « pour et contre » qu’il dresse pour savoir s’il va, oui ou non, dézinguer Domingo (le vrai nom du dealer).
Les « pour » (le laisser vivre) sont génériques (« c’est une question de morale », « le tuer serait mal », « je ne suis pas un meurtrier ») et, au final, j’en viens à me demander à quel degré Walt croit-il ce qu’il a écrit…La « vibe » de la scène semble plutôt indiquer qu’il cherche des excuses pour ne pas le faire, alors qu’il sait c’est inévitable… Il invoque donc des lieux aussi communs qu’indiscutables!
Comprenant que son ‘contre’ est imparable (« si je le laisse partir, il me tuera…ainsi que ma famille »), il décide alors de s’en remettre carrément à ‘Krazy-8’ en lui demandant de le convaincre qu’il ne doit pas le tuer ! Le dealer n’en demandait pas tant, et saisit l’occasion avec une maestria hypnotique : c’est un véritable cœur à cœur autour d’une bière qui découle de la présence forcée de Walter à ses côtés…
Pourquoi forcée ? Parce que tout ce temps qu’il passe avec Domingo, il ne le passe évidemment pas chez lui et Skyler finit par perdre patience : elle lui somme de rester peu importe où il se trouve pour la nuit…Cela ne m’étonne plus, mais Walt parait soulagé de ne pas devoir rentrer chez lui : peu importe l’amoralité de ce qu’il est en train de vivre, là au moins, il n’est pas obligé de mentir.
C’est presque en sifflotant qu’il prépare donc un sandwich à son prisonnier, libéré de la perspective de devoir se retrouver à nouveau face à son épouse… C’était oublier la principale raison de sa situation délicate (sa maladie) : il n’a pas le temps d’apporter le plat à son ‘hôte’ qu’il s’étale devant lui, s’évanouissant dans un fracas d’assiette cassée.
Après ça, les vannes sont ouvertes et Walt découvre qu’il est plus facile de parler de sa maladie avec ce caïd du coin qu’avec sa propre femme…
Comme je le disais, l’air de rien, Domingo est quelqu’un de fin et il arrive bien vite à cerner cet homme qui se sait condamné. Il lui lance même deux vérités qui, même si elles seront sûrement amenées à être contredites, n’en étaient pas moins importantes à entendre pour Walter :
1)     Il n’est pas fait pour ce ‘business’.
2)     Jesse est une pipelette instable et ne peut que lui amener des emmerdements.
 
Le numéro de charme de Domingo atteint alors son paroxysme…Walter se décide à le libérer…
Et c’est là que, comme souvent dans ‘Breaking Bad’, une violence viscérale se déchaine…De manière soudaine, inattendue ; comme un coup de feu dans la nuit…
Au final, la tentative du dealer d’agresser White (à l’aide d’un morceau d’assiette cassée plus tôt dans la soirée) lui donne ce dont il avait besoin : une raison de faire ce qu’il devait faire ! 
Cet attentat contre sa vie lui enlève la notion de choix car, à cet instant, c’est lui ou ‘Krazy-8…
En se berçant avec des boniments de légitime défense, il peut repartir avec une toute petite partie de sa conscience intacte.
 
Voilà son problème résolu…Mais il lui en reste encore…et pas des moindres : Skyler.
D’ailleurs, au final, difficile de ne pas douter des motifs de sa confession : Est-ce qu’il dit la vérité sur sa maladie parce qu’il comprend qu’il ne peut plus cacher quelque chose d’aussi important à sa femme…ou est-ce simplement un moyen de camoufler ce qu’il a trafiqué en cette nuit de découchage ?
Sans doute un peu des deux…
L’énormité de l’annonce va probablement lui permettre de se soulager des suspicions de son épouse, lui donnant ainsi un peu de répit…mais pas pour longtemps : Hank (son beau-frère membre de la brigade anti-stupéfiants) s’est mis, sans le savoir, sur les traces de Walter !
Voilà qui promet ! 




s01e04 - Cancer Man :
Comme prévu, c’est sur une Skyler en état de choc que s’ouvre cet épisode.

On le serait à moins, mais son silence laisse une impression de bombe à retardement.

