criTiQue 0017 : Même pas peur !

 

The Walking Dead 3

Salutations,

Est-il seulement possible de raconter une histoire ayant attrait aux "Zombies" sans tomber dans certains clichés ?
Je me posais la question avant de regarder "The walking dead" et, à vrai dire, je me la pose toujours...
C'est, sans doute, inérhent à la nature même des créatures en question, mais les enjeux sont (presque) toujours les mêmes :
Ne pas se faire mordre, réussir à garder son humanité quand on se retrouve obligé de défoncer le crâne de parfaits inconnus (ben oui, c'est encore et toujours le seul moyen de les re-tuer) et, bien sûr, le déchirement de devoir faire un choix quand un proche est sur le point de passer dans "l'autre camp" (car,oui, un de vos proches se fait toujours mordre).

Voilà qui est dit: "The walking dead" n'est, de ce point de vue-là, pas différent (ni mieux, ni moins bien) que n'importe quel autre média sur nos amis "nés-morts-renés".
Pourquoi vous en parler alors ?
Parce que la série (tirée d'un "comic book" du même nom) n'a pas la prétention ou la vocation de faire peur. Ce qui nous est proposé, c'est l'histoire d'une famille, d'un couple en déliquescence qui est séparé par des circonstances "extraordinaires" (l'arrivée des "zombies").
Le héros de l'histoire, Rick Grimes, est bléssé par balle et tombe dans le coma avant l'immigration (apparement massive) dans sa ville de nos sympathiques cannibales d'outre-tombe. A son reveil, il se retrouve seul, dans un environement qu'il reconnaît comme le sien mais qui est pourtant beaucoup plus mal fréquenté qu'avant...qu'importe, il n'a qu'une et une seule idée en tête : retrouver sa famille.

C'est cette quête qui remplit les premiers épisodes, ici, point d'enquête sur les causes de cette parade mortuaire qui a commencé pendant qu'il était dans les vapes, pas d'investigation sur un éventuel "vaccin" ou toutes autres solutions possibles à ses nouveaux problèmes de voisinage...Juste la recherche des êtres chers. La survie et ce qu'elle implique n'est qu'un "à coté", elle reste au second plan et c'est très bien comme cela !
Car le gros avantage de cette focalisation est de laisser la peur trouver son propre chemin : Comme la volonté d'effrayer n'est pas le moteur de l'intrigue, les ficelles deviennent presque invisibles,  laissant une chance au spectateur de s'immerger dans une histoire qui, du coup, paraît réaliste (ou, du moins, plus réaliste), une histoire où l'on en arrive parfois à oublier le danger posé par ces ersatzs de vivants... mais cette menace se rappelle à notre bon souvenir de temps à autre et c'est alors une peur écoeurante et brutale (car inattendue) qui vous prend aux tripes.Mais ce choix narratif a aussi un gros inconvénient : cette première saison ne s'étale que sur six épisodes et pour arriver à boucler

l'intrigue d'une manière judicieuse (et plaisante) tout en jetant un pont vers la deuxième saison (qui, c'est officiel, suivra) il fallait donner au récit un rythme nerveux et précis sans oublier de ménager la place nécessaire au developpement des personnages. Malheureureusement, la reussite n'est pas complètement au rendez-vous : L'évolution des protagonistes et la résolution de leurs conflits (internes ou externes) n'est pas aussi fluide (pour ne pas dire dire parfois laissée de côté) qu'elle aurait pu l'être avec un delai supplémentaire .

Pour autant, ces tentatives de donner de la profondeur aux personnages sont parfaitement visibles et, au vu du temps disponible, tout à fait honorables. Ce petit bémol n'a, en rien (ou à peine), diminué mon impression initiale sur la qualité de la série : L'ensemble reste de (très) bonne facture...parole de "dort-vivant"*


En vous remerciant, bonsoir !

 

 


(*sorte de cousin éloigné des "morts-vivants")

4 commentaires:

Imiath a dit…

Si ça peut t'intéresser, j'ai une bonne partie des Comics ;-)
Pour la comparaison purement scientifique bien sûr... J'ai pas encore regardé la série, je veux finir les Comics avant ou du moins bien avancer, mais je suis quasiment sûr que comme d'habitude, le meilleur est sur papier! ^^

Valentin C

lludovic a dit…

Ouais ! ce serait sympa de les lire...mais je crois que moi c'est le contraire :) je vais essayer de voir jusqu'où la saison 2 va me mener et puis je te rappellerai ton offre ;)
merci en tous cas !

nask a dit…

La figure du Zombie occupe une place bien particulière dans la culture horrifique : née du cinéma, elle nous amène presque inévitablement à nous interroger sur notre propre (absence d')humanité.

Sa lenteur est une critique de notre style de vie effréné (plus on va vite, et plus on pense lentement?), son grégarisme une preuve de notre tendance à nous singer les uns les autres, dans nos réflexes consuméristes.

Le zombie nous regarde de ses yeux vitreux, et il nous juge. Serons-nous à la hauteur de ses attentes ?


Superbe scène du premier épisode : quand le héros part à la recherche de la première morte-vivante qu’il a rencontré, un simple tronc humain, épuisé, incapable de crier sa souffrance, dont le cerveau éteint n’a plus qu’un but : survivre quelques instants supplémentaires.
Le héros la retrouve, perdue dans les bois (magnifique lumière, instant magique), pointe son fusil, s’excuse auprès de l’éternelle agonisante d’en arriver là… et la soulage définitivement de sa douleur.
Il ne l’avait pas fait la première fois qu’il l’a croisée.
Qu’est-ce qui le pousse à revenir ? Risquer sa vie pour une non-morte : voilà ce qui fait de lui un être humain.

Cette scène est peut-être encore plus forte que celle inaugurale : une enfant zombie tuée d’une balle dans la tête. Image choc mais peut-être un peu trop chargée de signification.

The Walking Dead signe aussi le retour d'une figure disparue à la télé depuis les années 90, emportée par le 11 Septembre : celle du monstre involontaire. X Files en avait fait sa marque de fabrique : aucune des créatures qui peuplaient ses épisodes ne tuait par méchanceté et encore moins par plaisir, seulement par nécessité voire par désespoir. 24 Heures avait évidemment balayé tout ça.
Voici (re)venir les méchants malgré eux, ceux qu’on comprend, qu’on plaint, qu’on arriverait presque… à aimer.

En cela TWD est une série morale voire… politique.

lludovic a dit…

La dimension socio-politique ne m'avait pas échappée...Mais bien qu'étant fort marquée dans le premier épisode, elle est plus diffuse par la suite, devenant un peu le parent pauvre du "Comic".

Cela valait peut être la peine de mentionner que la volonté y était, néanmoins, si au final j'ai choisi de ne pas la consigner, c'est parce que ce niveau de lecture est, malheureusement, rendu un peu anecdotique par son manque d'uniformité...

Cela n'enlève rien à la qualité de la tentative et, comme pour le développement des personnages, cela me paraît plutôt être une conséquence du nombre restreint d'épisodes...Dommage...
Reste à espérer que la deuxième saison saura exploiter l'espace supplémentaire...(A ce titre, le remplacement des occupants de la "salle d'écriture" n'est pas encourageante...)