Salutations,
Sans avoir l’air d’y toucher, voici la question (tout de même assez profonde) que ‘Dexter’ (la série) nous pose tout en nous narrant les péripéties d’un tueur en série.
Car le traumatisme majeur qu’a subi notre héros (ou antihéros, selon le coté de la ligne ou vous vous trouvez) durant sa petite enfance (essayez de rester enfermé pendant des jours dans un conteneur en compagnie de votre mère qui a été préalablement découpée à la tronçonneuse et nous verrons comment vous vous débrouillez dans la vie…) l’a complètement changé…Dexter déclare à maintes reprises qu’il ne croit pas « être » humain…Mais est ce vraiment la vérité ? Quand nous le rencontrons Dexter, il parait froid et (pour être honnête) répugnant.
Néanmoins, très vite, notre jugement est remis en question et nous force à sonder notre définition de ce qui fait « l’humanité » de quelqu’un. Dex prétend ‘simuler’ ses sentiments et ses interactions avec ce qu’il appelle les ‘êtres humains’…Il les simule d’ailleurs tellement bien que tout le monde est convaincu d’être en face d’un type, certes un peu ennuyeux, mais fondamentalement ‘bon’ Je repose donc la question : Qu’est qui fait de nous des être humains ? Ou autrement dit : Est-ce que choisir de dire que Dex fait semblant d’être humain ou de dire que Dex EST un être humain n’est il pas, au fond, juste une question de sémantique ?
En fait, plus on avance dans les saisons moins la différence entre les 2 est discernable. Sur le court des quatre années que nous passons avec lui, nous voyons Le ‘serial killer’ se remettre encore et encore en question, se demandant sans cesse la nature exacte des sentiments dont il fait l’expérience, essayant désespérément d’établir une connexion avec un(e) autre. Que ce soit avec son psychopathe de frère Rudy, la bombe sexuelle pyromane Lila ou le non moins psychopathe procureur d’Etat Miguel Prado, Dexter a faim d’être accepté pour ce qu’il est par ceux qu’il pense être ses ‘pairs’ et si chacune de ces 3 tentatives échoue parce ceux-ci veulent voir en Dex quelque chose qu’il n’est pas et surtout, parce Dex lui-même n’arrive pas à accepter que ceux qui le voit comme un être humain (sa sœur Debra, se femme Rita et son ami Angel pour ne citer qu’eux) sont ses véritables ‘pairs’…D’ailleurs, il finit par réaliser que les connexions qu’il a tant cherché, il les a, en fait, déjà établie…A un moment (je ne rappelle plus exactement à la fin de quelle saison) il conclut même être ‘un concept transformé en réalité’…ce qui revient à dire que se comporter comme un être humain, c’est en ÊTRE un… Il pense se battre pour la recherche de son humanité alors que tout ce qu’il fait c’est l’enrichir un peu plus à chaque fois qu’il surmonte un obstacle…c’est ce qu’on appelle la maturité Dex, ne t’en fais pas ! Cela fait partie des choses qui nous arrivent en tant qu’être humain!
Plus que tout le reste c’est cette évolution de Dexter (mais aussi, tout particulièrement, les toutes dernières secondes de la 4ème saison) qui donne à la série une âme qui lui survivra longtemps après qu’elle soit déprogrammée. Le point culminant de cette évolution est (à mon avis) atteint lors de la dernière conversation entre Dex et Rita. Tout au long de cette saison leur emménagement ensemble force notre homme à montrer un peu plus sa vraie personnalité à son épouse, passant quelques fois près du point de non retour. Mais lors de ce dernier aparté il se rend compte que Rita sera toujours là pour lui, mieux encore : elle a confiance en sa capacité à ‘conquérir ses démons'.
Ce dernier moment de tendresse constitue vraiment le pinacle de leur relation et donne une résonance émotive quasiment dantesque à la dernière scène. Et puis il y a Harrison, l’image de ce petit bonhomme baignant de le sang de sa mère est certainement une des (si pas LA) scène le plus bouleversante qu’il m’aie été donné de regarder. La puissance du drame, faisant écho à la tragédie qu’a eue à endurer Dexter, arrivant alors que celui semble prêt à faire taire son ‘Passager sombre’, son ‘démon’ nous fait ressentir une empathie presque sans limite pour le tueur… Voilà bien un tour de force, qui mérite de passer au panthéon de la télévision.
En vous remerciant, bonsoir !