criTiQue 0019 : Membre à part

 

Salutations,

Depuis leur virage impossible à exprimer en degré effectué avec "Kid A" (2000) et plus particulièrement au vu des décisions du groupe quant à la distribution de leur musique, il me semble que "Radiohead" est plus discuté qu'écouté, qu'il devient de plus en plus difficile de parler musique quand on parle d'eux...Je vais donc essayer de me recentrer sur l'essentiel avant de, presque inévitablement, me perdre en digression inutile.

Inutile, car beaucoup de mélomanes ont une opinion trop bien trempée du groupe pour encore se préoccuper d'être objectifs (souhaitez moi bonne chance, c'est ce que je vais tenter de faire...)

Voici donc arrivé le moment de la question à 7/9 Euro (c'est selon) :

Que vaut, réellement, "King Of Limbs" ?

Un constat s'impose d'emblée à la première écoute : ce disque n'a pas vocation à gagner un nouveau vivier d'auditeurs. En fait, ma première impulsion fut de classer ce bloc de huit plages aux allures de compil' drum’n’bass comme anecdotique. L'espace d'un instant, j'ai même pensé que j'allais rapidement passer à autre chose et l'un dans l'autre, c'est presque par réflexe que j'ai pris la peine de l'écouter une seconde fois...

A ma grande surprise, la deuxième session s'est révélée différente:

Cohérent mais (très) compact, le disque a inexplicablement (au vu de mon premier contact) commencé à livrer des moments de grandes grâces au détour de son apparence froidement électronique et, au fil des rendez-vous sonores, a fini par faire preuve d’une personnalité bien différente de son allure générale: simple et dénudée, émouvante et riche, nerveuse mais délicate…En un mot comme en cent, il me semblait bel et bien découvrir quelque chose de plus à chaque écoute.

Moi qui ai horreur des analogies faciles et autres métaphores de comptoir, il m'est pourtant difficile de ne pas me lancer dans celle-ci : "The King of Limbs" tire son nom d'un chêne millénaire et (c'est sans doute dû à un manque d'imagination) je ne peux pas penser à une meilleure comparaison (oui, je suis bien en train de comparer l'album à un arbre)

Le tronc est tout ce que l'on voit au premier coup d'œil mais, quand on prend la peine d'y regarder plus près, on remarque les racines qui s'enfoncent dans le sol...Racines que l'on devine profondes, multiples et sinueuses. Racines qui, finalement, se révèlent (comme le veut la logique) être ce qui donne à l’arbre toute sa force, sa beauté et...je vais arrêter là le massacre, je crois que personne n'a (en plus) besoin d'un dessin pour comprendre ce que j'essaie de dire...

Pour autant, est-ce que le huitième opus des Anglais est le disque de l'année ? Certainement pas ! Est-ce qu'il restera au panthéon de la musique comme un album inoubliable ? Pas en ce qui me concerne...(En fait, pour moi, Radiohead n'a plus rien sorti de "Majeur" depuis "Kid A")

Néanmoins, il mérite, je pense, qu'on lui consacre plus qu'une écoute distraite et prédéterminée par son rapport émotionnel au groupe.

Nous y voilà déjà...Comme promis, le moment de discourir sur le " cas Radiohead" est arrivé, impossible d'y couper...

Comme je le disais plus haut, il devient difficile de ne pas adresser le débat passionnel qui entoure le groupe...Certaines personnes détestent ou adorent "Radiohead" par principe, presque par idéal et les traitent donc avec un manque de discernement aussi radical que stérile (quel que soit le côté où penche la balance - dithyrambisme ou lynchage -). Pour ma part, je n'ai jamais vu aucune raison de traiter ce groupe autrement que n'importe quel autre groupe :

Radiohead se passe de tout circuit promotionnel ?

Ils savent pertinemment que ce n'est, de toute façon, pas (plus) utile pour eux : A leur stade de popularité, se passer de promotion leur assurent toute la publicité dont ils ont encore besoin.

Ils distribuent leur musique de manière "fuck-le-système" ?

C'est certain...Mais il ne faut pas oublier que cette liberté d'être "rebelle" leur a été conférée par le travail de "succion" du pognon de leurs fans par leur maison de disque, et ce, pendant des années (ce n'est pas une attaque ou même une critique, c'est simplement le constat des faits...)

Non, au final, (toujours en ce qui me concerne) ce qui est réellement digne d'intérêt et, avouons-le, d'un peu de d'enthousiasme, c'est qu'ils utilisent cette autonomie qu'on leur a octroyé pour nous livrer une musique qui, à défaut d'être toujours exceptionnelle et avant-gardiste, a, au moins, toujours pour elle de continuer à être une exploration. D'être plus qu'une tentative de nous refourguer un autre "Ok Computer" ou un écho de "Creep".

A mon sens, cette recherche discontinue et bordélique justifie une partie du respect et de la déférence (somme toute exagérée, avouons-le aussi) qu'on leur voue.

Plus important encore, ce respect fait que "Radiohead" est sans doute le seul groupe à l'heure actuelle à obtenir des "mass(es)" (mass média et masses populaires), non seulement, une patience et une ouverture d'esprit mais, aussi, une haine et un dédain à l'épreuve des modes et des courants. Un des derniers groupes à encore, réellement, diviser une opinion publique de plus en plus dangereusement uniformisée...

Voilà que n'est pas rien...Non ?

En vous remerciant, bonsoir !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Nice ;-)

Anonyme a dit…

tout est dit et bien dit !