criTiQue 0047 : de deux choses Lune








Salutations,


En regardant ‘Kingdom’ (Dans la Corée du 16ème siècle, un mal mystérieux sévit : les morts reviennent à la vie…rien que ça…) en 2019, j’étais bien loin de me douter que ‘Netflix’ allait devenir ‘the place to be’ pour les productions coréennes. (Ou, plutôt, que les productions coréennes allaient devenir ‘the thing to watch’…mais bref)

Depuis, entre autres, ‘Dr Brain’, ‘Hellbound’ (tant que j’y suis, petite annonce : ‘Hellbound’ passera certainement sous les projecteurs de mon salon…) et l’inévitable ‘Squid game’ ont quasiment réussi à nous faire plus parler de la Corée du Sud que de l’autre ! (Merci Mr Streamy : le temps passant, on est de plus en plus comme mon chien sur le bord d’une route : rien de tel pour lui faire oublier la voiture contre laquelle elle aboie qu’une autre voiture qui roule dans le sens inverse).
Et ce n’est pas prêt de s’arrêter : en 2022, ce ne sont pas moins de 25 films ou séries coréennes qui vont arriver sur la plateforme de streaming !
‘The silent sea’ était donc tout autant dans mon radar que dans celui des autres centaines de millions d’abonnés ‘Netflix’ et, pour votre plus grand plaisir, je me suis enfin décidé à vous faire part de mon avis !

Imaginez la terre quasiment exsangue d’eau, presque complètement aride ; où l’on doit faire la file pendant des heures pour avoir une maigre ration de flotte… (Et si vous n’y arrivez pas, patientez encore quelques décennies, vous aurez peut-être une meilleure idée de ce dont je parle…) C’est le monde dans lequel les protagonistes de cette énième production nous venant de l’Est vivent et ça n’a pas l’air de rigoler tous les jours : ils en sont réduits à euthanasier les toutous ! (si madame ! c’est comme je vous le dis !) (Ceci étant dit, ils continuent à rouler en voiture, donc ça ne va pas si mal que ça…)
Dans pareille situation, quelques soient les causes du problème, l’humain a souvent tendance à se tourner vers les étoiles pour résoudre ledit problème et c’est naturellement ce qui a été tenté il y a 5 ans via une mission habitée sur la Lune.
Mais, vous l’avez vu venir, la mission a foiré !
Que s’est-il passé ?
Bin on sait pas !
Et comment qu’on va arranger ça ?
Bin en renvoyant une équipe de sauvetage !
Equipe qu’on va soigneusement préparer au challenge qui l’attend en lui donnant toutes les informations dont on dispose… (Qui, pour rappel, sont : aucune, et aucune…)
On ne voit pas comment tout ça pourrait mal tourner, n’est-ce pas ?

J’exagère légèrement, on leur explique quand même que, tant qu’ils sont là-bas tout là-haut sur la lune, ce serait sympa de rapporter des capsules contenant une « substance inconnue » (bin voyons).
Ils n’ont donc aucune idée de ce qu’ils vont trouver une fois qu’ils vont alunir et ils ne peuvent pas compter sur le seul gars qui est revenu de la mission précédente : il est quasiment neurasthénique.
Quant à nous, spectateurs avisés que nous sommes, on sait pertinemment où tout cela va mener : maladie mystérieuse…contagion…zombification…parasite extraterrestre…spores… On ne sait pas exactement quoi, mais le résultat est le même : la dernière chose à faire, c’est d’ouvrir la porte de ‘Balhae’ (la base lunaire avec laquelle on a perdu le contact)
On trouve un peu de tout de cette ‘agence tout risque’ ; dont ce qui semble être le quota obligatoire de personnages aussi loufoques que puérils dans les séries coréennes… Mais passons, après tout, the 'A-team' avait ‘Looping’…
Pilote, ingénieur, docteur,… donc du beau monde tout de même pour cette mission et on nous montre assez rapidement que le huis clos qui se profile ne sera pas triste : on identifie tout suite le leader prêt à tout pour réussir la mission, les questionneurs qui comprennent que la mission comporte trop de zones d’ombres et les rebelles qui ne peuvent s’empêcher de poursuivre leur propre objectif au détriment de la mission.
« L’astrobiologiste » de cette aventure (jouée par Donna Bae, clin d’œil aux fans de ‘Sense8’) fait partie de la dernière catégorie : elle est partie pour savoir ce qui est arrivé à sa sœur et n’en a que faire des mystérieux échantillons que son équipe est censé rapporter.

