Salutation,
Si on m’avait dit
que je regarderais un jour une série sur des catcheurs, j’aurais certainement répondu
avec mon (injustement) impopulaire sarcasme.
Une preuve ?
Même la présence d’Alison Brie dans « Glow » n’a pas réussi à me
convaincre de jeter un œil sur une série traitant de catch féminin…C’est
dire !
Et si je précise
que je ne suis spécialement fan du monofacial Stephen Amell (qui tient le rôle-titre),
il devient carrément étrange que je me sois pourtant décidé à donner de mon
précieux temps pour « Heels ».
Mais bon, si on
peut m’attribuer beaucoup de défauts, la curiosité télévisuelle n’en fait
certainement pas partie, et à force de lire des bonnes choses sur cette
nouvelle série, n’écoutant que mon courage, j’ai appuyé sur « play ».
De quoi
parle-t-on ?
Bah de
catch ! (duh…)
Mais pas vraiment
en fait.
Comme toutes les
séries aspirant à un tant soit peu de profondeur, le sujet principal n’est que
la toile de fond sur laquelle se matérialise tout ce qui fait d’un tableau un
chef-d’œuvre ou une croûte.
Ce dont on parle
réellement, c’est de deux frères, de leur fragilité de mâle ; de leur
envie de s’élever au-dessus de leur condition.
On y parle d’une
petite ville, où tout le monde connait tout le monde, une bourgade de péquenots perdue quelque part en Géorgie qui semble figée dans tout ce qu’elle a de plus
suranné.
Ce qu’on nous
propose, c’est une mise en abyme, un faux-semblant où les personnages de ring,
censés être des rôles, nous en disent parfois plus sur ceux qui les incarnent
que la personne elle-même.
Jack (Stephen
Amell), l’ainé, semble porter le monde sur ses épaules. Contenant tant bien que
mal un tourment perpétuel qui le ronge autant qu’il l’anime : rendre sa
splendeur d’antan à la ligue de catch que lui a laissé son père.
Quant à lui, le
cadet Ace ne semble vivre que la gloire. Gamin attardé semblant condamné à être
en rébellion contre un frère qu’il admire autant qu’il exècre.
Un mot rapide sur
la présence au casting de Chris Bauer qui, alors que je le croyais condamné à
jouer éternellement une variation de son rôle de gardien de prison dans « Prison
Break », continue de me prouver ici (après l’avoir trouvé excellent dans la
non moins excellente « For all mankind ») qu’il peut absolument tout
jouer !
Mais revenons à
nos coqs en slip de bain : si j’utilise « semble » (ou une
variation) tous les deux mots en parlant d’eux, ce n’est ni un hasard, ni un
manque d’inspiration.
Tout n’est
qu’apparence dans ce monde. Comment les entretenir, comment les utiliser dans
un seul but : amener du monde autour de l’arène.
Ce sacerdoce est particulièrement
prégnant pour Jack dont on n’arrive pas à déterminer s’il souffre ou s’il se
délecte de l’image de méchant (ou « heels » dans le jargon du
catch) qu’il s’efforce de véhiculer.
Mais là où la
série m’a conquis, c’est sur sa volonté de ne pas tomber dans la facilité. Alors
que la fin de cet épisode me paraissait cousue de fil blanc, le show révèle qu’il
n’a pas peur d’explorer la dualité de ses personnages : les bons gars
peuvent être des salauds pour qui la fin justifie les moyens et les salauds
sont aussi des victimes qu’on cantonne à ce qu’ils ne veulent pas être.
L’épisode se
termine alors sur ce constat froid, implacable ; offrant un précepte
parfait à la série :
«Don’t
matter, it ain’t real… »
En vous remerciant, bonsoir !
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