Je commence à la connaître, cette Skyler et je sais pertinemment que lorsqu’elle aura fini d’absorber le choc, elle va se mettre tellement fort en mode ‘Warrior’ que ce pauvre Walt ne va même pas comprendre ce qui lui arrive.

Celui-ci semble s’accrocher au secret de sa maladie au-delà du raisonnable.

Pourquoi ?

C’est une assez bonne question : on pourrait être tenté de penser à un mécanisme de déni mais cela me semble plutôt dénoter quelque chose de plus profond, comme une manifestation d’un désir sous-jacent de ne pas se dévoiler à quiconque sous aucun prétexte.

Si on suit cette logique, il faut une fois de plus convenir que la maladie sert de révélateur pour Walt : beaucoup de comportements qu’il manifeste ne sont pas habituels chez lui et cela explique sans aucun doute l’attitude sèche et consternée dont sa femme fait preuve envers lui depuis que la série s’est ouverte.

Je l’ai déjà noté : Walter est un homme profondément malheureux et, en fait, j’en viens à me demander s’il ne prend pas son cancer comme une délivrance, un bon de sortie d’une vie qu’il considère comme un fardeau.

Je me suis souvent demandé s’il réalisait bien ce qui lui arrivait et j’ai compris en regardant cet épisode 4 que bien loin de voir un homme perdu, on était plutôt face à un homme soulagé.

Ce soulagement n’est pas clairement articulé et je ne pense pas que Walter lui-même l’analyse comme tel. Il se pare du fardeau d’assurer un avenir financier à sa famille et, cela lui évite d’avoir à regarder au fond de lui ce que la maladie lui inspire… C’est sans doute là que son silence prend sa source : il lui permet de ne pas reconnaitre que mourir ne lui  semble pas une mauvaise nouvelle.

Mais ces temps où il pouvait ruminer silencieusement son lent suicide est malheureusement terminé pour lui…Comme de juste, une fois les vannes ouvertes, Skyler est sur le sentier de la guerre : entre les livres qu’elle lit et les rendez-vous qu’elle prend, Walt perd toute voix au chapitre concernant sa maladie.

Walter nous donne d’ailleurs un accès aussi instructif qu’inédit à sa manière d’appréhender la vie : il enjoint Skyler à « ne pas se laisser gouverner par les émotions ».

Pour lui, sa mort est inéluctable (et bienvenue) ; il ne voit absolument pas l’intérêt de s’endetter pour une cause perdue… d’où son entrée calamiteuse dans le monde dangereux mais lucratif de la drogue…

Mais, la chronique des épisodes précédents est sans appel : cette tentative s’est révélée cauchemardesque et il est maintenant déterminé à couper les ponts avec Jesse.

 

Et d’ailleurs, tant qu’on y est, parlons-en de Jesse !

Il tente bien de se détendre avec la drogue fabriquée par Walter, mais le stress provoqué par les “péripéties” qu’il a vécues avec son ancien prof de chimie prend le meilleur de lui.

Comprenant qu’il ne s’en sortira pas, il choisit de retourner chez ses parents dans une tentative de retrouver un peu de stabilité.

On est pour le moins surpris de découvrir les origines borderline bourgeoise du gosse et on en vient à tirer des conclusions qui sont aussi rapides qu’elles ne sont, sans doute, fondées : aucun enfant ne pouvait sortir indemne d’un tel foyer!

En effet, les standards requis pour contenter ses parents semblent tellement inatteignables que s’en est malaisant.

Ce malaise est parfaitement personnifié par le petit frère de Jesse qui, sous ses apparences de petit garçon parfait, ne semble plus très loin de la dépression totale : Jesse choisit de couvrir le fait que celui-ci fume des drogues douces en cachette et se fait mettre à la porte (on comprend que c’est pour la énième et dernière fois)

Nonobstant le fait qu’elle se termine en eau de boudin, cette incursion dans son ancienne vie a tout de même offert une respiration au gosse qui retourne chez lui avec la tête plus claire…Plus claire, mais pas plus sage; car suite à une conversation avec des potes (où il exagère fortement son implication de la fabrication de la meth’ presque parfaite qu’a produit Walter), il semble prêt pour un deuxième round !