Voilà le décor planté…
Je pensais être devant un bon vieux suspense doublé d’un mystère dans un monde apocalyptique… Tout ça dans l’espace !
Pourtant ce n’est pas ce que j’ai vu…
Ce que j’ai regardé, c’est un crash de navette sans suspense suivi d’une randonnée lunaire sans mystère entrecoupé de flashbacks sans apocalypse… Bon, d’accord, ça se passait dans l’espace ; mais vous aurez compris, je n’ai pas été emballé pour autant !
J’aurais sincèrement voulu, mais j’ai passé plus de temps à questionner la pertinence de ce que je voyais qu’autre chose : à un moment, on perd carrément une plombe à les voir marcher sur la lune et la série essaye sérieusement de nous faire avaler qu’il y a un quelconque enjeu dans ce hiking sous oxygène… (Genre : ouuuuuh, ils vont peut-être ou pas en manquer !!!)
N’y avait-il pas un moyen plus captivant de les coincer sur notre satellite tout en faisant mourir la seule personne qui pouvait les rencarder que ce crash qui les force à faire une marche au clair de terre ?
Je pense que poser la question, c’est y répondre…
Car oui, spoiler alert, le seul survivant des évènements qui se sont déroulés sur ‘Balhae’ il y a un lustre meurt avant d’avoir eu une quelconque utilité…
Enfin, je ne suis pas de bon compte, rendons justice à ce personnage ! Il lâche un : « Eau…surtout pas eau ! » qui mérite de figurer dans les annales des avertissements les plus bidons de tous les temps !
J’aime bien en faire des tonnes, mais je vais m’arrêter là, je pense que c’est clair : je n’ai pas vraiment eu droit à un bon moment de télévision.

Bien sûr, les séries de streaming sont souvent pensées comme un long film et tout ce que je réclame d’une histoire avait largement le temps de s’installer au gré des épisodes… Mais je passe mon tour, traitez-moi de vieux de la vieille si ça vous chante, mais un premier épisode se doit de remplir sa fonction d’introduction (des personnages comme de l’intrigue) de manière efficace et ambitieuse ! (« Yellowjackets », histoire d’utiliser l’exemple d’une série que j’ai regardée en 2022, est une excellente illustration de ce propos…)

Alors, de deux choses l’une :

Soit, le show prend un temps infini pour en arriver au fait (le deuxième épisode n’a rien fait pour corriger cette impression) et c’est pour moi un ‘dealbreaker’ ; soit c’est tout simplement mauvais et je n’ai même pas besoin de vous donner la conclusion que j’en tire.


En vous remerciant, bonsoir !

criTiQue 0046 : on devient ce qu'on mange

 







Salutations,


Je reviens avec de la grosse news pour ce début 2022 :
On a retrouvé Juliette Lewis !
Ce nom n’évoque sans doute pas grand-chose à tous ceux qui n’ont pas vécu leur adolescence pendant la dernière décennie du 20ème siècle, néanmoins, jugez plutôt : entre « les nerfs à vif » (Scorsese), « Gilbert Grape » (Hallström), « Tueurs nés » (Stone), « Strange Days » (Bigelow) et « Une nuit en enfer » (Rodriguez) ; je pense qu’on a conféré le statut de « culte » pour bien moins que ça !
Aaaaaah les glorieuses « nonante »….
Impossible d’y échapper ! Les années 90 sont tendance pour le moment, que ça vous plaise ou non ! D’ailleurs, en entendant « Hole » pour la énième fois, je me suis dit deux choses :

