lluBiE 0005 : Salsa du démon

 

Salutations,

Hank Moody est l’homme le plus pitoyable jamais montré à la télévision !

Un homme qui, malgré l’amour évident qu’il porte à son « âme sœur » (Karen) et sa fille (Becca) ; malgré son envie, maintes fois énoncée de (re)former une « vraie » famille, est tout simplement incapable d’avoir une ligne de conduite qui lui permettrait d’avoir une infime chance de rencontrer ses aspirations (qui, au final, se résume à cela : avoir une vie « tranquille »).

Alors pourquoi ce diable de Moody est-il (aussi) l’un de mes héros ?

La principale raison, la plus simple, est qu’il dit toujours ce qu’il pense…peu importe les conséquences (ce qui n’est pas sans me rappeler un autre de mes héros : j’ai nommé Jerry Seinfeld).

Non seulement il dit ce qu’il pense mais, en plus, il a le bon goût d’avoir des reparties cinglantes et acérées, souvent inappropriées et manquant de tact, indécentes et jouïssives…Bref, ma dulcinée vous confirmera que, pour un sale gosse (hérétique, de surcroit) comme moi, ce type n’est pas loin de parler comme dieu en personne…

Néanmoins, je ne passe pas mon temps à envier être « Hank Moody » (même s’il est écrivain) car de cette attitude découlent, peut-être, le succès qu’il a auprès des dames mais, aussi et surtout, un nombre incalculable de problèmes…

Cela fait maintenant trois ans que nous connaissons Hank (la quatrième saison commence à peine…mais je vous en reparlerai plus tard) et je suis dans l’obligation de poser ce constat (qui motive mon introduction) : la série est dangereusement sur le point de tourner en rond…

Reprenons depuis le début, voulez-vous ?

Hank Moody était un écrivain, en mal d’inspiration, se débâtant avec le départ de son amour de toujours, la mère de sa fille, noyant son désarroi dans une série de rencontres sexuelles et autres beuveries. Très tôt dans la série, une de ces rencontres le met sur le chemin de « Mia »…La demoiselle le séduit sans trop de difficultés et finit dans son lit (lui collant, pendant l’acte, un pain magistral qui aura une importance insoupçonnable).

Le problème ? Mia a omis de dire à ce pauvre bougre que, non seulement, elle était la fille du futur mari de son ex mais, qu’en plus, elle n’avait que 16 printemps…paaas bien !

Pour faire court, Hank retrouve l’inspiration dans ce vaudeville mais la cupide Mia lui vole son livre en se livrant à un odieux chantage (elle a décidément tous les vices) : Si jamais il expose son mensonge, elle révèlera leur petit secret.

La saison s’achève avec l’image de notre héros ayant reconquis le cœur de sa belle…fin…On (les scénaristes) a mis un joli nœud rouge et tout était fini…Et, bien que cela manquait d’originalité, cette fin fonctionnait.

Seulement voilà, les « têtes pensantes » derrière « Californication » en ont décidé autrement et je dois dire que c’était une décision qui, d’un point de vue scénaristique, était très courageuse : de toucher à une aussi belle photo finale tout en sachant qu’avec un tel personnage aucun cocktail à l’eau de rose ne serait possible !

Voilà, donc, deux saisons que ce choix a été posé et dire qu’il a payé ne va pas de soi :

Oui, Hank a continué à être lui-même tout en gardant une chance plus ou moins cohérente au bonheur auquel il aspire, et ce, malgré les innombrables catastrophes qu’il s’attire

…mais…

Puisqu’on parle des innombrables catastrophes qu’il semble attirer autant qu’un tas de fumier attire les vaches, il faut bien avouer que cette accumulation de situations improbables commence à être redondante, presque ennuyeusement prévisible.

Moody tourne en rond : comme il n’est jamais vraiment loin de son but, il y travaille de plus en plus fort…sans jamais pouvoir l’atteindre car il n’est jamais, non plus, très loin de dire ou faire une connerie qui l’éloignera un peu plus de son objectif…Et donc, pour reformuler correctement ma première phrase, Hank Moody est la marionnette de scénaristes n’arrivant pas (ou ne voulant pas) à se décider entre deux directions.

A savoir : Soit il fait tout ce qu’il peut pour accéder à son nirvana, soit il assume sa glissade sur la pente de la « débauche » (et j’utilise de très gros guillemets).

Au lieu de cela, nous avons un homme tiraillé entre les deux, faisant l’équilibriste entre deux vies aussi incompatibles que les pratiques scatophiles chez un prêtre. Même si, honnêtement, cela a fonctionné de manière bancale, certes, toujours à un cheveu de totalement s’écrouler sous le poids de la répétition, c’est vrai, mais cela a fonctionné…Je pose, humblement, la question : Combien de temps encore ?

Ce qui sauve la série : sa principale qualité, est qu’elle ne « fuit  pas », elle n’enterre pas les (« mauvaises ») actions de Hank dans un trou et, tôt ou tard, notre virtuose de la machine à écrire est confronté aux conséquences de sa façon de vivre.

Loin de constituer un accès débordant de puritanisme nauséabond (tu as péché àtu dois payer), le fait que Hank Moody, tout comme Mr-tout-le-monde, doive rendre des comptes, à un moment ou un autre, est une bouffée d’oxygène pour le « show ». Cela donne au personnage un bagage émotionnel plus ancré dans la réalité, c’est autrement plus crédible que si ce véritable aimant à femmes « en chaleur », bagarreur (qui gagne presque toujours) grande gueule et écrivain respecté (malgré sa carrière déclinante) ne souffrait jamais d’un comportement aussi « borderline ».

Et donc, à la fin de la troisième saison, Moody se voit obligé d’avouer à Karen qu’il a couché avec une gamine de 16 ans. Cette fois-ci, j’ose espérer (que ce soit en bien ou en mal) que plus rien ne sera pareil pour lui…

En vous remerciant, bonsoir !

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