Bien conscient qu’il n’est rien qu’un vendeur sans produit, il est contraint de retourner voir Walt histoire de voir si le prof est partant pour un nouveau partenariat.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que White n’est pas chaud !

La promesse d’argent facile n’est, de loin, plus suffisante pour lui et même si on sent bien que l’impératif financier créé par la détermination de Skyler à le soigner aura bientôt raison de cet assaut de bonne conscience; il rembarre le gamin avec véhémence.

Tant qu’on mentionne la drogue, un mot sur Hank : Celui-ci assure à White qu’il prendra soin de sa famille si les choses venaient à mal tourner et le dédain que cela inspire à Walter est on ne peut plus clair… Sachant que, de par son métier, le beau-frère du chimiste est en train de le traquer sans savoir qu’il le traque ; ni cette déclaration, ni la réaction qu’elle provoque ne manquent de sel !

 

Reste à parler du fils de WW qui semble être le seul à décrypter correctement la réaction de Walter à sa maladie et en est évidemment très peiné.

Cette peine finit par éclater en colère et c’est par un « Why don’t you just fucking die ? » cinglant qu’il tente de faire comprendre à son père le manque total d’empathie dont il fait montre par rapport à la peine que sa famille éprouve.

Cela suffira-t-il à lui donner l’envie de se battre ?

Rien n’est moins sûr…



s01e05 - Gray Matter :
L’ouverture de cet épisode est claire : nos deux protagonistes sont décidés à vivre non seulement le plus normalement possible mais surtout l’un sans l’autre !
Et on y croit pas un seul instant...
 
Commençons par Jesse car, finalement, il n’y a pas grand-chose à en dire :
le gosse tente carrément de se dégoter un job mais sa gouaille maladroite et sa cravate bon marché ne semblent convaincre personne.
On lui propose néanmoins un travail qu’il estime bien en dessous de ses capacités hors normes…
Bien loin de moi l’idée de dénigrer Jesse, mais force est de constater qu’il a encore beaucoup de chemin à faire pour être à la hauteur de ses ambitions ! C’est néanmoins un détail puisque la scène est surtout un prétexte pour le remettre en contact avec une ancienne connaissance qui peut lui fournir une grosse quantité d’un composant essentiel à la fabrication de méthamphétamine… Il n’en fallait pas plus au gosse pour renoncer au droit chemin.
Pourtant, là encore, il y a un monde de différence entre ses idées de grandeur et ses capacités.
Jesse s’est décidé à élever ses standards et veut produire une drogue d’une qualité qu’il puisse comparer à celle que fabriquait Walt. Néanmoins, en un mot comme en cent, on est loin du compte ; et son partenariat avec ce nouvel acolyte se termine en eau de boudin.
 
