lluBiE 0004 : On ira (pas) tous au paradis…

 

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Salutations,

C’est donc officiel, Jack et Meg white ont décidé d’entériner la mort Clinique des “White Stripes” (c’était déjà en 2007) : Entre leur unique apparition « live » et leurs vagues insinuations de « remise au travail », la « fratrie » n’avait, de toute façon, pas laissé beaucoup d’espoir à leurs fans…

La question mérite d’être posée : Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

La douce-amère réponse est : c’est une bonne nouvelle…

Je vais même aller plus loin : idéalement, ils auraient déjà dû « splitter » après avoir sorti « Get Behind Me Satan » (2005) qui représente, selon moi, le pinacle de ce que les « White Stripes » avaient à nous offrir artistiquement (ne vous méprenez pas, j’ai adoré « Icky Thumb » (2007) mais, pour rester gentil, cet album avait déjà des allures de « best of » : voici ce qu’on fait de mieux)

Je m’explique : La fascination de Jacko pour le chiffre 3 est (quasiment) légendaire et, pour ceux qui l’ignorent, il s’est, par extension, toujours imposé de ne jamais le dépasser en matière du nombre « d’instruments » (donc : batterie, guitare, chant). Ce précepte est arrivé à ébullition avec « White Blood Cell » (2001) qui constitue (pour sa part) le sommet que cette restriction pouvait restituer en matière de son « White-Stripien » (c'est-à-dire une sorte d’enfant bâtard entre le « Punk » et le « Blues ») qui, de manière argumentable, a été réchauffé pour « Elephant » (2003)…Non, ne me lynchez pas, je sais que je vais (un peu) loin en écrivant cela mais ce qui est dit est dit : « Elephant » a beau avoir accouché de « Seven Nation Army » (entre autres bombes), il reste tout de même un cran en dessous de son prédécesseur car, au final, il ne fait que remettre, un peu inutilement, les plats en présentant une recette arrivée à maturation après seulement deux essais (« The White Stripes » en 2000 et « De Stijl » en 2000).

Dans mon fort intérieur, je suis convaincu que Jack a dû se sentir libéré quand il a eu l’idée d’utiliser le marimba, piano et autre mandoline…Non seulement il a réussi à maintenir son concept (jamais plus de 3 instruments ne sont utilisés) mais, en plus, il est arrivé à livrer un album qui, tout en étoffant sa gamme de sonorité, gardait la spontanéité qui caractérise le groupe (réaffirmant, par la même occasion, en utilisant, par exemple, un marimba pour faire « pogoter » les masses que le « Rock » c’était, aussi, un état d’esprit et pas bêtement faire « cracher » sa guitare). Cette sensation d’urgence, cette immédiateté était, par-dessus tout, ce qui mettait la « fratrie » à part…Bien sûr rien n’était parfait chez eux mais au moins tout était « vrai »…

Ce qui m’amène à me poser la deuxième question (qui mérite d’être posée) : A la lumière de ce qui avait été proposé avec « Icky Thumb » (qui, je le répète, était bon mais un tantinet éculé), est-ce que les « WS » avaient encore quelque chose de « vrai » à nous offrir ?

Un début de réponse nous avait été offert par « the man » lui-même en Avril 2010 dans une interview où il déclarait qu’il serait : « étrange de retourner vers les ‘stripes’…Je devrais sans doute repartir sur une autre base… »

En traduisant, soit ils prenaient une autre direction, soit ils sortaient un disque insipide…Le problème étant que les « WS » ont toujours eu un son unique et une identité bien marquée (et ce dès le début avec un « The White Stripes » (l’album) sorti de nulle part, d’une honnêteté presque brutale et d’une puissance, pour moi, jamais égalée par la suite) et leur enlever cela revenait à leur enlever leur âme…Il a fallu 9 mois à Jack et Meg pour arriver à la même conclusion, déclarant sur leur site qu’il voulait : « Préserver ce qu’il y avait de beau et de spécial dans le groupe », ils se séparent donc…

La volonté de ne pas souiller ce qui avait fait de ce groupe plus qu’un « groupe de plus » et de rester à jamais « THE White Stripes » a été la plus forte… »Mieux vaut s’embraser, que brûler à petit feu » (comme disait l’autre)

Même si je n’ai aucun doute sur le fait que des « inédits » vont commencer à sortir sous peu, ce constat est donc courageusement appliqué par le couple (maintenant que c’est fini, ne jouons plus avec les faux-semblants) de Detroit mais laisse un gouffre énorme dans le paysage du « Rock ».

Loin de moi l’idée de me lancer dans un énième « Rock is Dead » mais je trouve tout de même l’interrogation pertinente : Qui est capable aujourd’hui de sortir un album de la qualité, de la brutalité, de la folie et de la candeur qui caractérisaient ceux des « WS » ? (ma question ne s’applique, évidemment, qu’à la scène « mainstream »)

…Je ne peux que constater que la réponse n’est pas si évidente que cela et au risque de passer pour un sentimental ou d’être mélodramatique, je pense sincèrement que nous (les amateurs de musique) sommes maintenant orphelins d’un « son » et d’une attitude que l’on ne retrouvera pas de sitôt (la recherche constante de la sincérité, même au détriment de la perfection).

C’est peut-être niai de ma part mais, à cette époque où les modes défilent à la vitesse du wifi, nous forçant sans cesse à avaler quelque chose de nouveau alors que l’on n’a pas fini de mâcher l’ancien… Il est quelques fois bon de stopper « la machine » de Mr Hollywood pour consacrer, adouber ce que l’on trouve important ; pour penser à ce que nous voulons passer aux générations futures et, pour ma part, les « WS » en font partie.

Dans leur message, Jack et Meg nous assurent que le groupe et leur musique nous appartiennent maintenant et je crois que ce qu’il faut faire en premier, c’est la transmettre. S’arrêter un temps suffisant avant de, déjà, passer à autre chose pour s’assurer qu’elle reste pour toujours à sa place : Au panthéon du Rock…

En vous remerciant, bonsoir !

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