criTiQue 0044 : la roue tourne







Salutations,


On peut dire ce qu’on veut sur ‘Game of Thrones’, mais on ne pourra jamais lui retirer le mérite d’avoir popularisé « l’heroic fantasy »  à la télévision !
De fait, à tort ou à raison (mais surtout à tort), c’est devenu difficile aujourd’hui de parler d’une nouvelle série se revendiquant du genre sans mesurer si elle a l’étoffe d’en être la digne succession.
Enfin ça, c’est pour la plupart…
Dans mon salon, dans ce cas précis ; on a plutôt tendance à se servir de Tolkien comme mesure de grandeur…Chacun son étalon...
De ce point de vue « The Wheel of Time » se prête particulièrement bien au jeu tant on part sur des bases similaires :
-Le(s) protagonistes(s) à la vie sans histoire qui se révèlent avoir potentiellement un destin de sauveur.
-Un personnage au pouvoir magique qui vient les sortir de cette vie.
-Une force maléfique sur le point de se réveiller.
-Un monde vaste qui a une mythologie propre.
 
Cette formule éprouvée a maintes fois étalé son efficacité sur un nombre incalculable de pages. Néanmoins, elle a rarement trouvé des lettres de noblesse à la télévision !
En effet, à part ‘Game of Thrones’, donc, et sans oublier ‘Kaamelott’, aucune série n’a pu s’inscrire avec qualité dans la durée. 
Les raisons sont à la fois évidentes et subtiles : ce genre d’histoires, souvent tentaculaires dans leur déroulement tout en nécessitant une constante exposition d’informations, se prêtent beaucoup mieux à la littérature ; et pour reprendre les deux exemples cités, ce n’est qu’en s’appuyant sur des concepts télévisuels forts (la violence/sexualité graphique pour l’un et l’humour décalé pour l’autre) qu’ils ont réussis à s’imposer comme référence du genre.
La difficulté de la tâche est incontestable : transcrire toute la richesse et la complexité d’un monde totalement fictif dans le nombre prédéterminé de cases que constituent les épisodes… 
J’en touchais d’ailleurs un mot lors de ma critique sur ‘Foundation’ : la balance entre introduction (personnages, histoire, enjeux), les fonctions narratives (action, romances, tragédies) et les moyens pour y arriver (réalisation, production, bande son) doit être la meilleure possible ; et dans les premiers épisodes, elle doit idéalement tendre vers la perfection !
 
Alors est-ce que cette ‘roue du temps’ tourne comme il faut ?
Tout à fait Jean-Pierre !
Et après les trois épisodes mis à disposition sur ‘Amazon Prime’, elle ne semble pas prête à s’arrêter…
La clé de cette révolution efficiente ?
Le momentum pardi !
(Vous pouvez respirer, j’ai épuisé ma réserve de jeux de mots foireux !)
Mais mauvaise blague à part, le momentum est effectivement le facteur déterminant pour expliquer la qualité de ce début de saison : après une mise en place indispensable, la tension ne retombe plus ! On ressent en permanence l’urgence de la véritable course poursuite qui a été engagée avec ce groupe de héros potentiels pris en chasse par un ennemi dont on n’a pas trainé à exhiber la laideur et la létalité.
En parlant de ce groupe, quelques mots sur les acteurs qui sont peut-être le seul bémol de cette adaptation :
Rien de vraiment catastrophique (à part peut-être dans le chef de Josha Stradowski, qui pousse sa ressemblance avec Hayden Christensen jusqu’au plagiat de son cabotinage) mais on n’atteint pas des niveaux de subtilité digne des moyens déployés en terme de production… Pour le moment, Rosamund Pike, qui en impose par sa seule présence et Abdul Salis, qui fait un peu beaucoup froid dans le dos dans un rôle d’inquisiteur malaisant ; sont les seuls qui arrivent à offrir un travail intéressant sur leur personnage.
Mais ne laissez pas cette peccadille vous refroidir car, comme suggéré plus haut, ‘The Wheel of Time’ est arrivé à trouver une balance très juste entre ce qui fait une bonne saga littéraire et un bon show télévisé : entre exposition et tension, entre mystère et émerveillement ; les épisodes présentent une densité assez impressionnante.
Bien sûr, pas de secret : pour toutes ses qualités, la série a tout de même besoin que vous ne soyez pas hermétique au genre! Néanmoins, à mon sens, c’est le seul prérequis pour apprécier une histoire pour laquelle l’enchainement immédiat de tous les épisodes disponibles était une évidence qui n’a pas nécessité la moindre réflexion chez moi !
C’est tout simplement (avec ‘Heels’ et 'Brand new cherry flavor') un de mes coups de cœur de cette automne 2021 !


En vous remerciant, bonsoir !

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