Pendant ce temps, Walter est immergé de force dans son passé et ce bain n’a pas du tout l’air à son goût !
Invité à l’anniversaire d’un ancien condisciple à l’université, on comprend peu à peu que Walter n’a pas toujours été cette version pataude de lui-même : Once upon a time, il était admiré, respecté et surtout promis à une brillante carrière.
On aperçoit d’ailleurs ce mode ‘BG’ chez lui dans le s01e03 et, plus que jamais, la question se pose : mais, bordel de merde, qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
Comment est-il passé d’un universitaire ambitieux venant de créer sa start-up avec son ami à un prof de secondaire démotivé par ses élèves apathiques ?
La réponse tient sans doute en partie dans sa rencontre avec Skyler…
Attention, je ne veux pas dire que c’est donc la faute de sa femme ! C’est juste que ça se passe comme ça quelques fois : on tombe amoureux, un enfant montre rapidement le bout de son nez et la recherche d’une source de revenu stable devient un impératif ; même si, pour cela, on doit prendre un travail bien en deçà de ses qualifications...
C’est vraisemblablement ce qu’il s’est passé pour Walt et la fin de l’épisode nous en donne la confirmation à demi-mot en suggérant que cet enchainement de circonstances est en relation directe avec son état d’esprit par rapport à sa maladie :
White n’a pas l’impression d’avoir jamais eu le choix dans sa vie…
Mais je m’avance un peu, revenons à Skyler.
Comme je l’ai dit maintes fois, les années passant, je n’ai pas toujours réussi à éviter les informations sur la série. Cela inclut le ressenti général qui se dégageait de la toile sur tel ou tel personnage... Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le personnage de Skyler (et, par extension, son interprète Anna Gunn) n’a pas vraiment une côte de popularité enviable.
J’ai donc fait particulièrement attention de rester le plus neutre possible en analysant les actions et réactions de la femme de Walter, histoire de me faire une opinion qui ne soit pas teintée par ce bashing constant dont elle semble avoir fait l’objet.
Ceci étant, j’ai eu l’occasion de noter à plusieurs reprises des tendances castratrices chez elle : elle est souvent prompte à imposer à White une manière de penser ou de faire sans lui donner l’importunité de s’exprimer... On ne parle pas ici de qui a raison ou tort, mais simplement d’un canal de communication qui semble ne fonctionner que dans un sens...
Tout ça pour dire que cet épisode met clairement en avant cette tendance !
Plus encore, il met en lumière une sorte d’hypocrisie chez elle :
Décidée à imposer sa vision des choses à Walter, elle organise une bonne vieille ‘intervention’... Avec le coussin qui donne le droit de parler et tout le tremblement.
Le but avoué ?
Que tout le monde puisse s’exprimer librement.
Le but réel ?
Que tout le monde l’aide à convaincre Walter de se soigner...
Ce n’est pas exactement comme ça que ça se déroule (sa sœur Mary exprime l’opinion que Walt devrait pouvoir choisir librement ce qu’il veut faire) et on voit clairement Skyler se mettre en colère de ne pas être suivie inconditionnellement dans sa tentative. On la voit se démener avec véhémence contre cette sotte qui ne comprend pas qu’ils sont tous là pour qu’on appuie sur les boutons qui feront changer Walt d’avis.
Expliqué comme cela, il est facile de conclure que ‘Sky’ est LE bad guy dans cet histoire de cancer...Mais en vérité, il n’y a pas de bad guy... Il y a juste une femme qui aime son mari et qui ne veut pas le voir mourir.
Une femme qui n’arrive tout simplement pas à comprendre la réaction de l’homme de sa vie face à cette menace qui va les séparer.
Comme je le disais plus haut, la petite fête en compagnie des fantômes de son passé ont rappelé à White que les choix de son existence ont été dictés par des circonstances qu’il ne maitrisait pas. Mais pas cette fois... Cette maladie, il peut en faire ce qu’il en veut.
Il l’admet, il pourrait décider de s’infliger tous les inconforts d’une chimiothérapie agressive pour tenter de survivre tant bien que mal...mais ce n’est pas ce qu’il veut... Ce qu’il veut, c’est profiter du temps qu’il lui reste en pensant le moins possible à sa maladie.
 
C’est son souhait, ce qu’il ressent dans ses tripes... Et ce n’est, bien entendu, PAS ce qu’il va faire.
 
J’en aurais mis ma main au feu et je n’ai pas dû attendre longtemps pour voir Walter réaliser à quel point sa femme était consumée par l’idée de sa survie.
Il fait ce que sa femme n’est pas capable de faire pour lui : il se met à sa place.
Une fois qu’il en était là, il ne lui restait plus qu’un choix : céder.
Mais à quel prix ?
Il a besoin d’argent par se soigner et cet argent, il n’a pas envie de l’obtenir sous forme de charité déguisée par son ancien camarade de classe.
Il sait où en trouver de l’argent... L’heure de retrouver Jesse est arrivée !
 
Il y a plusieurs moyens de se suicider et en le regardant se diriger vers la maison du gosse, il m’est apparu clairement que White en avait juste choisi un qu’il pouvait dissimuler : si Skyler a bel et bien réussi à le garder en vie, elle va finir par se rendre compte que tout ce qu’elle a réussi à faire, c’est de tuer la version du Walter qu’elle aime.
 
 
 


(A suivre : s01e06 - Crazy Handful of Nothin’)

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