1) Je ne croyais pas que c’était possible, pourtant voilà : les références aux ‘nineties’ commencent à me gaver…
2) Je suis heureux pour Cobain : dans un juste retour des choses, sa femme est devenue encore plus cliché que lui pour illustrer la période…c’est toujours ça de pris…

Cependant ces considérations nous éloignent du sujet !
Sujet qui, au demeurant, n’est pas vraiment Juliette Lewis ; mais bien la série dans laquelle on l’a retrouvée : « Yellowjackets »

Et là vous vous dites : « Quoi ? Ça parle vêtement maintenant ici ? »
Bin non ! On va parler cuisine et football en fait !
En effet, on suit ici un groupe de jeunes filles qui se rend au championnat national de « Soccer » ; suite à un accident d’avion (attention, comme ‘Kal-El’ dirait, statistiquement parlant; cela reste toujours la manière la plus sûre de voyager !) elles sont obligées de changer de régime alimentaire…

Bon, en gros, ce résumé est correct, mais c’est bien entendu un peu plus subtil (et glauque) que ça.

Effectivement, à l’aide d’aller-retours du présent vers le passé, on nous présente une équipe de foot féminine qui semblait avoir tout pour réussir. L’histoire s’ouvre sur une journaliste qui, 25 ans après les faits, tente de comprendre ce qui est arrivé à ces collégiennes.

Et nous aussi d’ailleurs !

Rapidement on comprend que…quelque chose…s’est passé pendant ces longs mois où elles ont été livrées à elles-mêmes ; nonobstant, la journaliste n’obtient aucune réponse de ces survivantes bien décidées à laisser peu importe ce qui s’est passé derrière elles….
Quant au spectateur, il reçoit par à-coup des notions perturbantes de la vie qu’elles ont vécues pendant ces 19 mois qui ont manifestement fait ressortir les pires instincts chez certaines d’entre-elles !
C’est même le moins que l’on puisse dire : ces flashs rapides post-crash, entre « sa majesté des mouches » et « apocalypto » (alors que les passages avant le crash font plutôt penser à « Euphoria »), laissent même carrément présager un retour à l’état sauvage aussi sordide qu’intriguant.
Franchement... Ces jeunes ! Faut toujours qu'ils en fassent une tonne ! Que tu crèves de faim au point d’en venir au cannibalisme, passe encore ! Mais de là à t’habiller en peau de bête et traquer tes congénères pour les bouffer dans une sorte de rituel païen ; il y a tout de même des limites à ne pas franchir !

Plus sérieusement, ce qui est intéressant, c’est que cela donne une intrigue à trois niveaux (pour ceux qui ne suivent pas : avant le crash, les 19 mois de survie et leur vie après leur sauvetage) et chacune se nourrit (si vous me passez l’expression) de l’autre, donne un relief fascinant aux actions et aux paroles des protagonistes… Relief qui, idéalement, ne fera que prendre du volume jusqu’à en devenir vertigineux…
Car, s’il faut bien convenir que cette situation de décompensation psychique est presque hypnotique tant elle est extrême ; il est impératif de passer au-delà : pour que cette chronique soit aussi magnétique que tragique, il faudra bien que l’on s’attache aux personnages !
Mission accomplie ?
Globalement, oui Jean-Pierre !
Si on n’est pas irrémédiablement lié à ces footballeuses après la première heure, on est en tout cas suffisamment immergé dans leur vie (ce qu’elle était et ce qu’elle est devenue) pour avoir la curiosité de continuer.

A ce propos, je ne peux que remarquer la justesse du casting de la version ‘jeune’ des personnages ! Chacune des actrices brille de subtilité et cela contribue grandement à l’envie de poursuivre cette série qui fait tout de même figure d’épouvantail dans le paysage formaté des productions récentes.
Et tant que j’y suis, puisque j’ai ouvert cette critique par un ‘qu’est-elle devenue ?’, je vais également la refermer comme cela…
Car le show est aussi l’occasion de retrouver Christina Ricci qui semble promise à un rôle captivant dans une histoire qui promet de l’être tout autant !



En vous remerciant, bonsoir !